Longue histoire que celle du Festival du Nouveau Cinéma (FNC)! Fondé en 1971, le festival s’est imposé, dès sa première édition, comme grand promoteur du cinéma expérimental. Du cinéma en 16 mm à la réalité virtuelle, en passant par la vidéo, c’est à sa 48e édition que le FNC s’attaque cette année, perpétuant encore et toujours sa mission de diffusion du meilleur du cinéma de demain à travers les nouvelles technologies disponibles. Pas moins de 318 oeuvres sont présentées cette année. Voici un aperçu de la riche programmation qui vous attend du 9 au 20 octobre 2019.
C’est sous le signe du cinéma national que les projections du FNC seront lancées et closes. Le 9 octobre, voyez Guest of Honour, le tout nouveau film d’Atom Egoyan (Devil’s Knot, Remember). Thriller psychologique qui dépeint le portrait d’un père et de sa fille qui tentent de démêler leurs histoires complexes et leurs secrets entrelacés, Guest Honour creuse les thèmes de prédilection du réalisateur et met en vedette David Thewlis, Luke Wilson (Arizona) et Rossif Sutherland (Trench 11, River).
Le festival se terminera le 20 octobre avec Chaakapesh, de Roger Frappier et Justin Kingsley, un récit documentaire dans lequel on suit Kent Nagano qui part à la rencontre des communautés cries, innues et inuites afin de partager avec eux un opéra de chambre autochtone.
Par ailleurs, lors de la soirée d’ouverture, une Louve d’honneur sera remise à André Forcier pour l’ensemble de sa carrière. Après Jean-Marc E. Roy avec le film Des histoires inventées sorti en salles au début de l’année, c’est le FNC qui rend maintenant hommage au cinéaste québécois. Quelques projections le mettront d’ailleurs à l’honneur durant le festival. Le 16 octobre, on y présentera en première mondiale son plus récent film, Les fleurs oubliées, dont le récit fantaisiste est encore une fois teinté par le réalisme magique dans lequel il s’inscrit. Le long métrage relate la rencontre improbable entre un apiculteur (Roy Dupuis) et le frère Marie-Victorin (Yves Jacques) descendu du ciel.
Une soirée spéciale inspirée par l’univers du film suivra la projection, lors de laquelle les festivaliers pourront notamment déguster un hydromel local, celui du Domaine Desrochers, ainsi que des cocktails d’exception, réalisés par Alambika avec le gin Marie-Victorin de la distillerie Les Subversifs. La programmation autour d’André Forcier sera complétée par la projection d’une version restaurée de deux de ses classiques, L’eau chaude, l’eau frette, gratuitement le 17 octobre, et Le vent du Wyoming, le 19 octobre.
Du côté des étoiles montantes du cinéma québécois, le public pourra aussi découvrir Antigone, le tout nouveau film de Sophie Deraspe (Le profil Amina, Les loups), qui a été présenté en première mondiale au Festival international de Films de Toronto (TIFF) et qui y a remporté le titre de meilleur long métrage canadien. Le film, qui met en vedette Nahéma Ricci dans le rôle d’Antigone et qui adapte ainsi avec une saveur contemporaine la tragédie de Sophocle, représentera d’ailleurs le Canada dans la course aux Oscars.
Un autre film québécois ayant remporté des honneurs au TIFF est le court métrage Physique de la tristesse du réalisateur d’origine bulgare Theodore Ushev. Produit par l’ONF, le court métrage d’animation s’inscrit dans une importante sélection de courts métrages québécois qui seront présentés dans le cadre du FNC. Pour n’en nommer que quelques-uns, vous pourrez voir Delphine, le nouveau court métrage de Chloé Robichaud (Sarah préfère la course, Chef de meute) et S.D.R. le plus récent d’Alexa-Jeanne Dubé, que nous connaissons en tant qu’actrice depuis quelques années (Cuba merci, gracias, Origami), mais qui nous a récemment épatés par son travail de réalisatrice (Scopique).
Après de nombreux films à succès (Tout sur ma mère, Les amants passagers), Pedro Almodovar nous revient avec Douleur et gloire, un drame psychologique où il utilise Antonio Banderas pour se mettre en scène dans un récit aux allures d’autoportrait. Le thème de la douleur ou de l’incapacité physique, qu’il avait d’ailleurs exploité dans Parle avec elle, est ici mis de l’avant par la figure même du cinéaste, qu’Antonio Banderas interprète avec brio. L’acteur a d’ailleur été récompensé du Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes.
La réalisatrice Agnès Varda, décédée un peu plus tôt cette année, nous livre également un touchant dernier film, Varda par Agnès, un autoportrait qui n’est cette fois pas déguisé. Présenté en première québécoise, ce film vous permettra de vous replonger dans sa filmographie et les différentes inspirations de la cinéaste. D’ailleurs, une projection spéciale de L’une chante, l’autre pas le 19 octobre, sera également l’occasion de revisiter l’oeuvre de Varda lors d’une discussion animée par Rosanna Maule (enseignante en études cinématographiques à Concordia) et Guylaine Dionne (réalisatrice et professeure).
On peut finalement se demander à quel point le réalisateur Nadav Lapid a plongé dans son histoire personnelle pour créer Synonymes, son dernier long métrage qui a remporté l’Ours d’Or de la Berlinale. En effet, dans ce film, Yoav, un jeune Israélien, à l’instar de Lapid, atterrit à Paris avec l’espoir que la langue française le sauvera de la folie de son pays.
Hormis ces films à tendance autoréflexive, plusieurs autres grands réalisateurs nous présentent leur plus récente création lors du FNC. À ne pas manquer: le dernier film de Ken Loach (Jimmy’s Hall): Sorry We Missed You, qui était en sélection officielle au Festival de Cannes; et Le Daim, une comédie absurde de Quentin Dupieux (Réalité) où Jean Dujardin incarne un homme obnubilé par son nouveau blouson 100% daim!
Parlant de création… Le FNC ne présente pas que des films au sens le plus strict du terme. Le mot « nouveau » dans Festival du Nouveau Cinéma sert à affirmer le festival comme un organisme qui privilégie la diffusion des technologies nouvelles. Du coup, le festival présente encore cette année des œuvres de réalité virtuelle, de réalité augmentée ainsi que des installations immersives dans le cadre de la section FNC Explore.
C’est dans ce contexte que Caroline Monnet, qui a participé (tout comme Sophie Deraspe d’ailleurs) à la réalisation du film expérimental Les sept dernières paroles, présente sa projection architecturale Mooniyang aux Montréalais en première mondiale. Projetée sur la façade du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM, l’oeuvre monumentale sera inaugurée lors de la soirée d’ouverture.
Plusieurs œuvres immersives et films en réalité virtuelle seront également au programme.
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Pour la programmation complète du FNC, c’est ici: https://nouveaucinema.ca/fr/films.
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