Deux hommes veillent une femme couchée sur un lit d'hôpital.

Parle avec elle – Dans l’attente de…

Parle avec elle - afficheLe 15e long métrage de Pedro Almodovar, Parle avec elle (Hable con ella, 2002), est un véritable petit bijou. Avec ce film, le réalisateur atteint le haut niveau cinématographique dont nous sommes habitués de sa part. C’est l’histoire de Benigno (Javier Cámara), infirmier, qui consacre sa vie à prendre soin d’Alicia qui est dans le coma depuis maintenant quatre ans. Cette femme dont il est secrètement amoureux est devenue, par la force des choses, sa confidente. En parallèle, on suit les aventures de Marco et Lydia. La jeune femme est torero. Elle se fera empaler par un taureau et se retrouvera dans le coma, dans le même hôpital qu’Alicia. C’est par ce hasard que Marco (Darío Grandinetti) et Benigno, qui s’étaient croisés au début du film pendant un ballet, seront réunis à nouveau et se lieront d’amitié. Almodovar semble aimer entretenir ce type de hasard…

Tout d’abord, il est intéressant de signaler le cadrage de l’image tout à fait particulier. Le réalisateur encadre ses scènes d’une large bordure noire. L’image n’est cependant pas toujours de la même dimension, s’adaptant aux scènes qu’elle présente. C’est à la limite dérangeant…

Parle avec elle présente brièvement le métier de torero, habituellement réservé aux hommes. Lydia va ainsi à contre-courant. Assez tôt dans le film, on assiste à une scène où le taureau, lourdement blessé, suit la danse que Lydia lui commande avec sa cape rouge. Le thème de la danse est d’ailleurs très important. Sous la forme d’un ballet ou d’une danse à mort avec un taureau, les personnages féminins s’y livrent totalement. Et les hommes sont fous de ces femmes pleines de grâce. Alicia était danseuse avant son accident. C’est à l’école de danse face à l’appartement de Benigno que celui-ci l’aperçoit pour la première fois.

L’émotion passe par l’art. Marco pleure lorsqu’il assiste à de belles prestations artistiques. Ces moments suscitent chez lui une grande tristesse puisqu’il ne peut les partager avec la femme qu’il aime, de qui il est séparé depuis déjà un moment. Comme quoi l’art fait revivre les amours passées qui ne sont pas encore cicatrisées. L’interprétation de la chanson Cucurrucucú Paloma, par Caetano Veloso, est l’une des belles scènes du film. L’émotion passe bien dans la voix du chanteur. La musique est magnifique et c’est à ce moment que la relation entre Marco et Lydia semble évoluer.

On touche aussi au monde du cinéma lorsque Benigno raconte ses soirées à Alicia. Il lui parle notamment d’un film muet qui peut être perçu comme un hommage à L’homme qui rétrécit (1957) de Jack Arnold. Après avoir bu une potion que sa femme élabore, une diète miracle, le personnage du film en abîme commence à rétrécir. Il devient si petit qu’il finira par entrer dans le vagin de sa femme et y rester caché. Plusieurs ont tenté de faire la psychanalyse de cette scène, ce que nous ne ferons pas ici… Mais nous pouvons dire que le film muet a toutes les caractéristiques esthétiques d’un film des années 1930.

Un clin d’œil amusant est aussi fait sur les rapports entre homme et femme. Benigno affirmera : « Le cerveau de la femme est un mystère. Encore plus dans cet état » (lorsqu’elle est dans le coma). Selon le jeune homme, si on leur parle, elles auront plus de chance de recouvrer la santé, et ce, malgré tous les pronostics des médecins.

Parle avec elle est un film plein de sensibilité où l’art occupe une place de choix. Pour le plaisir des yeux et des oreilles!

Note : 8,5/10

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