Les Amants passagers – Sans aucune limite

Avion sur fond colloréUn nouveau film de Pedro Almodóvar, c’est toujours comme un événement qu’on attend. Ça ne vient pas souvent et ça vaut toujours le déplacement. Cela s’applique, encore une fois, à son nouveau film Les Amants passagers (Los amantes pasajeros, 2013). Un airbus de la compagnie Península décolle pour Mexico. À bord, l’équipage apprend que l’avion ne pourra se rendre à destination, car un train d’atterrissage est bloqué. Rapidement, un somnifère est donné à la classe économique et l’équipage doit expliquer la situation aux gens de la première classe. Rapidement, les esprits s’échauffent et les passagers (ainsi que l’équipage) passent aux confidences.

Les Amants passagers est la comédie la plus hilarante que j’ai vue cette année. Almodóvar, qui nous a plutôt habitué à des films dramatiques, se fait plaisir avec ce dernier long métrage. Il pousse ses personnages dans la caricature et le résultat est simplement génial. Tous les personnages clichés y sont : la star de cinéma qui rend les femmes folles (littéralement, lorsque son ex se fait enfermée); l’homme mystérieux, grand basané, avec un air d’homme macho; la vierge qui veut absolument perdre sa virginité; l’ancienne vedette devenue paranoïaque; et, bien sûr, l’hôtesse de l’air gay (les hôtesses). Ces personnages sont tous plus amusants les uns que les autres.

Malgré le style de film différent de ce qu’il a l’habitude de faire, Almodóvar reste fidèle à ses thèmes fétiches, soit le hasard et le sexe. D’ailleurs, du sexe, on en parle à profusion et sans aucune censure. Tout y passe, surtout les relations homme/homme. Disons que ce film risque de choquer les oreilles sensibles. Sans aucune gêne on parle de fellation, de sexe anal et d’éjaculation, sans pour autant montrer un seul sein. Le thème de l’homosexualité est abordé avec une grande normalité. C’est peut-être même un peu gros. On en vient à se demander si tout le monde ne serait pas gay. Mais le tout est célébré avec humour. D’ailleurs, dans une des scènes qui restent le plus imprimées dans la tête, les trois hôtesses de l’air gay nous offrent une merveilleuse chorégraphie sur la pièce I’m so excited de The Pointer Sisters. Chanson dont je n’ai pas réussi à me débarrasser depuis. Fait amusant, tout comme dans le film où trois hommes « chantent » la chanson, le groupe original était composé de trois femmes.

Dans Les Amants passagers, le réalisateur offre des caméos à certaines figures importantes de son cinéma dont Penelope Cruz, Antonio Banderas et Paz Vega. Il aborde aussi la crise économique qui plonge l’Espagne dans ses années les plus sombres. C’est peut-être cette situation précaire qui justifie la décision d’Almodóvar de réaliser une comédie. Il est facile d’imaginer qu’avec les difficultés actuelles que vivent les Espagnols, une comédie était plus de circonstance.

Je dois dire que le résultat est particulièrement réussi. Le réalisateur espagnol parvient à faire rire et réfléchir avec ses hôtesses de l’air qui boivent plus d’alcool qu’ils n’en servent aux passagers, ses pilotes sans vertus et ses scènes débridées. D’ailleurs, le film m’a donné envie de goûter à un « agua de Valencia », boisson très appréciée par tous dans le film.

Courez voir Les Amants passagers! Un film plaisant, drôle et intelligent signé Almodóvar.

Note : 8.5/10

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