Top 5 2024 Samuël - Une

Top 5 cinéma 2024 — La faim justifie les moyens

Comment résumer cette année 2024 qui s’achève? En un mot; peur. Je crois que plus que jamais l’humanité est en train de se laisser emporter dans un tourbillon noir dont il sera difficile d’en ressortir indemne. La guerre commence à devenir un phénomène de plus en plus répandu; le prix des logements ne fait qu’augmenter alors que le nombre de disponibilités ne cesse de s’amoindrir au même titre que les emplois. On essaie de tendre la main, mais difficile de ne pas voir son prochain sous un mauvais jour quand notre superficialisme paranoïde s’empare de notre raison; dès qu’on obtient un tant soit peu, on croit que l’on veut tout nous prendre. Tout le monde a réussi à trouver une petite chambre tranquille où les échos rassurants des échanges entre amis confirment que ce sont les autres les débiles. On interprète ce que l’on veut de ce que l’on perçoit. On nous dit comment repérer les situations problématiques et aussi quoi faire et quand… Je ne savais pas que pour pouvoir exercer la loi ça prenait juste une passe d’autobus.

Après tout, jamais n’avons-nous pu assister à une aussi grande disparité dans les courants de pensée ainsi que les enjeux « importants » à aborder. Moi et mes amis ne sommes pas d’accord sur tout, mais nous essayons de nous comprendre. Vous savez, les avantages d’entretenir des relations profondes avec  d’autres êtres humains sont multiples et interagir reste l’un des meilleurs moyens pour nous améliorer dans… Ben, nos interactions.

Même le cinéma est en proie à cet encloisonnement de la pensée, qu’elle soit critique ou éthique. Les films d’horreur ont pris une place importante voir prédominante dans la majorité de nos consommations cinématographiques ou sérielles, mais pourquoi donc? Sans doute parce que c’est la seule chose dont le monde parle en ce moment; ses peurs et ses traumatismes. Les protagonistes réduites à des pleurnicheuses ou des méfiantes frustrées qui cachent de peine et de misère l’agenda derrière ces productions. Si on se fie à cette année, la plus grande source de peur c’est l’homme — le type assez beau là avec un trouble narcissique de peu importe — classique qui croit tout connaître et qu’aucun homme ne peut atteindre sauf le moment où elle ôte son casque en crachant « I am no man » pour lui enfoncer sa lame dans la gorge. Pourquoi toujours dans la gorge ou la face? Si je voulais passer un message clair me semble que je lui piquerais les noix avec ma dague, non? 

Des films comme Don’t move (Adam Schindler, Brian Netto) ou Heretic (Scott Beck, Bryan Woods) offrent une prémisse prometteuse alors que la seconde moitié sonne irrévocablement la fin de la montée de l’intensité pour commencer à piquer du nez et nous laisser sur une fin prévisible ou anti climactic. Il n’y a plus de vérité qui soit subjective, cependant  l’expression cinématographique demande à être subtile et subliminale. Ça empêche que les œuvres deviennent uniformes et sans saveur. Majoritairement, le concept initial est super intrigant et on se demande à quelle profondeur nous descendrons dans le terrier du lapin blanc. Malheureusement, on se rend vite compte que tout n’est que trucage et que les abysses sans fin ne sont rien d’autre qu’un baril et un savant jeu de miroirs.

Heretic
Heretic

J’admets que mon pessimisme n’est pas vraiment en accord avec l’atmosphère gaie du temps des fêtes, quoique j’ai déjà vu un plus « Wonderful Christmas Time ». Permettez-moi de me confier sur mes derniers 365 jours qui ne furent pas de tout repos. L’impossibilité à trouver un emploi rémunéré (que voulez-vous, ça nous prend des subventions, nous aussi) à moins d’être prêt à hypothéquer sa santé mentale à vouloir se faire servir des burgers jusqu’à exploser; partout à travers le Canada, on peut entendre « une grenade avec ça? ». Mon loyer toujours trop petit, parce que trois gars dans un 3 et demi et une remise c’est pas souhaitable; les prêts et bourses qui me disent que je dois de l’argent, et la banque et l’université, alouette que je me fais plumer; tout ça sans parler de la lenteur du système à fournir de l’aide autre que « arrange-toi comme un grand ». Un mot par contre, c’est pas la faute de la madame au comptoir si ton allocation est suspendue et tu crèves de faim, faut remettre à César ce qui revient à César; le système qu’on a, c’est pas le pire, mais il y a place à l’amélioration. Je suis allé chercher un panier de Noël et laissez-moi vous dire que si l’itinérance était sur la carte électorale de la mairie, elle a dû se perdre dans la malle, comme on dit.

Alors que j’offre un peu de ma subjectivité, je vous invite à faire de même. Osez critiquer et surtout questionner; le monde est grand, il n’y a jamais trop de têtes pour y penser. Tout le monde n’apprécie pas toujours la divergence des points de vue, mais ça ne vous a jamais arrêté jusqu’ici, n’est-ce pas? 

The Promised Land — Coeur de pierre; terreau fertile

J’ai vu The Promised Land quelques jours avant la Saint-Valentin et pas besoin de dire que j’ai laissé faire le projet d’avoir une valentine cette année. Si jamais ça vous dit de refaire le monde avec une pelle et une couple de barils remplis de patates; j’embarque. C’est sûr que ça sera pas facile au début, mais une fois parti, je suis sûr qu’on ne voudra plus revenir.

Joker : Folie à Deux – Dans les yeux de celui qui regarde

Qui n’est pas un fan inconditionnel du Joker? Et bien, moi. Tout particulièrement celui de Joaquin Phoenix. On peut bien rire de la balade du clown triste qui s’est poursuivi avec Joaquin Phoenix et la toujours aussi talentueuse Lady Gaga, mais le deuxième volet de la saga Joker réalisé par Todd Phillips est exactement ce que les fans demandaient. Depuis sa sortie dans les salles en 2019, j’avais le sentiment que le public était dans cette phase du deuil que l’on nomme déni. J’ai eu beau le réécouter et essayer de comprendre ce que j’avais bien pu manquer, car tout le monde semblait adorer ce film, ça me restait coincé dans la gorge. Depuis que tout le monde s’est mis à sacraliser Heath Ledger en héros international pour avoir utilisé le système Stanislavski (que vous connaissez sous son anglicisme method acting) pour approfondir son personnage, on dirait qu’on a oublié pourquoi on aimait ça. On peut bien rire du côté réaliste et sombre des films de l’univers DC, mais c’est tout de même à partir de Batman : Dark Knight qu’on a sauté dans le « edgy ». 

J’ai adoré The Killing Joke de Alan Moore et je suis d’accord que ça ne prend des fois pas plus qu’une mauvaise journée pour faire basculer une personne déjà au bord du précipice de l’autre côté. Une allégorie poignante sur les limites de la normalité; entre qui nous sommes et ce qu’on à l’air. Le bout le plus ridicule du premier Joker c’est quand on révèle que la fille qu’il avait embrassée dans l’ascenseur, il ne l’avait jamais embrassée pour vrai. De quoi tu parles!? Sûrement l’une des intrigues les plus décevantes depuis la fin de Clic avec Adam Sandler. Pas de subtilité, pas de nuances; le personnage échange les rôles de victimes et de bourreaux. Le carrousel d’ombre et de lumière ne tourne pas assez frénétiquement pour que le blanc et le noir se fondent en un gris tangible. C’est comme s’il n’y avait que deux façons d’exister, soit on est gentil, soit on est méchant. Joker : Folie à Deux réussit à être éloquent où le premier était malaisant.

Ne portons-nous pas tous ce masque ridicule lorsqu’il n’est pas sincère? Montrer les dents agressivement. Souriez! Ça va bien aller! Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Jamais deux sans trois! Si la vie était comme ça, on n’aurait pas besoin d’une carte VISA! Cependant, le Joker c’est aussi le rire et la farce là où Batman prend tout au sérieux. Dans le film de 2019, j’étais loin d’assister à la naissance d’un clown prince du crime.Joker : Folie à Deux c’est exactement de ça qu’on parle. Encore une fois, un très mauvais film de superhéros ou — dans ce cas-ci — de supervilains. Cela reste probablement la première grosse parution du genre comédie musicale depuis les œuvres de Disney à essayer quelque chose d’aussi audacieux. Lady Gaga n’est peut-être pas exactement ce que l’on se souvient de Harley Quinn, mais pour ma part je trouve qu’elle est tout de même plus crédible que la version sexy antihéroïne dépravée interprétée par Margot Robbie. La suite parfaite à un film qu’on ne savait pas qu’on ne voulait pas. Les bandes dessinées DC ont déjà la cote niveau profondeur et troisième degré alors pas besoin d’essayer de brûler plus que ça (c’est du papier, gros!).

MAXXXINE – Elle n’a pas de limite

Une représentation parfaite de notre société moderne, voilà sur quoi s’achève la trilogie d’horreur avec la formidable Mia Goth. Je me demande toujours pourquoi on a pas plus utilisé son talent encore? Peut-être que d’avoir joué dans le long métrage Nymphomaniac Vol.1 de Lars Von Trier en a intimidé plus d’un. Hollywood est un drôle de milieu, on peut être une Princesse Disney et se transformer en sexe-symbole, mais on ne peut pas jouer dans un film parlant de l’érotisme puis être prise au sérieux. 

C’est ironiquement et probablement intentionnellement que la trilogie X (triple X, ingénieux) de Ti West aborde exactement cette idée de libération sexuelle et d’idôlation qui cache une folie destructrice et meurtrière. Assassine de nos valeurs morales et éthiques, le personnage de Maxine incarne à merveille ce qui cloche avec le Star System et l’engouement pour le vice et le proscrit. Combien maintenant sont prêtes à tout pour sentir la chaleur des projecteurs et pouvoir par le fait même être payées pour être appréciable à regarder? Le succès vaut-il le prix de cette part d’humanité que nous avons perdue à vouloir se défaire de tout ce que l’on considérait jadis sacré? Si le corps est un temple, il demeure le reflet indéniable de ce que notre société en fait de nos jours; regardez un peu l’état de nos églises. 

Je dois avouer que j’ai préféré Pearl dont la critique sociale me semblait plus subtile que dans X et Maxxxine, néanmoins il est très satisfaisant de voir la protagoniste se défendre contre les différentes formes d’oppressions sur les femmes que ses agresseurs symbolisent et le retourner contre eux avec une intensité primale de tout homme égal. La femme n’est pas plus et elle n’est pas moins, elles sont humaines comme les hommes et promptes aux mêmes pulsions que leurs homologues masculins. Je vous conseille de tous les écouter si vous en avez l’occasion.

The Substance – Messieurs, les yeux sont plus haut

Évidemment, comment peut-on ne pas parler du regard de l’homme sur la femme sans mentionner ce film magnifiquement déjanté qu’est The Substance? Un suspense biohorreur (ou biorreur) — body horror de son anglicisme — qui nous laisse nous accoutumer aux imageries perverses que nous contemplons involontairement chaque jour pour nous ramener à la réalité de notre superficialisme destructeur. De facto, cette mimèsis tantôt plaisante tantôt écoeurante dévoile au grand jour notre hypocrisie collective à se faire dire que l’on érige les gens en vedettes pour leurs talents comme on se masturbe devant la pornographie pour leurs personnalités. 

Ce long métrage signé Coralie Fargeat se démarque de ses œuvres précédentes. Plus subtil et à la fois plus cru, le corps est ramené à sa plus simple expression, un objet; amas de chair et d’os. Demi Moore nous dévoile un corps vieillissant dépeint comme l’ombre de ce qu’il était. Après avoir réalisé que personne ne l’a jamais considérée autrement que physiquement, elle-même se retrouve devant l’incapacité à se définir comme être au-delà des plis de sa peau. Margaret Qualley interprète le rôle de Sue, la nouvelle version de Elizabeth Sparkle qu’interprète Moore. Le seul hic, les deux sont en fait la même personne. S’influençant l’une et l’autre pour le meilleur et surtout pour le pire, l’affrontement de Elizabeth et Sue amène à un climax des plus extravagant. Le film se termine dans une véritable explosion de dégoût et d’inconfort, le ridicule est à son paroxysme et c’est tant mieux.

C’est surtout un film avec une technique impeccable, le montage final est sensationnel et c’est peu dire. À mon avis, difficile pour The Substance de ne pas remporter le prix pour sa nomination aux Oscar cette année; visuellement assourdissant avec un rythme décontenançant. Conscient du corps que j’habite et donc du feu que peut attiser le regard des autres, m’envahissait l’hésitation de le mettre dans mon Top du fait que l’expèrience cinématographique joue avec des notions d’érotisme et même de pornographie dans sa réalisation. Faudrait que j’arrête de laisser les autres me taper dessus, surtout dans ma tête. L’esthétique, c’est pas du sexe, c’est de la philosophie.

The Integrity of Joseph Chambers — Serait-ce arrivé à Baden-Powell?

C’était mon premier coup de cœur de l’année. Le mois de janvier m’avait laissé froid avec Wolf pack ainsi que Nouveau départ et je m’attendais de moins en moins à me mettre quelque chose de craquant sous la dent mis à part de la glace. Grâce à The Integrity of Joseph Chambers, j’eus l’impression que le pire était bel et bien derrière nous. Bon, je me suis fié à mes pressentiments et je me suis trompé, ça arrive. Toutefois, fiez-vous à moi, vous ne vous tromperez pas en visionnant celui-là.

Si mes impressions sur le film vous intéressent tout de même, vous pouvez aller consulter l’article.

Dommage que ce soit un film de 2022…

Prix Cul-de-sac – Madame Web — Tu es tombé dans mon piège

Il y a eu beaucoup de suite — mieux connues sous le mot sequel — cette année au cinéma; Beetlejuice 2, Ghostbuster : Frozen Empire, Gladiator II, Inside Out 2, Joker : Folie à Deux, Rebel Moon – Part 2 : The Scargiver, Smile 2 pour ne nommer que les 2. Décidément, ça se battait pour être mon prix Cul-de-sac cette année. 

Voici donc les autres nommés dans la catégorie Cul-de-sac

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DUNE Part : II

S’il y a bien un film qui à joué la grenouille qui se voulait grosse comme un bœuf, c’est bien DUNE : Part II de Denis Villeneuve. Visuellement lassant, surtout quand on connaît Magic : The Gathering – le célèbre jeu de cartes créé en 1993 par Richard Garfield – et les Phyrexians (blacksun *kof*, *kof*; c’est même pas dans l’histoire originale de DUNE). Chaque beau plan rappelle un piètre amant qui ne tient que 1.7 secondes pour nous ramener à des échanges soporifiques entre Chamalet, Zendaya et cie. Un beau désert aride et stérile. Ça résume bien le tout, je crois.

Trap

Avez-vous déjà voulu écouter un film pendant un spectacle de musique pop parce que vous trouvez les Grande et les Swift de ce monde plates à mort, mais vous vouliez faire plaisir à une personne que vous aimez beaucoup? Trap de M. Night Shyamalan c’est exactement ça. Il faut l’entendre pour le croire. Je croyais fort que The Watchers serait au moins dans les nommés, sauf que ce film-là c’était vraiment l’enfer, quand c’est rendu que tu es du bord du tueur pour que ça finisse plus vite, c’est pas bon signe.

Furiosa : A Mad Max Saga

Je voulais aimer ça, vraiment. Cependant, viens me faire croire qu’Anya Taylor-Joy devient Charlize Theron. Les us — ou le « lore » en anglais — du Wasteland, pour l’amour de Dieu ça parle tellement dans ce film. Est-ce que George Miller à vu Mad Max : Fury Road? Furiosa : A Mad Max Saga est littéralement l’antithèse de la franchise alors que le rythme est lent et tousse quand il accélère. C’est tu tant intéressant pour vrai de savoir la vie de tout le monde dans toutes les histoires? On dirait des conversations de grands-parents à Noël qui se souviennent du bon vieux temps en manquant des bouts ou en modifiant l’histoire à chaque fois qu’iels la racontent. Imaginez le National Lampoon’s Christmas vacation (Le sapin à des boules 😑) avec Chevy Chase trop vieux pas capable de faire un jump comme dans le temps avec son Ford Taurus Wagon 1989 parce qu’il roule avec une Tesla dans la neige. 

Alien : Romulus

Mélangez tous les autres films de la série Alien jusqu’à l’obtention d’une bouillasse épaisse et marron. Faites attention, il faudra réutiliser un seul des anciens personnages; l’androïde fera l’affaire. Ajouter généreusement des nouveaux personnages sortis tout droit de Friday the 13th. Et voilà! Vous avez probablement fait le pire Alien de tous les temps. Pour une dernière fois… les us et coutumes d’un univers imaginaire ce n’est pas raconter une histoire; c’est surtout plate à mort! Dans le film de Ridley Scott c’était rempli d’informations sans avoir besoin de nous la raconter sans arrêt, arrêter de parler pour rien dire, s’il vous plaît!

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Malgré tout, Madame Web remporte sans conteste le prix pour avoir été mauvais au niveau de Kill Shot et ici avec un budget de 80 millions. Okay, c’est pas 240 millions, mais — si on fait des mathématiques — c’est seulement 3 fois plus gros qu’un gros film de Marvel. Savez-vous combien c’était le budget de Kill Shot? Non, sérieusement le savez-vous? J’arrive pas à trouver l’information. Les paris sont ouverts, je dis maximum 100,000. Et vous, vous dites quoi? Faut le faire Madame Web, t’as perdu un point contre Kill Shot. Ça doit être ça un 1/10 finalement…

Je me suis dit qu’on ne pouvait pas faire autant ennuyeux avec une franchise autant bourrée d’actions et d’aventures comme Mad Max. Cher lectorat, comme j’ai eu tort. Un film de superhéros? Et puis quoi encore. Si seulement les actrices n’étaient pas TOUTES mauvaises, la médiocrité du scénario serait endurable. Le CGI est assommant comme un écran de veille Windows qui fait des vagues incompréhensibles et abstraites; le vide. DIVULGÂCHAGE : Il n’y a pas de superhéros ni de combats dans ce navet, soyez avertis. Ceci n’est pas le meilleur film, mais — à l’inverse de Tenacious D. — un hommage médiocre au cinéma.

Mot de la fin

Je l’ai souvent dit; l’affection est le grand égalisateur universel. Pas que c’est mauvais, au contraire, il faut chérir les gens que l’on aime, et puis évidemment qu’on veut leur offrir ce que l’on a; nous sommes irremplaçables après tout. La collusion est donc inévitable et les ressources seront aussi administrées en conséquence. En toute honnêteté, les artistes ne veulent pas tous des millions, mais simplement de pouvoir être soutenus au moins assez pour vivre. C’est vrai qu’on n’a pas besoin d’un énorme budget pour faire quelque chose de bon; ça en prend tout de même un pour survivre. Est-ce si difficile de laisser de l’amour aux autres? Pas être obligé d’en donner, mais juste — ne serait-ce qu’un instant — céder sa place? Grenouilles que nous sommes; lasses de la démocratie nous nous contentons de monarques bien passifs, de peur — quoi d’autre sinon — d’en rencontrer un pire? 

L’année s’achève donc, à mon avis, sur une bien triste note quant à l’avenir du cinéma dans les prochaines années. On coupe, coupe, coupe dans les projets un peu partout, pendant que l’hiver s’installe et qu’on pousse, pousse, pousse de la fonte pour oublier. Avec l’aide aux artistes octroyées de manière de moins en moins partiale et sans donner de raison pour être refusé (trop de demandes qu’iels disent). Nos créateurs en tous genres se débattent à faire du nouveau; les distributeurs, eux, demeurent réticents à faire poindre le changement ou en tout cas pas tant que ça ne sera pas leur idée. Pas étonnant, dans le 7e Art comme dans la vie on fait un profit quand on prend les idées des autres et qu’on les mélange en une bouillasse brunâtre et opaque (de la marde peut-être?). Des cadavres pas-si-exquis rapiécés des mains de profanateurs opportunistes puis jetés au fond de sacs en papier étiquetés Marvel ou Transformers qu’on laisse sur le seuil de ta porte; je vous laisse imaginer la suite. Avec poste Canada qui semble dans ses derniers miles, on se demande comment les moins bien nantis vont être capables de breveter leurs idées pour la modique somme d’un timbre maintenant.

J’espère que 2025 saura renverser la vapeur et empêcher le train de dérailler complètement. Je souhaite surtout que l’humanité ouvre les yeux devant ses trous béants que nous créons entre nous. Daniel Bélanger avait sans doute déjà ressenti cette tendance à l’éloignement en 2001; quelle année de marde aussi 2001. Noël approche et je sens les gens fatigués et avoir déjà hâte d’en finir avec ces soi-disant « vacances » du temps des fêtes. Depuis quand sommes-nous devenus autant allergiques les uns aux autres? Pour la prochaine année, travaillons sur nous; pas penser à soi là, mais s’efforcer à s’améliorer en tant qu’individu (parce qu’il n’y a personne de parfait). Ça arrive d’avoir des opinions différentes, mais c’est ça qui est beau dans la vie, pas vrai? Apprendre, se confronter, débattre c’est un cadeau précieux; un jeu qu’on prend quelquefois trop au sérieux. Comme il disait dans le célèbre film québécois La guerre des tuques : « La guerre, la guerre. C’est pas une raison pour se faire mal. » Faisons attention à ne pas transformer notre belle communauté d’humains en 8 milliards de solitudes; 8 milliards, ça fait beaucoup, non?

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