Kill Shot - Une

Kill Shot – Une balle en plein cœur du cinéma

 « It reminds me of boarding school in Russia. »
[Ça me rappelle l’internat en Russie]

Kill Shot - Affiche

Au cours d’un voyage de chasse dans le Montana, un guide de nature sauvage et ancien Navy SEAL (Rib Hillis) et sa cliente (Rachel Cook) tombent sur une cache d’argent de braquage, faisant involontairement d’eux le seul obstacle entre un groupe terroriste dangereux et sa fortune perdue. Désireux de prendre une partie de l’argent pour eux-mêmes, le duo apprend bien trop tard à quel point il peut être facile de faire disparaître quelqu’un dans l’immensité du paysage lointain.

Dans le doute, il faut suivre son flair

Le métier de critique en est un difficile parfois. Étant sujet à une variété de films toujours croissante, il devient ardu de faire une distinction qualitative entre ceux-ci. N’y a-t-il pas dans chaque œuvre une certaine beauté; une forme quelconque de talent et d’expertise mise à l’effort; cherchant une récompense à son achèvement bien plus grande que l’argent? Qui suis-je pour analyser, classer et, que Dieu me garde, donner mon avis – que je voulais le bon – pour critiquer le monde avec désinvolture? (Merci Monsieur Aznavour).

Louis Vuitton 😉

Ainsi, ce massacre débute sur une jeune fille quelque part dans les déserts givrés d’Afghanistan. On s’enfonce avec elle dans une usine d’opium clandestine. Des hommes enturbannés lui remettent un sac ensanglanté dans lequel se trouve une mallette Louis Vuitton avec 100 millions de dollars à l’intérieur. La jeune fille traverse la neige et croise une bergère voilée de noir entourée de chèvres. Au passage, la jeune, elle aussi voilée, laisse tomber un petit sac de cuir au contenu inconnu.

Un gros plan sur la bourse beige dans la neige salie et le caca de chèvre, le cœur me vint aux lèvres tellement l’image était repoussante en elle-même. Vu les cinq minutes passées à ce moment-là, j’imaginai que cela n’était pas présage de l’heure et quelques à venir plutôt qu’une simple faute de parcours. En bon corbeau de La Fontaine et de ses fables, j’ai juré, mais un peu tard, qu’on ne m’y prendrait plus.

Perdre son chemin

Suivant le déplacement de la valise maintenant en possession de ce qui semble être des militaires jusqu’à ce que leur chemin soit bloqué, notre bergère (Mara Ohara), le visage à découvert, tend une embuscade avec un lance-flamme. Sur papier la scène semble géniale, mais l’exécution est plus que ridicule. Les flammes ne semblent pas aller plus loin qu’un mètre alors que le camion est au moins à une dizaine. Le ralenti tente de faire croire que l’on regarde un moment intense comparable à ceux de 300 (Zack Snyder), mais la seule chose qui m’intéressait vraiment à cet instant était de comprendre comment mademoiselle Ohara avait en si peu temps revêtu un habit de cuir que sa burqa moulante n’aurait su camoufler (peut-être est-ce la protégée d’Arturo Brachetti?).

On tire des balles à blanc; d’autres mercenaires armés dont Monsieur Net en habit de jogging noir (Bobby Maximus) se faufilent vers le camion; des effets médiocres de balles (et même plus souvent qu’autrement, rien du tout) font tomber les occupants du véhicule. Plus une impression de documentaire de guerre que d’un film d’action. Tout ça se passe pendant que l’auditoire regarde honteusement l’écran la tête penchée; les doigts massant doucement les tempes (où tout simplement pointée comme un révolver) pour essayer de faire couler tout ça et ne plus y penser.

Kill Shot - Perdre son chemin - Bobby Maximus
Maximus (Bobby Maximus)

Une dizaine de minutes sont passées, le protagoniste Jackson Hardison, joué par Rib Hillis (et aussi l’auteur du film), fait sa première apparition alors qu’il escalade le flanc glacé d’une montagne. Rappelé chez lui par un nouveau client de chasse, il traverse un plan à vol de drone qui laisse sans mot tellement il est vide (dommage pour les habitants du Montana). Notre bon Jack, rentre chez lui pour retrouver une femme et un homme en train de se rhabiller. C’est en riant que je laisse les images défiler devant moi me donnant l’impression d’un film pornographique avec trop d’histoire (et pas beaucoup de porno).

L’altercation se termine sur la femme (probablement ex maintenant) de Jack qui lui assène un coup de poêle sur la tempe, puis le voilà dans une voiture avec un petit pansement fuyant ce désastre. Se succèdent de cette façon panoramas étrangement insérés; inserts qui me font dire : trop de transitions font aussi perdre le fil. Avaient-ils tant peu de choses à raconter qu’ils justifient autant de temps mort pour un visionnement d’une durée d’environ 1 heure 30?

Jackson, au restaurant, croise une serveuse qui échappe maladroitement son plateau, jouée par Rachel Cook, et dont la perruque blonde ne laisse personne de l’auditoire indifférent, surtout pas notre protagoniste qui s’empresse de se remémorer les derniers moments avec sa fille morte. 

Y a-t-il un film dans l’appareil?

Environ le quart de cette infâme projection passe. Je me retrouvai à regarder cet homme, torse nue dans sa chambre, entretenant son arme. (Un sniper, okay? Pour la chasse, là!) Il est interrompu par les ô-convainquant-cris de détresse de Cook beaucoup plus adepte lorsque vient le temps d’envoyer un regard niais et aguicheur à son sauveur qui se contente de sortir sans chandail avec un révolver dans son pantalon. L’assaillant qui agrippait mollement la jeune fille par le poignet fuit à cette vue. Dans leur orbite, mes yeux se tortillaient de dédain.

Kill Shot - Y a t il un film dans

Le lendemain, Jackson se rend finalement à son travail pour découvrir que son client mystère n’est nul autre que le personnage de Rachel Cook, Kate, pour son plus grand plaisir et lot de flashbacks de sa fille décédée. Pendant qu’il paterne Kate en la testant constamment en remettant en question sa maturité et ses connaissances (charmant), les scènes de leur randonnée de chasse sont interrompues sporadiquement par des panoramas dont les couleurs jurent avec le reste du vidéo; Monsieur Net et Madame Courteflamme qui cherche la Louis Vuitton dans la forêt; et des animaux qui n’auront sûrement pas été payés pour avoir figuré dans cette abomination.

C’est à la marque des 40 minutes (environ la moitié du film) que Jackson découvre un parachutiste mort dans les arbres avec ladite valise à ses pieds. À ce point, j’en avais assez de ces scènes avec un visuel de National Geographic et/ou d’annonces d’assurance-vie. Cependant, je ne demandais pas qu’ensuite les plans soient concentrés pour me montrer Rachel Cook en brésilienne. Le tout, juste après que Jackson eut encore un flashback du décès de sa fille (voyez-vous l’effet que ça donne?). Tout cela est, bien entendu, suivi d’une belle poursuite dans les bois avec des tireurs d’élite qui ratent des gens assis et les fesses de Kate qui pète de la fumée avec une steppette de daim sauvage.

La fin est inattendue et joue contre la vraisemblabilité de la diégèse. La perruque que porte Rachel Cook est effectivement une perruque même dans l’univers plastique qu’elle habite. Comment Jackson, un soldat d’élite entraîné, ne remarque pas sa perruque? Cela devient le symbole de sa chute. En plus des maux physiques, trop de questions troublaient mon ordre psychique. Dieu merci, c’était enfin terminé, si ce n’est d’une scène à la fin du générique qui semble faire planer l’odeur infecte d’une suite. Pitié! Non, pitié!

Qui bien prit qui croyait prendre

La conclusion? À éviter, mais il faut le voir pour me croire. Ceci n’est pas un film, c’est l’image d’un film. On ne peut que ressentir des malaises à penser aux agendas qui sont poussés derrière l’idée de faire ce projet (sûrement pas de faire du cinéma). Selon moi, il n’y a rien du domaine du 7e Art dans cette épouvantable concoction. J’ai des hauts le cœur, je ris, je pleure, mais en rien je m’amuse. La proie, de temps à autre, peut échapper au plus fin des chasseurs, mais pas cette fois. Les erreurs de montage sonore et visuel m’ont tout de même fait rire aux éclats. Kill Shot, par Ari Novak, incarne cette chose, ce monstre, ce filou hideux qui tente de se faufiler un chemin parmi la foule tentant vainement de se camoufler sous un voile de satin noir. 

Kill Shot - Bien pris qui croyait prendre
Kate (Rachel Cook) et Jackson Hardison (Rib Hillis)

L’action n’est pas tant mal faite, mais elle n’est pas cinématographique. Peut-être est-ce la faute du montage, mais rien n’est prenant. Les personnages sont grotesques tellement ils sont des caricatures d’eux-mêmes. Pas une seule fois je n’ai senti de passion durant mon visionnement de la part d’aucun membre de l’équipe, sauf pour les fusils et les femmes objectivées. Je vous épargne le moment plus que déplacé de « HARD-ison » qui s’enfonce le visage dans la fourche de Kate (je ne suis pas prude, mais érotique ne devrait pas vouloir dire de mauvais goût).  

Comme le disait Squidward dans SpongeBob Squarepants S2E15 Band Geeks: « People talk loud when they wanna act smart (…) So maybe if we play loud people are going to think we are good! » [Les gens parlent fort quand ils veulent agir intelligemment (…) Alors peut-être que si nous jouons fort, les gens penseront que nous sommes bons!] C’est ce qui pour moi résume bien ce tir létal sur les cinéphiles. Aux douches Kill Shot, et met un rideau pour qu’on ne te voit pas.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Kill Shot
Durée
93 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
Ari Novak
Scénario
Ari Novak et Rob Hillis
Note
2 /10

1 réflexion sur “Kill Shot – Une balle en plein cœur du cinéma”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
Kill Shot
Durée
93 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
Ari Novak
Scénario
Ari Novak et Rob Hillis
Note
2 /10

© 2023 Le petit septième