Nouveau départ- Une

Nouveau départ — Assouplissant parfum Fraîcheur de Janvier

« — Tu m’as drogué.
— Mais pas du tout, c’est en vente libre. Je vais pas me faire engueuler en plus. »

Nouveau départ - affiche

Alain (Franck Dubosc) et Diane (Karin Viard) sont ensemble depuis 30 ans. Alain va faire quelque chose de fou pour Diane, quelque chose pour tenter de redonner de la vitalité à son mariage en la quittant. Diane, elle le considère pour acquis et s’adonne à ne pas prendre la chose plus au sérieux sans se rendre compte qu’elle pourrait le perdre pour toujours.

Après-vous Mesdames

Depuis quelque temps, on voit l’augmentation du nombre de femmes qui occupent des places importantes dans le milieu cinématographique offrant un nouvel éventail de point de vue sur le monde qu’il nous était nécessaire de pouvoir contempler. Dans cet avènement, bon nombre de films à succès sont apparus mettant en vedette des femmes comme protagonistes dans des rôles où on ne les voyait pas. Pourtant malgré une ouverture certaine sur une intériorité jusqu’ici moins explorée, on peinait à voir un type de femme prendre la tête d’affiche; celui de la femme qui ne gagne pas à tout coup.

Nouveau départ - Après-vous mesdames
Diane (Karin Viard)

Philippe Lefebvre ose mettre en avant-plan une femme qui essaie et qui se trompe, qui agit sous l’impulsion et qui apprend à vivre avec ses décisions — bonnes ou non — et à se relever. Du type comédie romantique classique Nouveau départ offre  justement ça à son public (ou du moins une rafraîchissante nouvelle approche pour un concept usé). Karin Viard incarne une femme quinquagénaire qui s’adonne à profiter d’un célibat forcé sans en ressentir les conséquences. Pour elle, leur couple ne traverse qu’une phase et son mari et elle reviendront ensemble bien assez tôt; une constatation de la froideur d’une relation prise pour acquise.

Quant à Alain, interprété dans l’humilité et la subtilité par Franck Dubosc, ce dernier se déploie sous un regard doux et réflectif sur la masculinité que le récit met au second plan, sans y enlever de l’importance. Cette distance amène les spectateurs à observer l’émotivité au masculin sous un autre jour, et cela, sans qu’elle ne prenne toute la place. Ainsi, le rôle de Alain rappelle davantage celui de la belle trahie et esseulée qui tente de se refaire, tandis que celui de Diane se rapporte plutôt à celui du lourdaud classique qui doit apprendre à faire mieux s’il ne veut pas tout perdre. Le tout savamment enrobé d’un léger glaçage humoristique qui par moment est au combien sucré pour maintenir l’attention à chaque détour.

Repenser la roue

L’histoire évoque principalement les problématiques sortantes de la nouvelle image des relations modernes, mais aussi des nouvelles pressions sociales lorsque vient le sujet des acoquinements à notre ère toujours aussi hypersexualisée. Du YOLO jusqu’au FOMO, on nomme, étiquette, mais surtout justifie les nouvelles moeurs relationnelles; c’est-à-dire de baiser pour se dire épanouie sexuellement ou tout simplement épicurien. Cette tendance à vouloir toujours refaire sa vie en fonction du désir sur le moment en étant confronté aux vieilles façons de faire qui tardent à évoluer à leur tour. Ce que le film tente entre autres de montrer c’est que même au sein de la monogamie, les habitudes telles que les adultères sont maintenant choses courantes. S’adonner au partage d’anecdotes osées ou même d’y prendre part entre nous devient un acte de plus en plus répandu, se transformant tranquillement en une forme de prestige social et de fonction hiérarchique. Comme quoi la Terre est ronde; on avance seulement pour faire le tour et retourner au point de départ, seulement, un peu plus à l’ouest (merci, Professeur Tournesol).

Nouveau départ - Repenser la roue

La protagoniste de Nouveau départ n’en vit pas un comme un film du genre laisse supposer à première vue. On s’attend à voir une femme prise dans un mariage en déclin et sans passion s’amouracher de la vie qu’elle n’a pas vécue jusqu’à présent après 30 ans de vie commune avec son mari; l’affaire est pourtant toute autre. Tout commence lorsque leur dernier enfant, interprété par Joaquim Fossi, quitte finalement le domicile familial laissant enfin ses parents seuls. Diane sent que sa relation avec Alain est cimentée dans le roc et conquise à travers le quotidien alors que ce dernier ressent encore de la magie et de l’émerveillement en sa compagnie. C’est alors que son mari la quitte croyant qu’elle voudra bien repenser à leur relation et à ce qu’elle pense d’un couple et de la valeur de ce dernier.

Il faut aussi souligner l’audace des dialogues qui évoquent quelques fois la frustration de certaines femmes (en Europe dans ce cas-ci) qui se réjouissent des avancements féministes, mais s’ennuient à constater que certains résultats peuvent déplaire. En particulier lorsque le monde qui les entoure semble être assez hypocrite ou même fonctionner sur des doubles standards à ce niveau. Le monde au féminin étant de plus en plus mis en lumière, il en va de soi que toutes ces facettes ne puissent être irréprochables.

Malgré tout, ce n’est pas dans la soumission que le personnage de Diane admet ses torts, mais bien dans la sérénité de l’acceptation des actions qui purent nuire à son couple. Lorsque leur fille, interprétée par Louise Orry-Diquéro, se plaint de leur nouvelle situation familiale et que Diane répond entre deux phrases qu’elle est responsable de cette situation et que ce n’est pas la faute de son père. 

Lune de miel ou clair de Lune

Le film se termine et on questionne ce qu’il advient du couple qu’Alain et Diane formaient au départ. Sont-ils revenus ensemble; ont-ils désormais chacun leur vie respective; ou considèrent-ils un nouveau type de relation pour eux. Dans tous les cas, on laisse planer qu’il s’entame ici un nouveau départ. Bon d’accord, pas si nébuleuse cette fin, mais tout de même, ça ne ressemble pas à la fin des Simpsons où chaque situation se résout par un retour à la normale.

Nouveau départ - Lune de miel
Diane (Karin Viard) et Alain (Franck Dubosc)

C’est drôle tout de même, mon dernier article faisait l’éloge d’un homme seul dans la forêt qui retrouvait son humanité au-delà de l’animal que l’être humain est malgré tout; malgré lui. Dans celui-ci, je vois un couple se perdre dans la jungle urbaine et s’adonner à redevenir des bêtes perdues qui ne savent plus trop où ils se trouvent. Au final, on se rend compte que si la vie n’a pas de chemin, c’est toujours mieux d’être bien accompagné.

En terminant, j’aimerais souligner ce qui pour moi résume bien le film en un morceau. Le personnage d’ Alain est pianiste et il interprète un bout de Clair de Lune, un opus de Claude Debussy et pièce de musique classique préférée à ma mère et moi. Pour moi, cette douce mélancolie sur laquelle flotte toujours l’air d’un renouveau possible au matin venu évoque à merveille ce que jeunesse ne sait pas et que vieillesse ne peut plus; c’est-à-dire recommencer à zéro. En absence d’une possibilité de ce genre, on apprécie bien plus ce que nous avons déjà eu, mais aussi ce qu’il nous reste encore. Ainsi, j’espère que vous apprécierez Nouveau départ à qui j’octroie une note plutôt généreuse (mais je mentirais de dire qu’il a fait tout ça sans savoir me surprendre un peu).

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
Nouveau départ
Durée
100 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Philippe Lefebvre
Scénario
Gabriel Cuparo, Philippe Lefebvre et Maria Pourchet
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
Nouveau départ
Durée
100 minutes
Année
2023
Pays
France
Réalisateur
Philippe Lefebvre
Scénario
Gabriel Cuparo, Philippe Lefebvre et Maria Pourchet
Note
8 /10

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