Je n’en suis pas à mon premier top 5, et pourtant, celui-ci aura été particulièrement difficile. C’est surtout au niveau des longs métrages que l’exercice aura été particulièrement ardu.
Il semble que 2023 aura été l’année des extrêmes alors que j’ai vu plus de films vraiment mauvais que lors des années précédentes, mais aussi plus de grands films. Le résultat est donc un dur travail pour faire ressortir les 10 films les plus remarquables de la dernière année.
Notez que le choix s’est fait en fonction des 101 longs métrages et des 160 courts métrages que j’ai visionnés. Je ferai abstraction des 6 séries sorties cette année que j’ai vues.
Commençons cette tâche difficile par la section des courts métrages, puisque les 5 titres auront été plus facilement trouvés.
Commençons d’abord par une mention spéciale pour un film qui vise les jeunes publics. Je n’ai pas l’habitude de mettre des films pour enfants dans cette section, mais cette fois-ci je n’ai pas vraiment le choix. C’est aussi une excuse pour en ajouter un sixième puisque j’ai eu un peu de difficulté à départager les 5 premiers d’un possible sixième.
Trois amis qui se trouvent être chacun une espèce d’arbre distincte se questionnent. Au fur et à mesure qu’ils grandissent et changent au cours d’une année complète, chacun des arbres vit les nouvelles saisons à sa manière, ce qui initialement les sépare. Avec l’aide de leurs amis, le trio en vient à embrasser les différences qui font d’eux ce qu’ils sont.
Traiter d’un sujet aussi sensible que la différence et l’acceptation à un jeune public n’est pas une tâche facile. C’est ce à quoi parviennent M.R. Horhager et Aaron Hong avec Three Trees.
Les cinéastes explorent plusieurs thèmes importants pour les enfants, en commençant par l’acceptation des différences. En utilisant des arbres, le concept est illustré de manière indirecte tout en restant suffisamment clair : être différent n’est pas une mauvaise chose. De plus, l’idée transmise est que nous sommes tous différents selon l’angle sous lequel nous regardons les choses. Dans ce cas, Érable a des feuilles rouges en automne tandis que les autres restent vertes, mais en hiver, Pin est le seul à ne pas perdre sa verdure.
C’est une belle façon d’aborder la notion de diversité, d’autant plus que chaque personnage a une forme différente. De plus, représenter une forêt permet d’obtenir une image visuellement vibrante, ce qui est également bénéfique pour capter l’attention du public visé.
Le court métrage touchera aussi les créateurs de par sa technique d’animation innovante.
Vous pouvez lire ma critique pour en savoir plus sur Three Trees.
Une foule sidérée assiste à un incendie. La menace n’a pas de nom, et une angoisse diffuse se répand. Il faut conjurer la peur, transformer le feu en signe. Les images originales de l’événement — transformées par des techniques d’animation — sont utilisées pour reconstituer la réaction de la foule en une expérience à la fois stupéfiante et déstabilisante.
Cette reconstitution visuellement époustouflante d’un événement marquant de la dernière décennie est tout simplement remarquable. La réalisatrice nous plonge dans l’imaginaire de la foule alors que Notre-Dame de Paris brûle.
Ce qui est particulièrement original ici, c’est que seuls les personnages sont mis en avant. Aucune vue de l’église en flammes, aucune flamme ne sont montrées. Les décors en arrière-plan sont absents également. Seulement des hommes, des femmes, des enfants et des voix peuplent ce récit de fiction. L’arrière-plan est d’un simple bleu foncé, le même bleu foncé que l’on retrouve au générique. Les personnages restent immobiles, telles des statues de cire, et pourtant, l’émotion est palpable.
Les dialogues sont d’une sincérité frappante, tout comme les réactions des personnages. Ici, une vieille femme déplore la destruction d’un édifice aussi important par les flammes. Là-bas, un jeune se moque en exprimant que finalement, on s’en fiche, après tout, ce n’est qu’un tas de pierres. Le débat prend forme.
Le mal des ardents est un film tout aussi technique que visuellement beau.
Pour Harvey, ce printemps sera le plus marquant de sa vie, car c’est la saison où son père disparaîtra.
Il s’agit de la 4e fois que je vous parle de HARVEY. Que me reste-t-il à dire? Peut-être que chaque visionnement reste tout aussi agréable, tant pour moi que pour mes garçons. Eux l’ayant vu 3 fois.
HARVEY, un court métrage inspiré de la bande dessinée du même nom écrite par Hervé Bouchard et illustrée par Janice Nadeau, offre un regard poétique sur le deuil d’un enfant doté d’une imagination débordante et sur sa façon d’échapper à la disparition d’un parent. Le film se veut intemporel, impressionniste et lumineux dans sa narration.
Une narration enfantine émane de la bouche d’Harvey pour relater l’histoire du point de vue d’un enfant. Sa voix se fait également entendre lorsque les autres personnages parlent, ce qui constitue un procédé astucieux pour adapter un livre en film et donner l’impression que c’est le personnage principal qui s’adresse directement aux spectateurs.
Le texte frais et l’animation douce de la réalisatrice Janice Nadeau reflètent les incompréhensions et les craintes de l’enfance avec la clarté dont font preuve les plus jeunes lors des moments clés de la vie. Avec l’innocence d’un enfant, Harvey nous raconte le printemps où son monde a basculé.
Si vous ne l’avez toujours pas vu, il serait grand temps de vous y mettre!
Au petit matin, Xavier (Anthony Therrien) rentre pour retrouver sa blonde Léa (Marine Johnson) dans leur lit. C’est la première fois qu’il découche depuis qu’ils ont décidé d’être en couple ouvert.
Jusqu’à ce que tu meures traite de façon simple des enjeux que peuvent vivre les jeunes couples. Est-ce un symptôme de notre époque qui fait que les gens ont de plus en plus de difficulté à imaginer une vie à deux, seulement deux? Mais à quel point ces relations non monogames peuvent-elles réellement fonctionner?
C’est ainsi, avec d’excellents dialogues et une réalisation soignée, que Jusqu’à ce que tu meures touche à ce point sensible que l’on retrouve souvent dans ces couples qui veulent être ouverts, ou qui veulent vivre la polygamie : un des partenaires le ferait pour plaire à l’autre.
Ce court métrage est d’une efficacité remarquable tant au niveau de l’histoire qu’au niveau stratégique, alors qu’il se déroule en un seul lieu qui représente trois endroits différents.
Les 3 personnages qui composent la trame narrative interagissent dans un lit. Ainsi, en utilisant un seul lieu et seulement 3 acteurs, la réalisatrice peut se concentrer sur ce qui compte vraiment : la direction des acteurs et la qualité du jeu de ceux-ci. Les trois comédiens parviennent à montrer les conflits émotionnels et interpersonnels inhérents à ces relations ambigües.
Lili (Mia Garnier), jeune fille dégourdie de 10 ans, s’est toujours baignée torse nu. Lorsque ses parents lui imposent le haut de bikini pour une sortie aux glissades d’eau, elle se révolte : pourquoi cacherait-elle son torse plat alors que ses amis, tous des garçons, n’ont pas à le faire?
Au Québec, on aime se dire plus ouvert d’esprit qu’ailleurs dans le monde. Et pourtant, si c’était le cas, À mort le bikini n’aurait probablement pas existé. Ce film est une prise de position sur le droit d’une fillette de porter ou non un haut de bikini. Pourquoi une fille ne pourrait pas avoir les mêmes droits que les garçons?
Derrière ce film plutôt sympa se cache cette grande question de l’égalité des sexes. Une façon de montrer que dès le plus jeune âge on apprend aux filles à avoir moins de droits ou de possibilités que les garçons.
Pour mettre en images ce grand débat, la réalisatrice ose. À l’écran, elle montre une fille de 11 ans, torse nu. Aucune censure. Trouver la bonne actrice pour ce rôle a dû être un beau défi.
Ce qui rend ce film encore plus intéressant, c’est le débat qui y prend place. Lili devra négocier avec ses parents pour garder son droit inné de ne pas mettre un bikini pour se baigner avec ses amis. Comme c’est souvent le cas dans la réalité, l’exposition du torse de Lili pose seulement problème chez les adultes, alors que les garçons avec qui elle joue depuis toujours n’en font aucun cas. Il est intéressant de voir que le père supporte sa fillette alors que c’est la mère qui tente de la convaincre de ne surtout pas montrer ses seins en devenir. Dans ce genre de débat, ce sont souvent les femmes qui opposent le plus de résistance.
Au final, ce court métrage est aussi drôle que touchant, que frustrant et doux. Un superbe mélange de style réalisé de main de maître. Et si vous ne l’avez pas vu, sachez qu’il sera présenté en janvier. Je vous en parlerai la semaine prochaine.
Deux jeunes disciples doivent jeter les cendres de leur mère dans la bouche d’un volcan afin d’empêcher l’éveil de ses flammes.
De loin le film le plus visuellement magnifique de l’année, Aska propose une expérience visuelle hors du commun.
Filmée en Islande, dans des paysages sidérants, avec deux jeunes actrices très talentueuses, cette œuvre est quasi hypnotique. La narration est envoutante et l’histoire est mystérieuse.
En janvier dernier, je disais que je n’avais rien vu d’aussi réussi visuellement depuis Visitors en 2013. Je reste d’accord avec moi-même
Pour ajouter à la perfection du jeu et des images, la trame sonore est poignante et crée un sentiment étrange chez le spectateur. Les notes graves de la musique appuient la voix féminine qui narre l’épopée des deux sœurs à travers ce paysage islandais.
Ici aussi, je dois donner une mention honorable, ou spéciale à un film qui pourrait certainement se retrouver dans le top 5 officiel n’eut été d’une année aussi remarquable.
Hyun-Jung (Choi Ji-woo), une femme vivant seule regardant nerveusement les informations. Seung-Jin, un collégien essayant d’augmenter ses notes d’échec en faisant du bénévolat. Hyun-Su (Lee Yu-mi), une femme essayant de trouver un amoureux via une application de rencontres. Hoon (Choi Min-ho), un homme qui trouve une lettre mystérieuse avec des instructions écrites pour trouver la femme qui les a écrites. Gee-jin, un chômeur avec un béguin unilatéral pour l’hôtesse d’à côté. Yeon-jin, une musicienne et employée à temps partiel dans un dépanneur qui mène une vie de merde, traitant quotidiennement avec des clients impolis. Les vies de ces six personnes se croisent de manière inattendue et troublante sur une période de quatre jours.
New Normal est un clip de vie se déroulant sur une période de 4 jours, à Séoul, en 2022. Une période de chaos comme l’humanité n’en a jamais connue dans toute l’histoire humaine. Il met en scène les risques inattendus et l’identité des peurs cachées dans la vie quotidienne sud-coréenne.
C’est LE film what the fuck de l’année. Aussi drôle qu’effrayant, jouissif que touchant, ce tour de force du cinéma de genre ne peut laisser indifférent.
Vive le cynisme et les thérapies de groupe.
Un conte de fées bardique sur la fin du monde et le début d’un nouveau.
Once Within A Time est le grand retour de Reggio au cinéma après 10 ans d’absence. Il offre encore une fois un film unique, cette fois-ci expérimental, qui peut être vu par les gens de tous âges. D’ailleurs, c’est le premier film d’adultes que mon 7 ans a vu. Et il a bien aimé. Moi, j’ai été soufflé.
C’est donc un récit dystopique, mêlant une comédie apocalyptique, mettant en valeur une cinématographie magnifique, des paysages inoubliables, et les aspirations innocentes d’une nouvelle génération, qu’offre le réalisateur âgé de 83 ans. Encore une fois, Reggio s’entoure des meilleurs, dont Philip Glass à la musique. Et cette musique n’est rien de moins qu’épique.
Pour donner forme à sa vision, Reggio avait besoin de la plus grande scène du monde. Un lieu grandiose pour un film épique. C’est ainsi qu’il a fait construire une scène virtuelle qui est devenue la plus vaste au monde : cent pieds de haut, cent pieds de profondeur et cent pieds de large. Mais de façon virtuelle. Car en réalité, ce film de grande envergure a été tourné sur une scène de dix mètres sur quatre, créée spécifiquement pour la projection sur écran arrière.
Tout au long du film, toutes les ambiances et tous les décors sont des miniatures, puis ils sont intégrés à des scènes réelles tournées devant un écran vert. Une fois les scènes montées, chaque plan a été redessiné à la main de manière numérique. Le résultat est assez déroutant et je dirais que cela prend environ 5 ou 6 minutes avant de tout assimiler et de commencer à pleinement apprécier l’œuvre.
Cette image singulière devient le théâtre d’une critique de notre société de surconsommation et de destruction. Une œuvre puissante et un plaidoyer pour la planète. Un film à voir pour ouvrir les yeux et l’esprit.
Introvertie et non qualifiée, Eva (Simone Bucio) est chargée de manière inattendue de faire du bruitage pour une publicité mettant en scène un cheval. Alors qu’elle s’acclimate lentement à son nouveau travail, son obsession de créer les sons équins parfaits se transforme en quelque chose de plus tangible. Eva exploite cette nouvelle physicalité, devient plus confiante et autonome, et attire un botaniste sans prétention dans un jeu de soumission intrigant.
Tourné sur un 16 mm luxuriant, Piaffe, de Ann Oren, est un voyage viscéral dans l’univers de la domination, du genre et de l’artifice. Un film qui risque d’en choquer plus d’un.
Piaffe a été tourné en 16 mm, et ce n’était pas un caprice ou un simple luxe. Il y a une raison plus profonde qui justifie, oblige même, l’utilisation de la pellicule. Les amateurs d’histoire du cinéma ou de photographie, comme ceux de la biologie connaissent probablement les expériences d’Eadweard Muybridge avec des chevaux en mouvement. D’une certaine façon, ces expériences ont mené au rêve de capturer des images qui bougent. On pourrait donc dire que le cheval et la pellicule photographique sont intimement liés au cinéma. Ainsi, il est fascinant de voir comment la réalisatrice réussit à créer un film aussi bien imbriqué avec l’histoire de son médium.
Je ne peux pas prendre le temps de réanalyser Piaffe ici (vous pouvez lire mon article sur ce magnifique film ici), mais je dirai ceci : Piaffe est une œuvre sensuelle dépeignant une relation BDSM/fétichiste de soumission recherchée. La jeune femme tombe éperdument amoureuse du botaniste, qui réside parmi les plantes et les observe attentivement. Le choix de la profession de botaniste n’est pas fortuit. Un botaniste s’efforce de contrôler, d’hybrider et de modifier le cours naturel de la vie des plantes sauvages. Alors qu’Eva s’approche de lui, elle initie un jeu séduisant depuis une position apparemment soumise. C’est par le biais de cette soumission qu’elle se permet d’expérimenter des sensations qu’elle n’autoriserait pas autrement.
Si vous avez envie de vivre une expérience cinématographique unique, ce film est parfait pour vous.
Ann (Joanna Arnow), une New-Yorkaise morose d’une trentaine d’années, se sent coincée dans tous les domaines de sa vie. À sa grande consternation, les années ont passé rapidement dans sa relation BDSM occasionnelle à long terme, son travail de bas niveau dans une entreprise et sa famille juive querelleuse. Alors qu’elle commence à se sentir de plus en plus aliénée, elle se débat avec elle-même et ses relations.
The feeling that the time for doing something has passed, de Joanna Arnow, est une comédie autofictionnelle dans laquelle la réalisatrice mélange autodérision et questionnements existentiels.
Voici un autre film qui pourrait en choquer et en déranger plusieurs. Tout d’abord, la réalisatrice (qui est aussi l’actrice principale) touche des questions délicates et propose sa vision de la liberté sexuelle et des limites de cette liberté. Il y a aussi un grand questionnement sur la vie et le temps qui passe. On sent que la jeune femme se demande jusqu’à quel moment coucher à gauche et à droite est une liberté et une belle façon de s’épanouir.
Divisé en 5 chapitres portant les noms des hommes qui passent dans la vie sexuelle d’Ann, ce long métrage montre, grâce à des chapitres qui sont ensuite divisés en vignettes plus ou moins longues, comment fonctionne une relation de type dominant/soumise et au réfléchir au passage du temps et à l’effet qu’a celui-ci sur la vision qu’on a de notre vie.
Avec ce film qui démystifie la soumission sexuelle, Arnow fait rire, rend mal à l’aise et instruit. Elle amène aussi la discussion vers l’enjeu du féminisme. Peut-on choisir d’être soumise au lit tout en étant féministe?
Voici donc un long métrage exceptionnel tant dans sa forme que dans son contenu ou sa mise en scène.
Jae-wan (Sul Kyung-gu), un avocat pénaliste matérialiste qui n’a aucun problème à défendre des meurtriers, et son jeune frère Jae-gyu (Jang Dong-gun), un pédiatre chirurgien à la morale de fer et chaleureux, se réunissent une fois par mois avec leurs femmes pour le dîner. Un jour, une image d’une caméra de sécurité montrant un adolescent et une adolescente battant à mort un sans-abri devient virale. La police commence son enquête, mais comme les visages des auteurs n’ont pas été montrés, l’affaire n’aboutit pas. Mais après avoir vu les images, l’épouse de Jae-gyu, Yeon-kyung (Kim Hee-ae) et l’épouse de Jae-wan, Ji-su (Claudia Kim), découvrent un secret choquant.
Inspiré du roman néerlandais Het Diner, d’Herman Koch, A normal family, de Hur Jin-ho, est une tragédie remplie de rebondissement dans lequel le réalisateur montre l’extrême d’une relation fraternelle malsaine marquée par la compétition et la jalousie.
Hur Jin-ho utilise une mise en scène impeccable, bien que classique, pour explorer les dichotomies entre le bien et le mal, le remords et le pardon, et ce qui est dit et ce qui reste non-dit. En utilisant une imagerie très large, il dépeint efficacement la distance émotionnelle entre les personnages, en particulier pendant les dîners en famille. Les personnages sont représentés assis séparément les uns des autres dans un environnement chaleureux, mais sans âme. La tension est omniprésente et le spectateur le ressent.
Fidèle au style coréen, ce drame est rempli de rebondissements et de revirements. Le film joue avec brio sur l’idée que les Coréens sont des gens qui mettent beaucoup d’efforts à garder les apparences de perfection à la surface.
Cette guerre fraternelle s’étire jusqu’aux conjointes des deux hommes qui ne ratent pas une occasion de lancer une attaque. Puis, il y a les enfants des deux couples, ados qui se sentent… comme tous les ados, pas dans un monde qui les reçoit pleinement.
Le résultat est un film qui ravit les critiques tout en étant parfait pour le grand public.
Lorsque son jeune fils Minato (Kurokawa Soya) commence à se comporter étrangement, sa mère (Ando Sakura) sent que quelque chose ne va pas. Découvrant qu’un enseignant est responsable, elle fait irruption dans l’école et exige de savoir ce qui se passe. Mais à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, de l’enseignant et de l’enfant, la vérité émerge peu à peu.
Avec Monster (怪物) Kore-Eda marque offre un film qui met en scène un incident impliquant des enfants dans une petite école d’une petite ville régionale du Japon et les les répercussions que cela entraîne pour les gens qui y vivent.
Je ne vais pas trop entrer dans les détails, parce que j’ai écrit un long texte sur Monster il y a à peine deux semaines. Mais je reviendrai tout de même sur quelques points.
Le film est divisé en 3 parties distinctes permettant de montrer la version de différents personnages envers l’incident. Cela laisse le spectateur dans une position délicate où il ne sait plus quoi penser, comme c’est souvent le cas dans la vie lors de conflits.
L’incident présenté dans le film est avant tout une excuse pour critiquer la société japonaise et l’importance de l’image qui fait office de principe amovible. On voit souvent des étrangers critiquer l’organisation sociétale et hiérarchique du pays du soleil levant. Mais rarement les Japonais eux-mêmes font ce genre de critique au cinéma. Une notion très importante au Japon est de s’excuser lorsqu’il y a quelque chose qui n’est pas parfait ou qui n’est pas correct. Du coup, on dit que les Japonais s’excusent beaucoup. Vraiment beaucoup. Kore-Eda, ici, démontre la limite du principe des excuses. Comme le dit explicitement la mère : « Je ne veux pas des excuses, je veux qu’on règle la situation. »
Si j’ai eu de la difficulté à choisir les positions 2 à 5, il était clair dès le début que Monster était un film dans une classe à part. Faites vite avant qu’il ne quitte les écrans!
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