Monster - Une

Monster – Qui est le monstre?

『かいぶつだーれだ?』
[Est-ce que c’est un monstre?]

Monster - Affiche

Lorsque son jeune fils Minato (Kurokawa Soya) commence à se comporter étrangement, sa mère (Ando Sakura) sent que quelque chose ne va pas. Découvrant qu’un enseignant est responsable, elle fait irruption dans l’école et exige de savoir ce qui se passe. Mais à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, de l’enseignant et de l’enfant, la vérité émerge peu à peu.

Avec Monster (怪物) Kore-Eda marque son retour en sol japonais, avec un film qui met en scène un incident impliquant des enfants dans une petite école d’une petite ville régionale du Japon et les petites étincelles de feu qui créent un énorme fossé et une division entre les gens qui y vivent.

Une histoire en trois temps

Je vais commencer directement en disant ce qui doit être dit : Monster est simplement extraordinaire. C’est ce qui se rapproche le plus d’un chef-d’œuvre lorsqu’il s’agit d’un film qui n’a pas encore quelques années de vie. 

Ce long métrage, donc, est divisé en trois parties distinctes, caractérisées par l’histoire du point de vue d’un personnage différent. La première partie est présentée du point de vue de Saori Mugino, mère veuve, qui fait tout en son possible pour bien élever son garçon, Minato. 

Monster - Une histoire en 3 temps
Minato (Kurokawa Soya) et Saori (Ando Sakura)

La seconde partie nous raconte à nouveau les événements du point de vue de Michitoshi Hori (Nagayama Eita), le professeur de Minato. À ce moment, le spectateur se retrouve à ne plus trop savoir quoi croire alors que la version de Hori est complètement différente de celle de Saori. 

Puis, la troisième séquence nous donne une dernière version des événements, celle de Minato. À la fin resteront tout de même des questions sans réponses, auxquelles le spectateur devra répondre par lui-même. 

Ces trois versions se trouveront aussi à être une critique de la société japonaise et de l’importance de l’image. Lorsque chacun tente de bien paraitre pendant un conflit, il finira clairement par y avoir un ou des perdants qui verront leur image sociétale dégradée. Et ça, c’est lourd de conséquences au Japon. 

La dévotion d’une mère

Après avoir montré comment un père doit s’organiser avec Tel père, tel fils, Kore-Eda montre ici comment une mère gentille et dévouée ne peut s’empêcher d’afficher des émotions qu’elle ne peut pas contenir. Il faut dire que Ando Sakura est brillante dans son interprétation de Saori. 

On connaît donc l’importance de l’image publique au Japon, et aussi comment le respect des hiérarchies et des autres est important. Ce film s’attaque à tout ça. Sans vouloir trop en révéler, la première partie se déroule principalement à l’école alors que Saori tente de se faire écouter et entendre par la direction de l’école. Hori aurait mal traité Minato et la femme demande justice. Mais tout ce qu’on lui donne ce sont des excuses. La première fois, elle les accepte. Mais après plusieurs fois, le ton monte. 

Monster - Dévotion de mère

Dans des scènes très marquantes, Kero-Eda montre le clash qui se produit lorsqu’une mère sent que son enfant est en danger et que les personnes au-dessus d’elle dans une société très hiérarchisée ne l’écoutent pas. 

Mais en donnant plusieurs versions à une même histoire, sans vraiment dire qui dit vrai, le réalisateur nippon amène le spectateur à se questionner de plus en plus sur ce que représente le brillant titre du film : Monster (qui est la traduction exacte du titre original). 

Mais au final, qui est le monstre dans l’histoire? Tout devient compliqué lorsque les gens ne parlent que par bavassages, mais que ceux qui détiennent la vérité ne parlent pas. Des enfants blessés à l’école, des parents seuls qui perdent le contrôle des événements, des enfants tristes, des secrets, des mensonges, des incendies et… un film si réaliste qu’on n’ose pas prendre position d’un côté ou de l’autre. Et surtout, beaucoup d’événements choquants, surtout pour un parent.

Un peu plus…

Ce film est aussi un rare long métrage de Kore-Eda – ce maître japonais – qui a été scénarisé par une autre personne. Dans ce cas-ci, il s’agit de Yuji Sakamoto, un scénariste que Kore-Eda admire depuis longtemps. 

Monster - Un peu plus
Yori et Minato

Le scénario d’un film de Kore-eda est souvent révisé et modifié sur le plateau, et des imprimés indiquant les révisions sont remis aux acteurs et à l’équipe. Sakamoto avait dit à Kore-eda qu’il pouvait réviser le scénario et les dialogues sur le plateau s’il le souhaitait, mais le réalisateur a adopté une position différente. Alors qu’on pourrait croire que le résultat serait moins bon qu’à l’habitude pour un film de Kore-Eda, on se retrouve avec le contraire. Il semblerait que le scénario était si solide, que très peu de changements ont été apportés sur le plateau. 

En effet, les personnages sont merveilleusement bien travaillés, de sorte que chaque petit détail devient un miroir tourné sur le réel. Un miroir qui reflète une réalité qu’on ne montre pas trop : l’intimidation à l’école. Parce que derrière tout ça, il y a aussi la question à savoir si Minato est un bon ou un mauvais enfant, si Hori est un bon ou un mauvais professeur, si Yori (l’ami de Minato) est un bon ou un mauvais garçon, et ainsi de suite. Car il semble que toute la question soit là : qui sont les bons et qui sont les mauvais. 

Je m’arrête ici, mais soyez assurés que je vous reparlerai de ce film lors de la publication de mon top 5. Ça, c’est une certitude!

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
怪物
Durée
126 minutes
Année
2023
Pays
Japon
Réalisateur
Kore-Eda Hirokazu
Scénario
Sakamoto Yuji
Note
9.5 /10

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Fiche technique

Titre original
怪物
Durée
126 minutes
Année
2023
Pays
Japon
Réalisateur
Kore-Eda Hirokazu
Scénario
Sakamoto Yuji
Note
9.5 /10

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