Ceci n’est pas un top, ceci est une sorte de constant où je me remémore ce qui me reste collé à la rétine ou un extrait d’une séquence qui m’est resté en mémoire. Entre, les festivals, les séances et les plateformes VOD, le nombre de films a été aussi stratosphérique que l’inflation. En attendant la cuvée 2024, un film par thématique m’a semblé adéquat et parce qu’un film qui voit le jour est un miracle en soi!
Pour sa simplicité percutante, pour son humour aussi noir que jouissif, pour sa mélancolie attachante et pour son récit d’une si belle tristesse. Les Feuilles mortes, objet cinématographique venu de Finlande signé Kaurismaki, n’est pas un film, c’est une fresque sociale, un tableau contemporain des relations humaines, une tranche de l’absurdité d’une vie brutalement ordinaire. Ce film dénote par son honnêteté décapante, son 1er degré à toute épreuve, son romantisme désuet et pourtant si beau, ses références cinématographiques, son coup de gueule contre le capitalisme dégueulasse. Tout cela tient dans 88 minutes orchestrées d’une main de maître, où le rythme, la diégèse, la photographie, le cadre participent tous dans cette symphonie qui a fait le tour des festivals.
À travers The Killer, Fincher questionne sa vision, ses tics, ses névroses, ses choix, sa minutie, à travers les différentes étapes qu’il fait traverser à son héros. The killer n’est pas une histoire d’un simple killer (tueur), c’est l’histoire de ces absurdes habitudes qui nous guettent tapis dans l’ombre, ces manies qui peuvent même à certain moment nous détruire « si on ne respecte pas le plan ». Car la première cible de The killer, ce n’est pas le nom coché dans le contrat, c’est lui-même. Mais la question qui se pose : l’inattendu, est-ce un bien ou un mal?
L’année 2023 a été riche en succès pour le cinéma québécois et en propositions originales. Du carton de Monia Chokri avec Simple comme Sylvain qui mérite une mention très honorable à Vampires humaniste cherche suicidaire consentant en passant par le retour de Denys Arcand avec Testament, y’en a eu pour tous les goûts dans les salles obscures. Mais, ce qui peut s’apparenter à un tour de force c’est l’adaptation sur grand écran de Ru, le livre multirécompensé de Kim Thuy. Je tire mon chapeau à Charles Olivier-Michaud, qui a réussi à tirer l’essence du livre via une réalisation qui ne tombe pas dans le mélodrame ou le tire larme facile. Tout est dans le regard de cette petite qui interroge, qui scrute, contemple à la fois la laideur humaine et la beauté du quotidien. En ce sens, cette adaptation s’avère une sorte de mission casse-gueule réussie dans laquelle si on « apprécie les nuances du bleu du ciel, [on] apprécie la vie ».
S’il y a bien un film de plus de 2h qui a marqué 2023, on pensera automatiquement à Oppenheimer de Nolan et son duel à distance avec Barbie.
Il y a un autre film, certes moins grand public, beaucoup moins calibré pour tutoyer le milliard, mais, qui au cours de ses 3h30 de visionnement, se transforme en un voyage sensoriel à travers l’Anatolie. Les herbes sèches, dernière œuvre du turc Nuri Bilge Ceylan, émerveille par sa photographie, intrigue par son histoire, dépeint une immense toile aux multiples aspérités qui ouvrira son champ vers la découverte d’une galerie de profiles qui, par leurs parcours, dresse une sorte d’essai sociologique, voire philosophique, sur la perception qu’on a de la vie et de nous-mêmes. Car « Tout ce qui est beau dans ce monde semble s’accrocher aux toiles qu’on tisse nous-mêmes et jamais parvenir jusqu’à nous. »
Diffusé durant le festival Fantasia, Vincent doit mourir, film français réalisé par Stéphan Castang dont c’est la première œuvre, décrit l’anxiété et la colère sourde qui caractérisent notre époque jusqu’à devenir une maladie chronique inexplicable.
La plus grosse qualité du film, c’est qu’il ne cherche pas à être autre chose qu’un film de genre. Un long métrage jouissif qui parle des bas instincts humains. Un croisement entre un thriller, un survival, une comédie et une romance enchevêtré dans une aventure où le « héros » cherche à fuir plutôt qu’à confronter. Et comme tout film de genre, les possibilités de métaphores abondent. Oui, son petit budget n’arrive pas à masquer certaines faiblesses du film au niveau visuelle mais n’est ce pas là où réside son charme?
Un film aussi hybride que déstabilisant : Les filles d’Olfa de Kathouer ben Hania
Un film à vocation sociale : Ma cité évincée de Laurence Turcotte-Fraser & Priscillia Piccoli
Un film qui m’a laissé sur ma faim, mais qui mérite d’être vu : Les chambres rouges de Pascal Plante
Un film vu en 2023, mais qui sortira en salles en 2024 : Making Of de Cédric Kahn
Un film qui mêle le mystique et le poétique : La Chimera d’Alice Rohrwacher
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