« Le test ADN montre qu’il n’était pas Daisuke Taniguchi. »

Après avoir divorcé, Rie (Sakura Ando) a trouvé le bonheur avec son deuxième mari Daisuke (Masataka Kubota) et a formé une nouvelle famille. Mais lorsque Daisuke meurt dans un accident tragique, elle découvre que son nouveau mari n’était pas l’homme qu’elle pensait qu’il était. Rie fait appel à l’avocat Kido (Satoshi Tsumabuki) pour l’aider à découvrir la vérité sur l’identité de l’homme qu’elle aimait. Une quête qui ouvrira des questions plus larges sur la nature de l’identité elle-même et sur ce qui rend une personne réelle.

Avec A man (ある 男), Kei Ishikawa propose un film qui mélange drame et thriller policier afin d’offrir un film poignant, découpant l’histoire en section comme on le voit plus souvent dans le cinéma coréen.

Un film en 3 temps

A man (ある 男) se déroule en 3 séquences bien divisées. Dans un premier temps, on fait la connaissance de Rie et de sa situation difficile auprès de sa famille. Le réalisateur prend bien le temps d’installer ses personnages en montrant comment la famille de Rie met évidemment de la pression pour qu’elle se trouve un mari, elle qui a posé un geste insensé de quitter le père de son enfant. Il installe aussi le personnage de Daisuke, qui deviendra le nouveau mari de Rie. 

La deuxième partie du film met l’emphase sur la relation familiale de Rie et Daisuke, avec leurs 2 enfants (le garçon de Rie qui appelle maintenant Daisuke « papa » et la fillette que le couple a eue ensemble). Ishikawa s’assure de montrer la relation forte du couple, qui semble toujours aussi amoureux après plus de 3 ans de vie commune. L’homme est un bon mari, un bon père et une personne honnête. 

La troisième partie, la plus longue, traite de l’enquête qui suivra la mort de Daisuke. C’est la partie la plus longue du film, celle qui transforme ce petit film un peu ennuyant en un thriller policier dramatique efficace. Je dis policier, mais, dans les faits, c’est plutôt un avocat qui mène l’enquête. 

Cette division du film n’est pas sans rappeler Next Sohee, de July Jung. En effet, dans les 2 films, on amène le spectateur à s’attacher à un ou des personnages principaux, pour déstabiliser le spectateur en faisant mourir celui qui était au centre du récit. Alors que dans le premier il s’agit d’une femme malheureuse qui meurt, dans le présent film, il s’agit plutôt d’un homme heureux. 

Mais d’un homme qui n’est pas celui qu’il prétend être. Évidemment, sa mort créera une onde de choc dans la vie de Rie. Une onde qui deviendra encore plus déstabilisante lorsque le frère du défunt viendra prendre part à la cérémonie des 1 an de décès. C’est là que l’épouse réalisera que Daisuke n’était, en fait, pas celui qu’il prétendait être. 

Une réalisation classique

Outre le fait de faire mourir son personnage principal, le réalisateur utilise une mise en scène plutôt classique. Mais comme l’histoire peut être un peu complexe par moment, ajouter des artifices aurait été plutôt risqué. 

Petit détail intéressant, d’ailleurs, le réalisateur a choisi d’utiliser une image plutôt claire. Plutôt que de faire évoluer son enquêteur dans des lieux sombres ou de soir comme c’est souvent le cas dans les polars, il a plutôt choisi un certain réalisme alors que Kido évolue de jour. Pour ajouter un côté un peu plus social à son film, le personnage de Kido est un petit-fils d’immigrant. Il y a longtemps eu du racisme envers les immigrants coréens, et leurs descendants. Ishikawa laisse de la place pour dénoncer ce racisme qui existe encore dans le Japon actuel. Un sentiment surtout présent chez les anciens.

Satoshi Tsumabuki est particulièrement bon dans ce rôle d’avocat enquêteur. Il réussit à tenir les spectateurs en haleine et à rendre crédible cette enquête complexe. 

Un peu plus…

Adaptée du roman de Keiichiro Hirano, cette enquête sur les thèmes de l’identité et de la nature du bonheur a remporté plusieurs prix aux « Oscars » japonais, dont ceux du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario, du meilleur acteur, du meilleur acteur dans un second rôle et de la meilleure actrice dans un second rôle. 

Ce n’est pas étonnant puisque ce film, malgré une réalisation classique, est une œuvre solide. L’histoire juste assez complexe pour demander l’attention du spectateur ne tombe jamais dans la facilité et la finale n’est pas décevante. 

Le tout est complété par des questions d’ordre sociales comme le racisme, l’exclusion et la façon de voir le mariage et la mort. 

A man est présenté au TJFF le 15 juin 2023.

Bande-annonce