François Grondin – Il y a deux choses que nous ne faisons que très rarement au Petit Septième : aller à des événements en soirée et écrire un texte à deux. Et pourtant, c’est ce que nous vous proposons ici. Pourquoi? Parce qu’il y a deux choses qui nous tiennent à cœur : faire connaître des œuvres cinématographiques québécoises et internationales, et contribuer à la création d’œuvre de différentes manières.
Et ce texte que nous vous proposons, Annie et moi, touche à ces 4 aspects.
Annie Tanguay – Dans le cadre du projet cinématographique collectif Les sept dernières paroles, la réalisatrice québécoise Sophie Deraspe recherchait des femmes enceintes qui accepteraient d’être filmées pendant leur accouchement. J’attendais alors notre deuxième enfant et le projet m’intriguait. Nous avons donc rencontré Sophie et avons accepté de participer. Seul mon visage serait filmé. C’était une belle façon d’encourager le cinéma d’ici, d’encourager un projet original. Malheureusement, Sophie a manqué de peu mon accouchement. Lorsqu’elle nous a rejoints à l’hôpital, mon bébé avait moins de deux heures de vie. Elle nous a demandé si nous acceptions qu’elle le filme. Il était alors si minuscule, si fragile, si abandonné au vaste monde maintenant qu’il avait quitté la chaleur de mon ventre… Il ferait partie du segment « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? »
FG – C’est moi qui ai eu l’honneur de tenir notre petit cœur alors que Sophie l’immortalisait sur pellicule. Bon ok… Ce n’était pas réellement une pellicule. Mais je me permets la digression. Et je dois dire que maintenant que j’ai vu le résultat dans le film, je suis comblé. Quel sentiment que de voir (revoir) ce doux moment. Ai-je douté de notre choix de participer à ce projet? Depuis notre toute première rencontre avec Sophie Deraspe, non. Elle nous a mis en confiance dès la minute où nous avons commencé à parler du projet. Et, à ce jour, je n’ai aucun regret. Mais parlons maintenant de la soirée de visionnement de jeudi…
AT – C’est le 11 octobre 2018 qu’avait lieu, à l’Arsenal art contemporain, l’avant-première du film Les sept dernières paroles, auquel sept cinéastes canadiens primés, d’origines et de pratiques artistiques diverses, ont participé : Kaveh Nabatian (aussi l’initiateur du projet), Ariane Lorrain, Sophie Goyette, Juan Andrés Arango, Sophie Deraspe, Karl Lemieux, Kaveh Nabatian et Caroline Monnet. Le film était présenté sous forme de ciné-concert accompagné du quatuor à cordes Callino Quartet.
Nous étions emballés de pouvoir voir le film de Sophie Deraspe sur grand écran, de même que l’ensemble complet. Sept cinéastes y allant de leur style sur l’un des sept thèmes de l’œuvre musicale Les sept dernières paroles du Christ en croix, composé par Franz Joseph Haydn à la fin du 18e siècle. On a été séduits par l’ensemble et extrêmement touchés par le film de Sophie Deraspe. La façon qu’elle a de filmer les visages, de les dévoiler dans leurs émotions les plus intenses, est absolument magnifique. Cette séquence, plus près du documentaire que de la fiction, se marie merveilleusement bien à la musique. La musique live ajoute énormément à l’expérience cinématographique, tout particulièrement pendant le film de Sophie Goyette…
FG – C’est tout de même étrange d’aller à ce genre d’événement avec un bébé de 11 mois. En tout cas, ce fut une première pour moi. Et il a tellement été gentil, notre petit amour, en nous laissant regarder le film au complet, et sans pleurer.
D’un point de film cinématographique, j’ai été particulièrement séduit par l’image photographique de certaines séquences (entre autres celle de Sophie Deraspe) et par d’autres beaucoup plus « trash » (je pense à la séquence de Karl Lemieux). Ce film expérimental qui mise sur l’image et la musique me rappelle un autre film que j’ai eu la chance de voir il y a quelques années : Visitors.
AT – On ne peut que souhaiter à ce film collectif d’être vu et entendu, et espérer que certaines salles adoptent la formule ciné-concert pour que cela devienne une réelle expérience cinématographique comme nous avons pu la vivre. Les sept dernières paroles est un film sans parole, uniquement porté par la musique. Une expérience unique, des séquences qui résonneront en nous longtemps…
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