Castro (Jean-Pierre Bacri), autrefois star du petit écran, est à présent un animateur sur le déclin. Aujourd’hui, son chauffeur, Manu, le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie (Léa Drucker), qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène (Agnès Jaoui), sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis que Hélène est restée fidèle à ses convictions. Leur fille, Nina (Nina Meurisse), qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux. Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d’imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein…
Place publique, écrit et joué par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, nous apporte un regard vif et franc sur notre monde actuel, la société moderne française mais aussi mondialisée.
On aurait pu penser que ce duo, qui nous a charmés par des œuvres marquantes comme Le goût des autres, n’avait plus rien à dire de nouveau. On se serait trompés royalement. Ils nous apportent ici un tableau extraordinairement réaliste de leur vie sociale, qui est aussi notre vie. Un peu comme s’ils avaient additionné Le goût des autres et Un air de famille, mais en mieux!
Lʼécriture de ce film est très inspirée. On y retrouve les éléments essentiels à décrire notre environnement social et familial. Le conflit des générations, le conflit des classes sociales, la renommée, les séparations, les ex, les réseaux sociaux, lʼimmigration, la coke, etc., tout y passe à travers une mise en scène extraordinairement efficace et qui présente un feu roulant d’action et de dialogues, qui nous font passer du rire aux émotions sans arrêt.
Dans une entrevue, Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri avouaient s’être inspirés de quelques films dont The Party de Blake Edward, où l’action ne manque pas. C’est le moins que l’on puisse dire, si l’on s’en souvient.
On est en 2018 et les YouTube et Facebook font partie de la joute, on voit en direct ce qui se passe même si l’on n’a pas été invité. Ce film illustre une nouvelle version du phénomène Big Brother. Une réplique : « Big Brother? Mais si tout le monde est consentant, c’est pas Big Brother! » D’où le titre Place publique. D’autant plus si l’on est des personnalités publiques.
Je sens comme un parfum de fin du monde dans ce film. Comme si l’on nous mettait en pleine face l’échec de notre belle évolution.
Une situation où l’on constate que la gauche peut virer à droite : « On évolue… », réplique Castro. On fait dire à Pavel (Miglen Mirtchev), un immigrant, qu’il n’est pas contre lʼimmigration mais qu’il y en a trop… que, pour lui, c’était correct, mais les autres pas trop.
Le politiquement correct et le non-correct se côtoient et sʼentrechoquent. Le vieillissement y trouve aussi sa place à travers des dialogues savoureux. Vieillir en tournant à droite ou encore comme certains qui tournent à gauche, sans télé ni internet…
Jean-Pierre Bacri est à son meilleur dans ce nouveau film, bourru comme on le connaît, mais touchant entre autres lorsqu’il chante. Sa chanson de Bashung à la fin nous émeut de tendresse. Un César pour ce grand acteur s’il vous plait!
J’avais une certaine crainte à voir ce film, peur que mes attentes soient déçues un peu comme si Usain Bolt tentait de faire le 100 mètres en moins de 9 secondes! Mais je pousse un grand soupir de soulagement et dʼadmiration pour le duo Jaoui-Bacri qui vient de démontrer qu’il en a encore dans le ventre et peut-être plus que jamais.
Dʼaccord j’ai un parti pris pour ces deux grands du cinéma français, mais j’ai quand même essayé de trouver des points à critiquer. Or, je n’en ai pas trouvé.
Un très grand film de Jaoui-Bacri et un très grand film français.
Note : 10/10
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