« Elvis Presley movies. He was the King. »
Dernière partie de l’anthologie. Vous pouvez faire le rattrapage avec les parties 1 à 4 :
La fin de l’année approche à grands pas et, alors qu’un hiver pas nucléaire s’abat sur l’hémisphère Nord, nous faisons résolution de ne pas laisser les monstres du passé rester pour nous hanter dans cette prochaine révolution de la Terre autour du Soleil. Prière de ne pas confondre la magie de Noël avec la pensée magique. On veut bien faire en se promettant par temps festifs de ne pas faire les mêmes erreurs ou ne pas tomber dans les mêmes pièges (ou les deux). Cependant, qu’en est-il vraiment lorsque s’estompe l’ivresse des célébrations du Nouvel An? Certes, je n’absous pas la valeur de la bonne volonté, mais combien de fois avons-nous entendu cette rengaine?
On est tellement ouvert d’esprit qu’on ne peut plus rien questionner sans que l’on nous dise quoi dire et quoi faire. Le monde du cinéma est rendu borné. Difficile de parler de quelque chose qui ne nous appartient pas que ce soit culturellement, spirituellement, sexuellement, etc. Vous êtes mieux, cher lectorat, d’être du bon côté de la clôture avant que l’on veuille vous convaincre que votre herbe est plus verte. C’est fini les concessions et la considération, le modus operandi maintenant c’est : « je fais ce que je veux et tant pis si ça te plaît pas ». (Belle exemple pour la jeunesse.)* Une langue plus inclusive? Je ne crois pas; enfin, je ne crois pas que nous ayons la même notion d’inclusion. Je me souviens qu’au départ, le problème c’était que la majorité des minorités en tout genre n’avait pas aussi facilement accès aux mêmes droits qu’un Nord-Américain moyen. À la place de trouver des pronoms et des terminaisons qui nous représentent tous au pluriel on s’obstine à se définir au singulier.
De nos jours au cinéma, on ne peut plus jouer un handicapé si on ne l’est pas, un membre LGBT ou peu importe… mais personne ne se bat pour revendiquer être un authentique trou du cul et vouloir jouer le rôle qu’il incarne aussi dans la vie; ce qui serait encore mieux serait d’engager de vrais meurtriers pour jouer le rôle d’un meurtrier, vous croyez pas? Oh, excusez-moi, pardon! Vous avez donné un Oscar à une production japonaise pour ses effets spéciaux à couper le souffle. Sauf que, moi je trouve pas que le CGI à lui seul soit impressionnant. En fait, dès que ya plus de 50% attribuable au CGI alors que l’on s’attendait tous à des maquettes et des costumes; je considère ça insultant sur plusieurs niveaux. L’appropriation culturelle, c’est pas une invention de blanc, c’est une invention vieille comme le monde que les États-Unis adorent reproduire (ça, c’est de l’ironie). Entre vous et moi, si Godzilla : Minus One c’est celui qui méritait le trophée, c’est que ça ne ressemblait plus du tout au concept original. Dans la tête des Occidentaux, Godzilla est désormais aussi japonais que la peau de Blanche-neige est pâle; si on en croit le nouveau film de Disney prévu pour 2025. Imperceptiblement, mais de moins en moins.
Comment détruire une chose tangible comme une ville? Plus d’une option s’offrent à vous, il n’y a pas que Godzilla qui ait perfectionné l’Art de la destruction de masse, les humains ne donnent pas leurs places là-dessus. Toutefois, comment détruire quelque chose d’intangible et conceptuel; une culture par exemple? Ça, c’est plus fastidieux. Les croyances et les connaissances demandent du temps à se construire et encore plus à se défaire; le meilleur moyen c’est de leur donner le traitement des fleurs qu’on oublie d’arroser dans la chambre d’un vieil homme mourant. Il faut penser à autre chose, ne pas regarder dans sa direction sous peine de ressentir un pincement; de l’empathie qu’on appelle, mais qu’on ne veut pas vivre parce que ça pourrait être désagréable, pas vrai?
Non, non… Je n’ai pas oublié de parler des films étatsuniens de Godzilla. J’avais déjà mentionné que cette anthologie — se voulant un hommage — ne comprendrait pas les productions américaines puisque… À ce point-ci, ai-je vraiment besoin d’en dire plus? OUI! J’ai encore beaucoup à dire sur le sujet. Pour être honnête, je me retiens depuis le début parce que loin de moi était l’envie de ternir un si bel anniversaire. Toutefois, la fête est terminée et il est temps de nettoyer le fouillis laissé par les invités festoyant. Ça tombe bien, j’ai personnellement pas un très gros problème avec ça (surtout quand c’est pour des gens sympathiques); dans les meilleures conditions, c’est même satisfaisant. Sauf qu’après dix ans je préfère me recycler dans quelque chose où je peux vraiment me réaliser à mon plein potentiel.
Étant moi-même Nord-Américain (du Canada, là, vous inquiétez pas), je suis conscient que si je demandais à la majorité de mes concitoyens si iels connaissaient Godzilla, on me dirait : « Godzilla? J’ai vu le premier genre fin 90 » ou « J’ai vraiment aimé le dernier avec King Kong et le village de gorilles géants » ou même « sérieux Minus-One c’était vraiment un chef-d’œuvre. Le meilleur à date ». Le premier en 1998, et puis quoi encore? Le film Godzilla original, je le rappelle, date de 1954; et ce n’est pas comme s’il n’y avait eu qu’un seul film. On parle de plus d’une vingtaine avant 1998. Alors, commençons par celui-là.
Les essais nucléaires de la France en Polynésie irradient un iguane et le transforment en monstre géant qui se dirige vers New York. L’armée américaine doit chasser le monstre à travers la ville pour l’arrêter avant qu’il ne se reproduise.
Année : 1998
Réalisation : Roland Emmerich
Scénario : Dean Devlin, Roland Emmerich, Ted Elliott
Effets spéciaux : Volker Engel
Godzilla (1998), probablement le seul que — à mon grand regret — tout le monde connaît en Amérique. Quelle entrée en la matière… Le réalisateur, Roland Emmerich, trouvait que l’aspect du Godzilla original ne faisait pas de sens. Que faut-il faire dans ces temps-là; plier bagage et se trouver un projet ailleurs? Malheureusement, ça ne va pas de concert avec le « American way ». Non, à la place, on va simplement le faire ressembler au tyrannosaure de Jurassic Park (c’est plus « réaliste »); le public l’a aimé ce film-là et en plus on pourra sûrement réutiliser quelques effets à bas prix. Le film est drôle tellement il est ridicule, mais c’est disons aussi là que réside son côté attachant; pas entièrement mauvais, en soi, il est même appréciable, par moment. Au moins, il y a encore des effets pratiques dans la réalisation du film. Vous m’avez bien compris, c’est probablement le moins pire des films des États-Unis.
Le récit de Godzilla se mêle à celui des personnages humains, chacun symbolisant l’intériorité de l’autre. On essaie ici quelque chose de jamais vu avant dans un film de Godzilla; on focalise sur une histoire romantique entre deux humains. Le monstre démontre davantage de sensibilité incarnant la bête, le feu qui brûle dans le cœur des deux amoureux et qui demande à s’abandonner à ses instincts sans le bruit du monde pour les troubler. Tandis que tout semble vouloir les diviser, iels devront apprendre à écouter leur cœur et faire preuve d’humilité vis-à-vis leur place dans le monde. Les protagonistes sont interprétés par Maria Pitillo et… Matthew Broderick. Probablement que sa tronche niaise à elle seule fait de ce film une comédie cinglante. En fait, c’est sans aucun doute le plus gros problème de ce film; le ridicule satirique avec lequel on approche cette icône internationale (pas Broderick, je parle de Godzilla).
Non, non, non… Les Français ont aussi fait des essais nucléaires sur des îles de la Polynésie. Blablabla Godzilla — ou aheum Zilla, selon Toho Co. — attaque une ville américaine. Oh non! Pas un navire de pêche japonais éventré pour du poisson!? Ah! Que le monde est cruel! Vous ne voyez pas qu’il est gentil, elle… Dans le doute, allons-y avec iel … Alors, on voit bien qu’iel ne veut que nager et faire des bébés. Non, il ne faut pas tuer les bébés. Ils ont l’air de mignons raptors de Jurassic Park… Ouin, Jurassic Park. C’est bon ça. Bien plus que Godzilla, n’est-ce pas? Original en plus, ce Spielberg! Pas comme le gros lézard qui joue à cache-cache dans la ville. Et surtout, pourquoi Jean Reno? Désolé, j’ai essayé, mais ce film-là est terrible. BlouhouhouBlahaha, monsieur Borderick Tatoustoulos! J’en veux encore à son personnage dans Ferris Bueller’s Day Off; j’ai vraiment trouvé qu’il était un très mauvais ami. Sinon quoi, vous êtes vraiment tous satisfaits de Inspector Gadget?! Tout, mais pas Godzilla! Vous pensez que ça fait beaucoup de poissons, mais moi je trouve surtout que ça fait beaucoup de NOIX!
Le monde est assailli par l’apparition de créatures monstrueuses, mais l’une d’elles pourrait être la seule capable de sauver l’humanité.
Année : 2014
Réalisation : Gareth Edwards
Scénario : Dave Callaham, Max Borenstein
Effets spéciaux : —
ZzZz… Hein, quoi? Où suis-je? Ah c’est vous, cher lectorat. Désolé, je m’étais assoupi. Une distribution très intéressante avec Ken Watanabe, Elizabeth Olsen, Bryan Cranston et Aaron Taylor-Johnson qui n’arrive tout simplement pas à voler la vedette à un Godzilla quasiment absent de son propre film (on voit plus de tornades dans le film Twister de 1996). Gareth Edwards nous offre avec Godzilla (2014) l’une des itérations les plus soporifiques, non seulement de la franchise Godzilla, mais probablement du genre au grand complet. C’est la preuve que les acteurs ne peuvent pas soutenir une mauvaise production à eux seuls. Désolé pour Dave Callaham et Max Borenstein à la réalisation, mais je ne crois pas qu’ils comprennent comment faire un bon film de Godzilla.
On focalise principalement sur Joe Brody, interprété par Cranston, et la disparition de sa femme dans un accident nucléaire provoqué par l’invisible Kaiju (supposément Godzilla, mais on le voit tellement jamais). Son fils, interprété par monsieur Taylor-Johnson, cherche à connaître la vérité sur la disparition de sa mère et voyage au Japon pour le confronter sur l’affaire. Laissez-moi vous dire combien j’avais hâte que le Roi des monstres reprenne sa place au centre de l’écran, mais en omettant les très gros plans sur un pied ou un œil, on peine à repérer l’immense créature parmi toute cette grisaille et les expositions de personnages. Je veux bien faire preuve d’empathie à l’égard des sentiments d’autrui… Mais la pire chose que Godzilla ait faite, c’est pas de tuer ta femme, monsieur Breaking Bad, sans raison… encore.
Pourquoi se fait-on croire que l’on aime Godzilla en Amérique si la production s’en fout au même titre que le public? C’est parce que c’est du cinéma étranger que vous faites semblant d’aimer ça? C’est pas grave de pas aimer quelque chose même si ça vient de l’étranger. Moi, je n’aime pas Naruto et Final Fantasy VII (j’en aime plusieurs, mais pas celui-là). Vous voyez, c’est pas bien compliqué, pas vrai? Quand on se force à aimer, il n’y a que deux sentiers à emprunter. Soit, on se dénature à ne plus se reconnaître; soit, on veut métamorphoser l’autre jusqu’à ce qu’il ne soit plus le même. Dans les deux cas, on prend conscience qu’il n’est jamais trop tard pour rebrousser chemin. Même chose quand vient le temps d’écouter Godzilla (2014).
L’agence crypto-zoologique Monarch affronte une batterie de monstres de taille titanesque, dont le puissant Godzilla, qui entre en collision avec Mothra, Rodan et son ennemi ultime, le roi Ghidorah à trois têtes.
Année : 2019
Réalisation : Michael Dougherty
Scénario : Max Borenstein, Michael Dougherty, Zach Shields
Effets spéciaux : —
On aime ça les histoires claires, hein? Tsé, celles qui vont droit au but sans vous perdre en chemin. Les personnages passent tellement de temps à essayer de nous convaincre de la plausibilité de ce qui se passe qu’on y croit de moins en moins à chaque fois qu’iels ouvrent la bouche. Oui, oui pour régler le problème du réchauffement climatique il faut laisser les radiations des monstres laisser les plantes pousser. Je ne suis plus capable de suivre tellement les histoires sont longues, sans queue ni tête ou simplement invraisemblables. Godzilla : King of the Monsters (2019) est à la franchise de Toho Co., ce que National Treasure est vis-à-vis d’Indiana Jones; une pâle imitation.
Je m’ennuie du temps où une invasion extra-terrestre était amenée en criant ciseau sans trop de complications et d’explications qui s’éternisent. Godzilla : King of the Monsters ressemble à une mauvaise refonte du légendaire film de 2004 Godzilla : Final Wars avec les Xians et l’action en moins. Là où la version de 2004 y allait avec humour et un peu de caricature grotesque au combien divertissante, celle de 2019 se prend incroyablement trop au sérieux jusqu’au point où certaines scènes font penser à un Scary Movie. Un des seuls moments mémorables est probablement le sacrifice du docteur Ishiro Serizawa pour redonner la vie à Godzilla dans un moment quasiment émouvant. Malheureusement, la scène n’arrivait pas à m’impressionner davantage que Dragonheart. (Attention, nerd moment). Je suis pas content que le Oxygen Destroyer — l’arme inventée dans le tout premier Godzilla (celui de 1954, ne me fâchez pas) pour détruire Godzilla — réduite à un missile bidon des Étatsuniens qui fait mouche. De mon point de vue, ça c’est de l’appropriation culturelle de décider de ce que les symboles représentent quand ça nous chante.
Vous savez… J’ai une peur immense de la noirceur de l’océan, des êtres tentaculaires, ou tout simplement trop grands pour qu’on les conçoive dans leur entièreté, ou que le simple fait de les concevoir évoque la terreur. Je ne ressens aucune de ces émotions quand je regarde ces films-là. On court, on crie, on s’affole, mais pas à cause des monstres. Au moins, Mothra vient nous chanter une petite chanson.
Ce chapitre de la saga épique à travers le Monsterverse se poursuit. Le terrible Godzilla ainsi que le puissant King Kong, deux figures iconiques du genre, s’affrontent au grand jour sous le regard impuissant de l’humanité.
Année : 2021
Réalisation : Adam Wingard
Scénario : Terry Rossio, Michael Dougherty, Zach Shields
Effets spéciaux : —
Que manquait-il selon le géant américain pour rendre l’univers de Godzilla plus captivant et palpitant. On le sait que les studios nous offrent une grande distribution d’acteurs parce qu’ils sentent que le public ne peut pas s’identifier autrement à l’histoire. Je ne sais pas si j’en ai déjà fait mention auparavant, mais le phénomène d’identification c’est simplement l’expression qu’on utilise pour parler du processus empathique par lequel le public ressent ce qui se passe et confond ses propres sentiments à la fiction qui se déploie devant lui. Cette pensée a dévié vers une fausse croyance que le public ne peut que s’identifier à quelque chose ou quelqu’un qui lui ressemble; les hommes ne comprennent pas les femmes; les Anglais ne pigent rien aux Français; les humains ne peuvent pas comprendre les reptiles géants.
Les gorilles? Ah oui! Ça, c’est beaucoup plus proche de nous. On peut vraiment plus s’identifier à un gros primate, c’est sûr. Je veux dire, je me lève le matin et l’envie me prend de déchirer la gueule d’un tyrannosaure et d’empoigner la première femme que je trouve jolie pour l’amener au sommet de la tour IBM (même si j’imagine que les avions qui voudraient m’en déloger seraient sûrement un modèle Curtiss F8C Helldiver). En plus, ce gros singe-là, il va mieux représenter les États-Unis, non? Ben oui toi, pour se dissocier des horreurs de la bombe nucléaire et des attaques sur le Japon (ne pensez pas qu’on en fait mention dans les films étatsuniens), leur meilleur moyen c’est de se rattacher à la destruction des peuples autochtones et à l’esclavagisme privant les êtres vivants de leur dignité… Ouin, de beaux choix ça, Uncle Sam.
Si Godzilla est représenté gros et lourdaud, King Kong n’a jamais été autant en forme. Pas que je m’attendais à voir l’iconique colosse simien avec quelques kilos en trop et des courbatures, mais pourquoi rendre la légende atomique si peu charismatique en comparaison? C’est sans contredit le nouveau look Chip ‘n’ Dale : Rescue Rangers qui vient tout gâcher, et ce, pour tous les Kaijus. Là où jadis de savants effets spéciaux confondaient le regard du public se retrouvent maintenant le CGI recyclé pas plus impressionnant qu’une cinématique de jeu vidéo, mais auquel on ne joue jamais. On n’a plutôt l’impression de regarder un pervers narcissique s’essuyer les pieds pleins de merde sur ton chobi préféré alors qu’il est sur le mur en te disant : « Ben là, quoi? Ça sert à ça les tapis. »
Deux anciens titans, Godzilla et Kong, s’affrontent dans une bataille épique alors que les humains dévoilent leurs origines entrelacées et leur lien avec les mystères de Skull Island.
Année : 2024
Réalisation : Adam Wingard
Scénario : Terry Rsosio, Adam Wingard, Simon Barrett
Effets spéciaux : —
Version américanisée du (aheum… évitez celle-là… aheum. Voyons, maudite toux). Celui-là, c’est le film où l’effort pour divertir est à son minimum. Effets CGI génériques sans envergure avec pas un, mais DES Gorilles géants qui paraissent minuscules en déambulant dans un environnement dont la disproportion n’a d’égal que la platitude des interactions. On fait difficilement la différence entre la taille des humains et des Kaijus à peu près la moitié du temps. Ça vous dit de voir des acteurs devant des écrans verts ou juste des écrans verts pas d’acteurs? Rendu-là, pourquoi pas ni acteurs ni écrans verts et juste du faux. Vous inquiétez pas, pas de danger qu’on voie de vrais acteurs et de vrais effets spéciaux. Ben non, les effets de nos jours ils sont visuels pas spéciaux et ça se sent. Cependant, le public aussi a changé. Toujours plus prompt à déclencher une guerre de tranchées et diviser le public sur des sujets inutiles comme : le sexe de Godzilla et de l’autre reptile de glace.
Ce qui me fait rire, c’est que les gens qui croient être ingénieux — ou « clever » de son anglicisme — et qui ne le sont pas créent souvent des polémiques autour de faits « controversés » qui n’ont rien à voir avec les thématiques abordées par l’œuvre. Bon, c’est sûr que maintenant il est plus difficile de défendre les bananes collées aux murs que composent la majorité des productions distribuées par Disney et Warner Bros comme étant d’authentiques pièces d’art. Néanmoins, suffit qu’un zonzon paye la banane 6.2 millions et tout d’un coup c’est ça que ça vaut. Vraiment? Parce qu’une supposée autorité dans un domaine quelconque dit que ça vaut de l’or (ou art, c’est comme vous voulez), c’est ça que c’est, et c’est tout? Les rebuts des uns font les trésors des autres… ou quelque chose du genre. Pendant ce temps personne ne questionne le sexe de King Kong ou pourquoi il semble n’y avoir aucune femelle dans son espèce. Parce qu’il faut assumer que ce sont tous des mâles, c’est ça? Les femmes, elles ont des papillons et des chenilles et Godzilla on peut dire they, asteure. Vous inquiétez pas, il n’y a pas de danger, Godzilla est seulement un incompris.
C’est le monde à l’envers. À la place d’avoir une idée originale avec laquelle on peut aborder des points de vue différents et intéressants de la vie, on utilise des bannières populaires pour contribuer à des discours déjà très présents, voire dominants. Les méchants ce ne sont plus les industriels ou les riches. Désormais, la planète est la seule victime et ses bourreaux sont chacun d’entre nous. On parle tellement de King Kong que c’est à se demander : c’est le film de qui? Autant de confusion lors de l’affrontement final où les modèles 3D s’entrechoquent virtuellement dans une chorégraphie incompréhensible rendant l’action presque vulgaire. Si j’avais besoin qu’on prenne l’une de mes idoles d’enfance pour en faire un produit dérivé et dérisoire je me serais abonné au Disney Channel. De quoi Godzilla est sur Disney Channel? Ah, misère!
Pas de palmarès pour les films états-uniens (ben quoi, vous pensiez que j’allais parler de quoi sinon?). C’est donnant-donnant; pas d’excuses, pas de bonbons. Vous ne trouvez pas ça étrange de leur part? Les États-Unis restent persuadés de la justesse de leurs actions posées à l’égard de peuples qu’ils ont affrontés, mais ils insistent pour ensuite essayer d’en peindre un portrait honorifique. The Last Samurai et The Last Mohican sont deux exemples flagrants de cette glorification abusive; des peuples fiers qu’ils nous disent. J’y remarque une petite tendance perverse narcissique — inconsciente peut-être — de leur part face à leur façon d’agir et de traiter les autres autour d’eux. Ils donnent une raclée après t’avoir traité de traînée pour ensuite te donner un beau bouquet de fleurs, pas pour se faire pardonner, mais pour faire oublier des excuses qui jamais ne seront données.
Je ne suis pas un « anti-étatsuniens », loin de là. Je suis simplement capable de constater qu’au point où nous en sommes maintenant, nous tous avons du sang sur les mains d’une manière ou d’une autre. Le reconnaître est la première étape vers le changement et l’espoir d’un monde meilleur. Lancer une bombe nucléaire C’EST un crime de guerre, surtout sur des zones peuplées majoritairement par des vies civiles. Bien sûr que le Japon n’est pas parfait et devrait sans doute demander pardon pour certaines choses, mais elles ne finissent jamais bien les histoires de rancœur et de vengeance… ou que très rarement. Honorer quelqu’un ce n’est pas le traiter comme une épitaphe sur une pierre tombale. Le pardon et la reconnaissance sont des choses qui se partagent; les réduire à une simple monnaie d’échange de courtoisie entre deux êtres, ou pire, avaricieusement se les rapporter à soi-même sont un manque de respect et de considération flagrant. Une fois que la main funeste de la Mort nous guide vers l’inextinguible sommeil, le temps pour les réconciliations est déjà passé. Peut-être est-ce pour cela que notre passage sur Terre consiste en un important et privilégié? Je pense au film The End de Joshua Oppenheimer, je crois qu’il avait raison. Peut-être est-ce pour cela que nous sommes ici en fin de conte (savant jeu de mots, non)?
Refaire des films Godzilla à la méthode USA c’est selon moi une astuce machiavélique proférant calomnieusement que la culture japonaise est non seulement conquise, mais également passée à leurs yeux. Qui d’autre que le pays des concours de « wet t-shirts » et de l’interdiction à l’avortement pour nous faire la morale. Traiter une icône toujours aussi présente que Godzilla de la sorte est à mon sens la preuve que le géant étasunien n’a toujours pas saisi que le monde en a assez des Robin des bois modernes qui prennent aux pauvres pour donner aux riches; et ce, peu importe la richesse. Le Japon, comme nous tous, n’est pas parfait, mais sa culture — malgré les efforts répétés des Étatsuniens (vous vous souvenez du film Le dernier samuraï) — reste toujours en pleine expansion. Si Godzilla représente la puissance des États-Unis et de la bombe nucléaire, alors les versions étatsuniennes sont en concomitance avec la structure narrative du pays qui fait davantage peur par son ridicule que par sa prestance imposant le respect.
Que reste-t-il à la fin de tout ça? Je plie bagage et je repars à l’aventure sans jamais regarder en arrière? Impossible, Godzilla gardera toujours une place spéciale dans mon cœur et encore plus maintenant que nous avons appris à mieux nous connaître. Je ne pourrai jamais plus l’oublier, je suis comme ça; rien ne m’éloigne jamais de ceux que j’aime. J’ai appris beaucoup plus que je ne l’aurais cru et si peu à la fois. Cependant, un sentiment m’envahit que je nommerais ainsi; admiration. L’envie de faire des films fut exacerbée par ma rencontre avec ce titan du cinéma autant sur le plan spatial que temporel comme pris de démangeaisons soudaines; un syndrome de sevrage. Godzilla pour moi est une promesse d’originalité du cinéma.
Il me pique, me pique, me pique ce besoin intense que même une claque, même un smack ne saurait me faire dévier (rassurez-vous je ne consomme pas d’opiacées). J’ai d’autres projets; certains même qui ne concernent pas Le Petit Septième, mais ai-je vraiment envie d’avancer comme une force inarrêtable pour me frayer un chemin en laissant tristesse et destruction derrière moi? Je crois que je saisis mieux pourquoi j’aime sortir des sentiers battus. Je parle souvent de mon signe zodiaque chinois (c’est la même chose pour les Japonais ou presque), le cheval, à la blague. Néanmoins, dans l’astrologie, les chevaux ont une tendance à vouloir atteindre un objectif en empruntant un chemin moins fréquenté quitte à n’avoir aucun sentier pour trouver son chemin. Sur la grande route, la compétition inutile est inévitable et malgré sa fougue, le cheval aime courir pour le plaisir sans pour autant apprécier le stress et les désagréments de la rivalité.
Le rat dans son terrier ne se compare pas en hauteur au singe né dans les arbres. Le cheval n’est peut-être pas le meilleur grimpeur, mais il rappelle que tous n’ont pas les mêmes habiletés sans que cela enlève à leur beauté; qu’il est majestueux cet être une fois qu’au sommet de la montagne où s’étend un plateau où il est presque impossible de le rattraper. À quoi bon atteindre le point le plus haut si on ne peut rien toucher; d’où tous semblent être des fourmis? J’irai au-devant, en faisant le tour de cette colline d’épines qui bloque la vue de celles et ceux qui gardent les pieds sur terre. Je n’y verrai pas des insectes, mais des humains sensibles et intelligents. J’irai tout en haut seulement pour convaincre le coq apeuré de descendre s’abreuver sans crainte et sans arrière pensée.
Godzilla me donne également l’espoir que mon état n’est pas immuablement défini, mais en constante évolution. Je suis né cheval, pour devenir homme et puis quoi ensuite? Le chemin ne s’arrête pas où terminent le sable et le gravier, car l’aventure est grande et possiblement sans fin. Notre parcours est semblable à celui de l’univers que nous habitons; des étoiles éparpillées dans tous les sens qui tentent d’illuminer une noirceur toujours plus présente et envahissante. Les astres et les âmes de leurs multiples destins célestes s’apparentent aux lumières de Noël censées éclairer la nuit qui s’impose plus promptement ces temps-ci. On dit souvent qu’il fait toujours plus noir juste avant le lever du jour. Dans mon optimisme, je me dis qu’on doit avoir un maudit beau matin qui nous attend. Si je retiens quelque chose de tout ce parcours, c’est qu’il n’y pas que Godzilla qui soit tenace; nous aussi.
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