La cabane à sang - Une

Cabane à sang 2024 — L’expérimentation cinématographique à son paroxysme

Aaaah, le Festival de la Cabane à sang, vous connaissez?

C’est une véritable institution pour les amateurs de cinéma hors-normes! Cette pépite annuelle, pilotée par Frank Appache et sa troupe de cinéastes rebelles, transforment Hochelaga-Maisonneuve en un laboratoire cinématographique déjanté. Du 8 au 12 mai derniers, les conventions ont été joyeusement piétinées avec des courts-métrages si étranges et sanglants que même les hipsters les plus aguerris ont dû repenser leur définition de l’« art ».

Tout est bon pour secouer le cocotier de la créativité et donner vie à des films qui, bien que parfois bancals, débordent toujours d’une énergie contagieuse.

Je vais revenir en particulier sur les soirées des 9, 10 et 11 mai.

Le 9 mai, l’ambiance était particulièrement intimiste au Bistro de St-Catherine pour la soirée Keep it Weird. La logique a pris une sacrée claque ce soir-là, avec des films qui semblaient plus provenir des délires hallucinatoires d’un esprit dérangé que d’un studio de cinéma. Imaginez des scénarios concoctés lors d’une nuit blanche sous l’influence de Cheez Whiz périmé et d’un trip d’acide, et vous aurez une petite idée de l’absurdité du programme. À la fin, les spectateurs, désorientés, se sont demandé si tout cela était réel ou simplement l’effet d’une dernière bière un peu trop audacieuse.

Quelques pépites qui se sont démarquées :

Nosepicker de Ian Mantgani – 2023

Georgie est un écolier de 8 ans qui a pris l’habitude de se curer le nez. Harcelé par ses camarades et ignoré par les adultes, il se réfugie dans cette manie, qui conduit à des conséquences plutôt macabres.

Bande-annonce

Fck’n nuts de Sam Fox – 2023

Sandy - Phone - Fucking nuts

Sandy est contrainte de rompre avec l’homme de ses rêves pour l’empêcher de rencontrer ses parents pour le moins atypiques.

Coucou tchoutchou de Charlie Mars – 2021

Niveau synopsis, je pense que le film parle de lui-même. Il faut se laisser porter par sa fraîcheur et son aspect acidulé.

Pour ceux qui auraient manqué ce petit bijou, il est disponible ici :

Trou de beigne de Fred Lavigne, Robin Anctil & Charles Parisé – (2024)

Film réalisé dans le cadre de la soirée 25e anniversaire de Kino Montréal.

Un homme devra utiliser toute son imagination pour se sauver d’un jeu de société compliqué imposé par ses amis.

***

Le 10 mai dernier, la soirée Viandes Mixtes a pris d’assaut l’ancien marché Maisonneuve, fidèle à sa devise : « Plus c’est grotesque, mieux c’est ». Un véritable festin cinématographique a été servi pour les amateurs de gore. 

Imaginez-vous, une bière bien fraîche de L’Espace Public à la main, embarqué dans une visite guidée macabre à travers les intestins de quelqu’un avec Inside You, suivi d’une incursion terrifiante dans le sous-sol de votre immeuble, agrémentée d’une dose de lessive avec Coin Slot. Assistez à la quête désespérée de cerveaux par des zombies affamés dans Naked Zombie Girls, vivez les pires cauchemars de pizzas dans When You’re Here, You’re a Pizza, et découvrez un squelette « cancelé » pour mauvaise conduite osseuse — vous êtes prévenus!

Chaque projection a métamorphosé le lieu en un antre de l’étrange et de l’horreur, où chaque gorgée de bière renforçait la sensation que les surprises étaient loin d’être terminées.

Les petits coups de cœur :

Evil dinner de  Jöse Murzia 

Evil Dinner est une lettre d’amour du réalisateur au cinéma fantastique de série B des années 80 et 90. Vous hésiterez peut-être deux fois avant de commander une pizza à l’ananas.

Bande-annonce

When you’re here, you’re a pizza! de Tim Schwagel – (2023)

River commande la même pizza tous les jours. Que pourrait-il bien se passer de mal? Une dévotion totale et inébranlable envers une marque est toujours la réponse.

Vous pouvez voir le film ici :

Coin slot – The horror of doing Laundry in Los Angeles de Quinton Buxton – (2024)

Toute personne vivant dans un appartement en ville le redoute. C’est une activité pleine de conflits, de douleur et d’horreur. Aujourd’hui, un homme tente cet exploit… faire sa lessive.

Vous pouvez voir le film ici :

Pig farmer (collectif)

Petit stop motion réalisé par des enfants de 10 ans. 

Simple et efficace. L’esprit est là!

He sees all de Heath Benfield

Un prêtre lutte pour résister aux tentations charnelles sous la surveillance puritaine de son dieu tout-puissant.

Bande-annonce

***

Le clou du spectacle a sans doute eu lieu le 11 mai dernier, avec le Party Pooper Spectacular Trash Film Competition. Cette soirée, à guichets fermés, a brillamment mis en scène une compétition de courts-métrages concoctés avec moins de 200 dollars, tous axés sur le thème de la télévision. Les films, ne dépassant pas cinq minutes, ont oscillé entre le ridicule pur et l’absurdité totale, déclenchant rires nerveux et regards incrédules tout au long de l’événement. C’était comme un retour en 2005 sur YouTube, mais avec une bière en main. Les cinéastes, majoritairement locaux, ont investi toute leur passion et leur inventivité, transformant la soirée en un moment aussi loufoque qu’inoubliable.

Les deux grands gagnants de la soirée sont :

Gorille et Gimpy de Robin Anctil (2024)

Un marionnettiste talentueux arrive chez des clients pour le moins peu ordinaires.

gorille et gimpy

Sélectionnés par les membres du jury, les grands gagnants ont séduit tout le monde avec le « Bébé Hitler » et « Gimpy » bien évidemment. Bien joué!

Le nid de la veuve noire de Charles C. Richer (2024)

THE BLACK WIDOW_S LAIR - Online - OFFICIAL Poster

Une jeune femme séduisante aborde des hommes avec un sourire innocent, mais ses victimes ignorent qu’elles vont devenir les stars d’un spectacle macabre en direct. Jusqu’où ira-t-elle pour satisfaire l’appétit insatiable de ses followers?

Ce court-métrage a remporté le prix du public.

Mais aussi :

Nu de Olivier Labonté Lemoyne (2022)

Nu-Poster

Un jeune couple de vingtenaires sans histoire trouvent un endroit intime où garer leur voiture et s’aimer loin des regards indiscrets. Du moins, c’est ce qu’ils croient… Au creux de la forêt, leur intimité sera le théâtre d’une déstabilisante rencontre entre la sensualité et l’horreur.

Vous pouvez lire la critique de Nu, ici.

Pornoway de Loudvic Beaulne (2024)

Pornoway

Deux jeunes décident de se divertir en regardant un film porno, mais l’actrice a d’autres plans. Ce qui commence comme une soirée ordinaire prend rapidement une tournure terrifiante.

***

En somme, la Cabane à sang a encore réussi à prouver que l’horreur et le bizarre sont les meilleurs divertissements, surtout quand on ne prend absolument rien au sérieux, cinéma y compris. Pour ceux qui pensent que le terme « cinématographiquement correct » est un oxymore, ce festival est votre rendez-vous annuel incontournable, agrémenté d’une pinte de bière locale et d’un zeste d’ironie bien tranché.

Rendez-vous en octobre pour une nouvelle série de projections, avec encore plus de films qui vous feront dire : « Mais qu’est-ce que je viens de regarder?! »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième