Le FIFA commence aujourd’hui, et tel qu’annoncé hier, on vous présente 5 courts métrages qui ont retenu notre attention.
Je tiens à spécifier que les films dont je vais traiter ici ont été choisis par pur intérêt de ma part. Voyons voir!
Compétition – courts-métrages
Dans un monde dystopique où les images ont pris le dessus, les photos se transforment en les objets qu’elles représentent. Des piles de selfies, de chats et de repas sont éparpillées partout, et une architecture vertigineuse crée des frontières et isole les gens. Un essai innovateur, portant sur la saturation médiatique et son impact sensoriel et écologique écrasant.
Il y a quelque chose de vraiment troublant dans White Shadows. On parle beaucoup d’écologie, mais rarement de la pollution numérique. C’est en quelque sorte un dur constat que nous présente ce court métrage à l’image incroyablement réussie.
On sait maintenant que le numérique a aussi une empreinte écologique. Mais ce que fait Annelore Schneider ici, c’est de donner une image, un visuel à cette pollution. Tous ces selfies, ces photos de chats ou de publications « insta » ont un prix. On ne ressort pas du visionnement de White Shadow indemne.
Compétition – courts-métrages
Rencontrez Nazario, le fondateur du mouvement underground de bande dessinée espagnol et pionnier des romans graphiques gay. À travers des photos, des films en 16 mm, des illustrations et des peintures, il vous fait découvrir son travail flamboyant et explicite, en revenant sur son histoire d’amour avec son petit ami, récemment décédé, et sur sa vie mouvementée à Barcelone.
The garden of Fauns est un portrait au format classique, sur un article pas très classique. Mais bien que la forme soit classique, le contenu ne l’est pas tant. Nazario était un dessinateur avant-gardiste, un peintre et, plus tard, un photographe. Ce qui reste constant dans son œuvre, c’est sa fascination à montrer la sexualité entre hommes et leurs corps.
Ses BD ont choqué, et dérangent toujours. Il aura été le deuxième artiste à oser montrer des hommes performants des actes sexuels de façon explicite, après Tom of Finland. Et soyez averti, le réalisateur ne se gêne pas pour montrer les œuvres et ne censure rien.
Bien que The garden of Fauns ne soit pas particulièrement palpitant, il demeure vraiment intéressant de par son sujet.
Compétition – courts-métrages
Basé librement sur le livre de photographies d’Ed Ruscha Nine Swimming Pools and a Broken Glass, ce court-métrage ludique réfléchit sur les différentes perceptions et utilisations des piscines. Du travail aux dilemmes de classe, en passant par les loisirs, le sexe et la tragédie, le cinéaste explore la signification des piscines dans notre culture et dans nos mémoires collectives.
Alors là, voici un étrange documentaire sur les piscines. Le lien avec l’œuvre de Ruscha n’est pas si flagrant, mais le film reste intéressant. Par moment, une image tirée du livre apparait de façon très subtile. Ce qui est intéressant de ce court métrage, c’est que le réalisateur ose montrer des scènes et plutôt inattendues, surtout dans une œuvre de ce genre. Il y insère même quelques plans de sexualité explicite. Ce genre de scènes n’est plus si choquant lorsqu’on a vu des films comme Love, de Gaspar Noé. Mais dans un court métrage se rapprochant du documentaire, c’est assez rare.
Un film à voir si vous êtes ouvert à sortir de votre zone de confort.
Compétition – courts-métrages
La goddam voie lactée est une adaptation de l’œuvre chorégraphique de Mélanie Demers. Lancée en première mondiale en juin 2021 au Festival TransAmérique, la pièce a connu une trajectoire impressionnante. Ici filmé par l’œil de Jérémie Battaglia, ce petit big bang esthétique nous projette dans l’univers imparfait et infini auquel nous appartenons et dans lequel nous choisissons de continuer, ensemble, malgré tout. Car après tout, désespérer ensemble, c’est déjà espérer un peu.
Si on fait abstraction de la première séquence, qui se déroule dans un brouillard un peu trop épais pour que l’on puisse apprécier les mouvements, La goddam voie lacté est un chef-d’œuvre de court métrage. Le tout premier plan, celui d’une femme qui pleure, donne le ton : La goddam voie lactée nous amènera à vivre des émotions.
Tout d’abord, la chorégraphie est impressionnante. Les danseuses, au-delà des mouvements, performent sur des surfaces qui rendent complexe le mouvement et la stabilité. D’une petite plaque d’environ 3 pieds carrés, à une montagne de sable mou, rien ne les empêche d’offrir une performance impressionnante et juste.
Puis, il y a l’image. La goddam voie lactée est visuellement impressionnante. Les paysages, les décors et les costumes sont agencés à la perfection. Les images en sont simplement magnifiques. La scène la plus mémorable se présente alors que les 4 femmes dansent dans une montagne de sable brun pâle où personne n’a marché et foncé où il a été retourné. Les habits rose foncé (pour 3 des 4 filles) et pâle font un contraste marqué, alors que le ciel est impressionnant. Les nuages blanchâtres et le gris foncé du ciel offrent un autre contraste à la pâleur du reste de l’image. C’est dans ce paysage surréel que l’une des interprètes danse comme si sa vie en dépendait. Son costume rose pâle, son visage et ses cheveux salis par le sable. Une des plus belles scènes de danse que j’ai vu au cinéma. Et j’en ai vu des scènes impressionnantes. Parmi les plus impressionnantes visuellement, il y a Aska, et L’étreinte des Valkyries, auxquels La goddam voie lactée se compare totalement.
Ne le manquez pas!
Compétition – courts-métrages
Ce court-métrage d’animation doit sa naissance à l’exploitation d’un modèle d’intelligence artificielle (IA) qui a généré des milliers de tableaux en mouvement, chacun singulier. L’œuvre nous interpelle sur notre rapport à l’espace et au temps et nous amène à réfléchir aux conséquences de notre désir de possession. Directement en phase avec le débat passionnant sur les frontières entre copie et innovation artistique, ce film alliant habilement art et technologie souligne la puissance de l’IA dans l’univers de l’art.
Que puis-je ajouter à ce résumé? Le court métrage est intéressant dans l’optique qu’il doit sa création à une intelligence artificielle. Je dirais aussi que ça montre que ces « machines » ne sont pas encore prêtes à prendre la place d’un réalisateur ou d’une réalisatrice.
Cela étant dit, ce genre de traveling avant de 4 minutes dans lequel on à l’impression d’avancer vers des maisons qui brulent et qui sont en même temps pénétrés par de l’eau, fait réfléchir sur les avancées technologiques des dernières années en ce qui a trait à l’art.
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