Après avoir déterré une gemme contrôlant un monstre maléfique cherchant à détruire l’univers, une jeune fille et son frère l’utilisent pour combler leurs désirs.
Dans les dernières années, le cinéma de genre au Canada a vu émerger une nouvelle tendance. Il s’agit de films indépendants, rentrant dans des genres très précis comme la science-fiction ou l’horreur, avec un faible budget. Les cinéastes ont, cependant, beaucoup de créativité en ce qui concerne la violence, les effets spéciaux et l’humour. Le tout mélangeant de nombreuses références à la pop culture. Ce genre de films est surtout apprécié par des niches de fans. Ce sont, par exemple, de très bons choix dans des festivals comme Fantasia. Les films les plus connus qui se retrouvent dans cette catégorie sont sans aucun doute Turbo Kid et Summer of 84, les deux longs-métrages réalisés par le collectif québécois RKSS, qui ont notamment connu un immense succès dans les festivals. Parmi les autres exemples, on peut retrouver Riot Girls de Jovanka Vuckovic, Slaxx d’Elza Kephart ou encore The Void de Jeremy Gillespie et Steven Kostanski. Ce dernier est d’ailleurs le réalisateur du film qui nous intéresse et qui rentre parfaitement dans cette sélection : Psycho Goreman.
Ici, on a un concept qui se rapproche de E.T., c’est-à-dire des enfants qui trouvent un extra-terrestre perdu sur terre. La petite subtilité, c’est que ce dernier est un seigneur de guerre qui cherche à éradiquer toute vie dans l’univers. La protagoniste, une petite fille à l’esprit sadique, ne cherche pas à le renvoyer chez lui, mais à profiter de lui grâce à une pierre précieuse qui le contrôle. Aussi, les agents du gouvernement cherchant à expérimenter sur les nouvelles vies extra-terrestres sont remplacés par une guerrière tentant de tuer la menace. Avec ce postulat, le film se classe en tant que comédie. Et donc, premier point fort, le long-métrage est très drôle.
Cet humour fonctionne grâce à deux choses. D’abord, les situations présentées forment un parfait décalage. Voir un personnage montré comme dangereux et maléfique dans de drôles de situations comme jouer au ballon ou participer à une chanson est déjà très cocasse, mais c’est aussi le reste des personnages qui semblent totalement étrangers à ce qui les entourent. Mention spéciale au père qui est sans aucun doute le personnage le plus drôle du film. Il siège au conseil intergalactique et, il donne à chacune de ses apparitions et à l’affrontement final — dont il serait dommage de dévoiler le déroulement — un côté cocasse, et totalement unique. Mais l’autre aspect qui sert l’humour de Psycho Goreman, c’est sa violence. Il est vrai que chacun est sensible à un différent niveau à des images violentes. Certains les supportent, d’autres non. Donc, dire que l’aspect le plus drôle d’un film est ses scènes violentes peut sembler étrange. Mais ici, elles sont à prendre au deuxième degré et sont totalement exagérées. Le réalisateur s’amuse beaucoup avec le faux sang et propose des moments de pure cruauté tournés en dérision. Notamment alors que l’extra-terrestre du titre (qui pour la blague est surnommé PG, en référence à la classification des films aux États-Unis où ces deux lettres signifient que c’est une œuvre « tout public », donc le contraire du long-métrage) fait subir des choses abominables à ses victimes.
L’autre point fort de Psycho Goreman, ce sont ses effets spéciaux. Steven Kostanski nous présente un bestiaire de créatures spatiales variées et, chacun avec un très bon design. Si ce n’était que ça, mais les costumes sont aussi très réussis. Même que certains passent bien, surtout avec les mouvements des lèvres qui font preuve de rigidité, ils restent très convaincants et nous donnent l’impression qu’ils sont vrais. Pareil pour les créatures en animatroniques, notamment le personnage d’Alistair qui est sans aucun doute le plus réussi d’entre tous. Ils paraissent tout, sauf bon marché. L’efficacité de ces effets spéciaux est d’autant plus grande si on prend en compte le faible budget du film.
C’est là le plus gros défaut du film : l’impression fâcheuse qu’il n’a pas coûté cher. En même temps, c’est un problème qui se comprend. Le long-métrage n’a pas disposé d’un budget imposant et a dû faire avec ce qu’il avait. Ce qui bloque, c’est qu’on le ressent beaucoup trop. C’est un défaut que l’on retrouve dans la plupart des films cités plus haut, mis à part bien sûr ceux de RKSS. Outre les effets numériques qui font pitié à certains moments, c’est surtout à travers la mise en scène qu’on le ressent. Cette dernière est trop basique, sans réelle personnalité, mis à part dans certaines scènes qui se permettent plus de dynamisme. Des réalisateurs comme Sam Raimi ou John Carpenter ont su démontrer dans le passé que malgré un faible budget, ils ne manquaient pas d’audace et de créativité avec leur caméra. Celle de Psycho Goreman en manque clairement. Cependant, ça n’enlève rien à l’aspect divertissant du film. Aussi, la protagoniste est absolument désagréable et on a juste envie qu’elle se taise à certains moments.
Même si son manque d’envergure l’empêche de rentrer parmi les classiques modernes du cinéma de genre indépendant, Psycho Goreman reste une expérience drôle et divertissante que tous les amateurs de science-fiction, de films gore et de cinéma de genre vont apprécier. Il est disponible en streaming sur iTunes, Cineplex, Bell, Rogers, Shaw, Telus et Vimeo à partir du 22 janvier 2021 et aura droit à sa version DVD/Blu-ray le 16 mars. Une belle façon de découvrir un film qui aurait été facile de passer à côté en temps normal.
8/10
Bande-annonce
Titre original : Psycho Goreman
Durée : 95 minutes
Année : 2021
Pays : Canada
Réalisateur : Steven Kostanski
Scénario : Steven Kostanski
© 2023 Le petit septième