
L’année 2025 est pratiquement terminée. Après vous avoir présenté les tops de fin d’année de mes collaborateurs, c’est enfin mon tour.
Je dois dire que j’ai vu moins de films cette année que lors des 5 années précédentes. Je crois tout de même avoir des suggestions plus que pertinentes pour vous. Les 183 œuvres que j’ai regardées cette année (sans compter les arts vivants) me permettent de vous offrir mes tops 5 courts et longs métrages, ainsi que mon meilleur film familial et ma meilleure série de l’année.
Voici donc, dans l’ordre, mon film jeunesse de l’année, la série de l’année, le top 5 des courts et finalement le top 5 des longs métrages. Et, comme toujours, j’aimerais bien avoir vos commentaires sur les films que je devrais absolument voir parmi ceux de 2025.
Avec mes petits cinéphiles, on a vu une bonne quantité de films jeunesse ou familiaux pendant l’année. Nous n’avons pas traité de tous ceux-ci sur LPS, mais un titre s’est élevé au-dessus de la mêlée : Echo à Delta, de Patrick Boivin.

Étienne, 10 ans (Isak Guinard Butt) et son petit frère David, 7 ans (Elliot Cormier) partagent tout : leur chambre, leurs jouets, mais surtout leur imaginaire débridé. Lorsque David disparaît mystérieusement, Étienne, aidé de ses amis, tente de prouver qu’il a été enlevé par les extraterrestres.
Echo à Delta mélange merveilleusement le réel et le merveilleux. En utilisant l’imaginaire de l’enfance et en l’intégrant dans une dure réalité, ce film réussit à émouvoir, à faire rire et à offrir une réflexion sur la mort et le deuil lorsqu’un enfant est impliqué. En traitant de ces sujets de cette manière, Boivin se démarque des autres films qui visent les jeunes publics. Un film qui traite de la mort d’un enfant et de la façon dont le vit le petit frère arrive rarement sur nos écrans.
Ici, les jeunes acteurs sont bons, la mise en scène est juste et les adultes comme les petits seront en mesure d’aimer le film et de le comprendre chacun à son niveau. Alors que les adultes vont partager la détresse d’un parent et comprendre pourquoi ils s’isolent ainsi, un enfant pourra imaginer ce qui se passe en même temps et d’une manière semblable à celle de David.
Si vous avez un film à rattraper avec vos jeunes, c’est clairement celui-ci.
La série qui m’a le plus séduit cette année est M – Il figlio del secolo. Cette série italienne retrace de façon originale et avec un point de vue différent, le parcours de Benito Mussolini de ses débuts dans les rangs de l’extrême gauche, jusqu’à sa prise du pouvoir.
Les débuts de la carrière de Benito Mussolini (Luca Marinelli), depuis sa fondation des Fasci Italiani en 1919 jusqu’à l’assassinat de l’homme politique socialiste Giacomo Matteotti (Gaetano Bruno) en 1924 et son discours au Parlement le 3 janvier 1925.

La série de Joe Wright propose une plongée audacieuse en huit épisodes sur l’ascension de Benito Mussolini. L’œuvre se distingue par un choix narratif troublant : présenter le futur dictateur non pas comme un antagoniste immédiat, mais comme un personnage central charismatique et presque sympathique. En explorant ses relations personnelles et ses ambitions, la série réussit, du moins dans sa première moitié, à captiver le spectateur au point de lui faire oublier les horreurs historiques à venir.
La mise en scène joue un rôle crucial dans cette séduction médiatique, illustrant comment l’image peut être manipulée pour façonner l’opinion. Le réalisateur utilise une esthétique riche, oscillant entre les codes du film d’espionnage et l’intégration d’images d’archives pour ancrer le récit dans la réalité. Le procédé du « quatrième mur », où Mussolini s’adresse directement au public, renforce cette proximité ambiguë tout en soulignant la puissance de la propagande visuelle utilisée par les fascistes de l’époque.
La série s’inspire d’un roman retraçant le parcours de cet homme passé du journalisme socialiste au nationalisme radical après la Première Guerre mondiale. Dans ma critique je soulignais aussi la curiosité du spectateur face à cette transformation : après avoir vu un leader renaître de ses cendres et devenir Premier ministre en 1922, il reste à découvrir comment la série illustrera la bascule vers le totalitarisme et si le personnage finira par susciter l’antipathie qu’il mérite historiquement.
M – Il figlio del secolo est disponible sur Mubi.
Un regard doux-amer sur la résilience de deux trentenaires devant l’un des grands défis de la vie, fonder une famille.

Le court métrage d’Éric K. Boulianne, marquant son retour après dix ans d’absence, s’impose comme l’une des œuvres québécoises les plus justes sur le désir de parentalité. Avec un équilibre parfait entre humour et drame, le réalisateur nous plonge dans l’intimité d’un couple dont le parcours vers la conception devient une véritable odyssée émotionnelle.
On imagine souvent la procréation comme une équation simple, presque mécanique. Pourtant, la réalité est tout autre. Le film illustre avec brio comment ce projet de vie peut se transformer en une corvée planifiée, où la spontanéité s’efface devant des rapports sexuels dictés par le calendrier. Cette pression constante finit par fragiliser le quotidien et l’équilibre amoureux.
Boulianne filme le vrai, sans fard ni tabou. La nudité y est représentée avec un naturel désarmant, loin de toute recherche de sensualité artificielle, pour mieux souligner la vulnérabilité des corps et des cœurs.
Cette œuvre est un véritable petit bijou de vérité. Un regard nécessaire sur la complexité des liens durables.
Kevin pensait passer une nuit avec Jeanne. Mais cette dernière, sa conquête d’un soir, est une métamorphe. Elle prend la forme de ses fantasmes, se transformant pour le satisfaire… jusqu’à ce que tout bascule. Ce qui commence comme un jeu de séduction se mue en une épreuve intime, brutale et profondément troublante.

Lorsqu’on parle de consentement, on tourne souvent en rond. Rares sont les films qui poussent l’audace au-delà du petit drame ou de la simple comédie. Avec Last Night Stand, on va bien au-delà.
Non seulement on nous propose un genre de thriller surnaturel, mais on aborde les enjeux du dating et du sérial dating, ainsi que de l’éthique qui va plus loin que le simple consentement. On nous propose un film de vengeance sous forme de fantasme psychologique qui fera plaisir à tous ceux qui croient que le consentement n’est pas un luxe.
Une chaude journée d’été, une maison à peine aménagée, une mère qui a besoin de respirer et un enfant qui a besoin d’exister.

Avec L’été des chaleurs, Marie-Pier Dupuis ouvre une fenêtre percutante sur l’épuisement mental d’un parent séparé. Alors que le jugement social est souvent rapide face aux erreurs parentales, la réalisatrice choisit de remettre les pendules à l’heure en explorant les failles de l’humain.
L’esthétique du film — des images aux tons orangés et des personnages aux cheveux moites — installe immédiatement une atmosphère de canicule étouffante. Bien que le récit soit prévisible, il n’en demeure pas moins d’une redoutable efficacité. L’objectif n’est pas de surprendre le spectateur, mais de lui faire ressentir, de l’intérieur, la charge mentale d’un parent seul et d’expliquer l’inexplicable : comment un incident tragique peut survenir.
Il est facile d’affirmer que nous ne ferions jamais de telles erreurs. Pourtant, le film nous rappelle que l’épuisement extrême, particulièrement avec de jeunes enfants, peut faire déraper n’importe qui.
Ce court métrage brille par la qualité de son écriture, de son jeu d’acteur et de sa réalisation. C’est une œuvre réaliste et nécessaire qui force une réflexion profonde sur l’empathie et les limites de la résilience humaine.
Isabelle, une actrice en creux de carrière, rencontre son agente, qui a un rôle à lui proposer dans un nouveau projet. Ses attentes seront-elles comblées?

Avec Extras, Marc-Antoine Lemire rend un hommage vibrant à tous ceux qui ont déjà connu l’honneur (ou la gêne, selon le cas) de camper un troisième rôle muet.
T’es-tu déjà demandé à quel point ces figurants, qui ne font que traverser le champ ou peupler le flou de l’arrière-plan, sont essentiels à la crédibilité d’une scène? Ici, le réalisateur inverse les perspectives : plus l’intrigue progresse, plus notre attention se détourne des deux actrices principales pour se porter sur ces personnages sans texte.
Rappelant le génie de Buster Keaton, c’est ce qui se trame en retrait qui devient la véritable source du comique. Qu’il s’agisse d’un clown transportant maladroitement des ballons ou d’un client du restaurant sniffant une ligne de coke sur le comptoir, chaque micro-événement en arrière-plan transforme la scène en un moment hilarant.
C’est une comédie singulière, comme on en voit trop peu, et une véritable ode à l’invisible. Le film célèbre avec beaucoup d’esprit ceux qui, dans l’ombre des projecteurs, donnent vie au décor.
À l’occasion d’une célébration bien particulière, une mère-hôtesse a réuni lors d’un grand banquet des mères de famille et leurs enfants parfaits.
Avec Mothers & Monsters, Edith Jorisch s’attaque de front à la maternité et à la pression sociale suffocante qui l’accompagne. Mais elle ne s’arrête pas là…

Dans un premier temps, la réalisatrice expose avec une grande justesse la détresse des femmes qui peinent à concevoir pendant que leur entourage semble procréer avec une facilité déconcertante. Mylène Mackay, sans prononcer un seul mot, incarne magnifiquement ce désarroi et cette douleur silencieuse face à celles qui « pondent » des bébés comme on change de sous-vêtements.
Pour illustrer l’arrivée des nouveau-nés, Jorisch utilise l’imagerie du chou : chaque enfant est livré dans son emballage, prêt à être déballé. Mais le film devient particulièrement grinçant lorsqu’il montre ce qui suit. Ici, l’enfant n’est qu’un accessoire de réussite sociale. On prend le bébé, on l’exhibe le temps d’une photo, puis on le refile à la nounou. C’est une critique frappante de cette quête du paraître où l’intérêt maternel semble se limiter au prestige de l’image.
Le propos de Mothers & Monsters est toutefois plus vaste. Tandis que les femmes de la haute société s’empiffrent, des travailleuses s’échinent dans un sous-sol sordide pour préparer les nourrissons et leurs choux. C’est un film que l’on reçoit différemment selon son propre vécu. Que tu aies des enfants ou non, peu importe : regarde ce film! C’est une expérience visuelle et sociale nécessaire.
Je ferai les choses à l’envers cette fois-ci. Je commencerai par ma mention honorable. Il s’agit du Dracula de Radu Jude.

Radu Jude revient avec une nouvelle épopée révolutionnaire, une adaptation du premier roman de vampires roumain, une romance contrariée, des champs de phallus, beaucoup de sang, et bien plus encore. Il va à l’extrême de son parcours… pour le plaisir du spectateur. Un film qui risque d’en faire fuir plusieurs, mais qui saura faire réfléchir les autres sur ce que le cinéma peut faire de nouveau, encore aujourd’hui.
Amour. Doute. Responsabilité. Paternité. Éthique. Telles sont les forces qui façonnent Mariano De Santis (Toni Servillo), le président italien sortant. À l’approche de la fin de son mandat, De Santis est confronté à des décisions déchirantes, à la fois politiques et profondément personnelles. Face à ces dilemmes moraux, il doit se confronter à sa propre conscience et chercher conseil auprès de ses proches, notamment sa fille, Dorotea (Anna Ferzetti). Ensemble, ils se penchent sur la question intemporelle : à qui appartiennent nos jours.

Dans La grazia, Paolo Sorrentino renoue avec ses thèmes de prédilection : le passage du temps et l’héritage que l’on laisse derrière soi. Le film suit Mariano De Santis (interprété par Toni Servillo), un président torturé par une décision législative cruciale sur l’aide à mourir en Italie. Déchiré entre l’image d’un meurtrier s’il signe la loi ou celle d’un tortionnaire s’il s’y refuse, l’homme est hanté par le dualisme entre le pardon et le droit de mourir, s’interrogeant sur ce qui définira ultimement son passage au pouvoir.
Visuellement somptueuse et poétique, l’œuvre joue sur un contraste de rythmes saisissant pour illustrer l’inaction du protagoniste. Alors que le récit avance avec une lenteur contemplative, reflétant l’indécision de De Santis face aux documents qui le grugent, une bande sonore techno énergique vient régulièrement rompre le silence. Cette musique, discrète, mais percutante, agit comme un métronome rappelant que le temps presse et que l’urgence de décider se fait de plus en plus oppressante à mesure que l’échéance approche.
Plus qu’un simple film politique, La grazia est une plongée profonde dans l’âme humaine et la mémoire. Il force le spectateur à réfléchir sur ses propres actions, sur la difficulté de trancher et sur la nécessité de se pardonner à soi-même avant de pouvoir l’accorder aux autres. Une œuvre magistrale de Sorrentino qui, par sa justesse, semble déjà destinée à traverser l’épreuve du temps.
1815. Jean Valjean (Grégory Gadebois) sort du bagne, brisé, rejeté de tous. Errant sans but, il trouve refuge chez un homme d’Église (Bernard Campan), sa sœur (Isabelle Carré) et leur servante (Alexandra Lamy). Face à cette main tendue, Jean Valjean vacille et, dans cette nuit suspendue, devra choisir qui il veut devenir.

Avec cette nouvelle adaptation des Misérables, Éric Besnard délaisse la fresque épique habituelle pour se concentrer sur les cinquante premières pages du chef-d’œuvre de Victor Hugo. Le film explore avec une intensité rare la rencontre déterminante entre Jean Valjean et Monseigneur Myriel. En mettant l’accent sur cette nuit charnière et en intégrant des flashbacks marquants du bagne, le réalisateur dresse le portrait d’un antihéros brutal et vulgaire. Porté par la performance physique et silencieuse de Grégory Gadebois, le personnage n’est pas ici un grand parleur, mais un homme dont les dix-neuf années de prison ont forgé une armure de haine envers un monde qui le rejette.
Au cœur du récit se pose la question fondamentale de la nature humaine : l’Homme est-il bon ou mauvais? Le duel psychologique entre Valjean et Myriel devient une réflexion moderne sur la réinsertion et le poids des étiquettes sociales. Besnard illustre comment le mépris des autres pousse l’individu à s’enfermer dans une image négative de lui-même, un écho frappant à la méfiance contemporaine envers « l’étranger ». Le film suit ainsi la résistance de Valjean face aux « assauts du Bien », jusqu’à ce que sa rencontre avec la bonté pure finisse par fendre sa carapace de colère pour le ramener vers la lumière.
Fidèle à l’humanisme de Hugo, Jean Valjean propose une structure narrative originale où l’histoire est portée par trois narrateurs — l’homme, la femme et l’enfant — rappelant que l’œuvre reste nécessaire tant que la misère persiste. Entre une critique subtile de la religion de l’époque et une mise en scène qui redonne toute sa place à la souffrance des marginaux, cette version de Besnard s’impose comme une relecture essentielle et profondément actuelle du classique.
Kana (Mayumi Yoshida), une artiste en difficulté revient au Japon pour les funérailles de sa grand-mère, où la découverte d’un secret de famille et la reconnexion avec un vieil amour la forcent à affronter ses propres choix en matière d’amour et de carrière.

Avec Akashi, Mayumi Yoshida propose une œuvre d’une grande profondeur sur le deuil, l’identité et le poids des sacrifices nécessaires à la poursuite de nos rêves. Adaptation de son propre court métrage autofictionnel, le film explore l’idée que chaque décision majeure est un carrefour : choisir une voie, c’est inévitablement en abandonner une autre. Pour Kana, l’héroïne, le choix de quitter le Japon pour étudier l’art a signifié le renoncement à un grand amour, une blessure qui colore toute son existence.
Le film utilise une esthétique visuelle marquante pour traduire cette mélancolie. La photographie oscille entre un noir et blanc sobre, qui souligne la gravité du deuil de Kana, et des séquences en couleurs qui dévoilent d’autres récits de choix déchirants. À travers ce va-et-vient entre passé et présent, Yoshida fusionne les thématiques de l’aspiration artistique et de la lutte des classes, offrant une réflexion douce et triste sur les amours contrariés et les conséquences à long terme de nos actes.
Peu de films traitent de l’éloignement avec autant de justesse. Akashi nous place dans un état d’apesanteur, nous forçant à nous demander ce que nous serions prêts à sacrifier pour notre propre bonheur. C’est un récit poignant sur la nécessité d’assumer ses décisions, même lorsque le passé revient hanter un équilibre durement acquis. Sans contredit l’un des plus beaux films de l’année.
Dans un dialogue amical et passionné, le docteur Augustin Masset (Kad Merad) et l’écrivain Fabrice Toussaint (Denis Podalydès) se confrontent pour l’un à la fin de vie de ses patients et pour l’autre à sa propre fatalité. Emportés par un tourbillon de visites et de rencontres, tous deux démarrent un voyage sensible entre rires et larmes : une aventure humaine au cœur de notre vie à tous.

Avec Le dernier souffle, Costa-Gavras nous offre un essai philosophique bouleversant sur la fin de vie et la nécessité d’apprendre à mourir pour atteindre une certaine sérénité. À une époque où le simple mot « mort » est devenu tabou, remplacé par des euphémismes, le réalisateur questionne la place de la dignité dans ce passage inéluctable. À travers l’exploration des soins palliatifs, le film démontre comment cet accompagnement peut aider non seulement le mourant à partir avec respect, mais aussi les proches à accepter le départ.
Né de conversations entre un philosophe et un médecin, le scénario évite les clichés grâce à une écriture juste et aux performances magistrales de Denis Podalydès et Kad Merad. Le récit met en scène la rencontre entre un homme qui sent la fin approcher et un médecin spécialisé dans l’accompagnement. Ce duo permet de creuser la question de la mort sous tous ses angles : de la défaillance physique et la gestion de la douleur jusqu’au refus émotionnel de laisser partir l’autre, tout en cherchant l’équilibre nécessaire pour un départ apaisé.
Dans un contexte post-pandémique marqué par une angoisse climatique et une peur de la fin du monde chez les jeunes, ce film arrive à point nommé. Bien que le sujet soit difficile et qu’il force inévitablement le spectateur à réfléchir à sa propre mortalité, l’approche de Costa-Gavras reste lumineuse et accessible. On n’en ressort pas le cerveau embrumé, mais peut-être simplement les yeux mouillés, avec le sentiment d’avoir vu une œuvre essentielle qu’il faut absolument découvrir.
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu.

Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau! Tous devront désormais apprendre à dépasser leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’offre à eux…
Avec Flow, Gints Zilbalodis signe une fable moderne d’une beauté onirique, capable de captiver autant les enfants que les adultes sans prononcer un seul mot. En misant sur une narration purement visuelle, le réalisateur évite les clichés des animaux anthropomorphes : ici, les bêtes conservent des comportements crédibles et instinctifs. Ce choix audacieux respecte l’intelligence du jeune public et permet une immersion totale dans un voyage de survie déclenché par une inondation spectaculaire. Le spectateur suit le périple d’un chat qui, fuyant d’abord l’eau et les autres par pur instinct égoïste, finit par apprendre la vie en société au fil d’une odyssée contemplative et magnifiquement rythmée.
Le film utilise cette catastrophe naturelle comme une puissante analogie des comportements humains. Chaque animal du groupe incarne un trait de caractère social : le chat représente la fuite devant les problèmes, le lémurien devient une critique du consumérisme par son besoin d’accumuler des objets pour être accepté, tandis que l’oiseau cherche la rédemption et le capybara incarne une forme de marginalité sereine. À travers des scènes visuellement époustouflantes, comme celle de la tour, le récit explore la transition entre l’isolement et la solidarité nécessaire pour affronter un monde qui s’écroule.
C’est l’un des plus beaux films d’animation, tant par sa maîtrise technique que par sa profondeur thématique. En laissant la conclusion ouverte et en ne fournissant aucune explication inutile sur l’origine du cataclysme, Zilbalodis offre une œuvre qui suscite naturellement la discussion et la réflexion, peu importe l’âge. Un voyage sensoriel et philosophique indispensable.
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