
« Di chi sono i nostri giorni? »
« À qui appartiennent nos journées? »

Amour. Doute. Responsabilité. Paternité. Éthique. Telles sont les forces qui façonnent Mariano De Santis (Toni Servillo), le président italien sortant. À l’approche de la fin de son mandat, De Santis est confronté à des décisions déchirantes, à la fois politiques et profondément personnelles. Face à ces dilemmes moraux, il doit se confronter à sa propre conscience et chercher conseil auprès de ses proches, notamment sa fille, Dorotea (Anna Ferzetti). Ensemble, ils se penchent sur la question intemporelle : à qui appartiennent nos jours.
Réflexion intime sur l’identité et la mémoire, La grazia, de Paolo Sorrentino, explore l’empreinte indélébile que chacun laisse derrière soi, à travers sa famille et ses actions. Un film politique qui creuse au plus profond de l’âme de l’être humain.
Ce qu’on laisse derrière… Voilà une question qui semble hanter Sorrentino. Que l’on pense à La grazia, à Youth ou encore à La grande bellezza, la thématique de l’âge qui avance liée au questionnement du legs reste présente dans l’œuvre du réalisateur italien.

Ici de façon peut-être encore plus claire que par le passé, le réalisateur se penche sur la politique. Mais non pas d’un point de vue tant de société que de ce qui restera associé à un président. Mais évidemment, s’il n’y avait que ça, ce ne serait pas un film de Sorrentino. Au cœur de cette question du legs, il y a la question de légaliser l’euthanasie (aussi connu ici sous le nom de « l’aide à mourir ») en Italie.
Mais l’homme est torturé par l’idée de ce pour quoi l’Italie se souviendra de lui. S’il signe la loi, il devient un meurtrier, mais s’il ne la signe pas, il est un tortionnaire. Pour encore mieux illustrer le dualisme qui le hante, le réalisateur ajoute la notion du pardon. Le président à, sur la table, deux demandes de pardon de la part de deux personnes qui ont tué leur partenaire de vie. Pardon et droit de mourir peuvent-ils être liés?
Filmé avec le regard poétique si caractéristique de Sorrentino et sublimé par une bande originale envoûtante et immersive, ce film offre une expérience cinématographique aussi somptueuse visuellement qu’émouvante. Encore une fois, la dualité est illustrée à un autre niveau.

Le film a un rythme lent, alors que nous sommes coincés dans l’inaction de Mariano De Santis. Il n’arrive pas à décider s’il doit signer ou non ces trois documents qui le grugent en dedans. En même temps, la bande sonore est rapide, marquante de par sa nature techno. L’homme ne bouge pas, mais la musique elle, oui.
Mais cette musique n’est pas omniprésente. En fait, elle revient régulièrement, mais de façon bien distancée. Ainsi, elle se fait discrète. Alors qu’on l’oublie, elle revient pour nous rappeler que la décision devra se prendre rapidement. De plus en plus rapidement à mesure qu’il la repousse.
Est-ce que La grazia est un film qui parle de politique? Pas vraiment. Mais une certaine connaissance de l’appareil politique est probablement nécessaire pour bien comprendre le film.

Mais il s’agit avant tout d’un film qui vous amènera à réfléchir sur ce que vous laisserez derrière. Pourquoi fait-on ce qu’on fait? Pourquoi parfois nous sommes incapables de prendre une décision? Mais aussi, il est question de savoir si on doit se pardonner à soi-même avant de pouvoir pardonner aux autres.
Comme à son habitude, Paolo Sorrentino offre ici un grand film qui passera probablement l’épreuve du temps.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième