La déferlante présence autochtone s’annonce pour août 2025 à Montréal. La vague de créativité qui se lève chez les peuples autochtones du monde, porteurs de tradition millénaires et de visions prophétiques, amènera dans la ville un tsunami d’activités variées allant du film à la musique, de la danse à la performance, du skateboard au tambour, un mouvement tellurique annonciateur des transformations à venir.
Le festival propose une plongée dans les cultures enracinées et millénaires, diversifiés et méconnues, des peuples autochtones de notre Mère Terre. À ne pas manquer, Cosmographies, tourné dans le désert d’Atacama, territoire aymara, singulier écosystème sur lequel les traditions autochtones côtoient les observatoires astronomiques les plus performants et les robots de la NASA qui y sont testés en vue de l’exploration de la planète mars. À voir aussi, La chute du ciel (Cannes, la Quinzaine 2024) avec la voix de Davi Kopenawa, chamane et leader yanomami. Également une expérience unique à vivre : Sanajiit ᓴᓇᔩᑦ (Inuit Makers) série documentaire innovante, achevée en 2025, qui propose un voyage immersif au cœur de la créativité et de la tradition inuites, la vie telle qu’elle se déroule naturellement en temps réel. Présenté dans l’Espace ONF et au Centre d’Art Daphné, les 8, 9 et 10 août.
Dès l’ouverture en trois courts métrages, on aura déjà pu saisir l’étendue de la palette des arts autochtones contemporains avec Vientre de la luna, un documentaire tout personnel venu du Mexique, premier film d’une jeune réalisatrice Tsotsil et Inkwo, superbe film d’animation, signé Amanda Strong. Et surtout, un film de genre, film officiel d’ouverture du FIPA : Midnight at the Lonely River. Déjà avec ses premiers films réalisés avec les équipes du Wapikoni mobile, Abraham Côté se distinguait par son sens du cinéma narratif. Et voici qu’on assiste à la naissance d’un véritable cinéaste, car ce court est visiblement le prélude de longs à venir.
Mentionnons ici que le film de genre devient un sentier de plus en plus fréquenté par les cinéastes des premiers peuples. À titre d’exemple, un ovni inclassable à voir : The Dim, thriller s-f, splendide nanar assumé, avec popcorn gratuit pour ceux qui viendront le voir à La Métropolitaine, salle de l’underground branché où Présence autochtone se faufile pour la première fois. Ceux qui voudront s’en tenir à des terrains mieux balisés, verront la sélection annuelle de films en compétition au Cinéma du Musée.
En lice, plusieurs documentaires venus d’Amérique du Sud, parmi lesquels des femmes portent leur regard sur la mémoire historique retrouvée, The Memory of Butterflies (Pérou), Memoria implacable (Chili), Senda india (Argentine) et Las Almas (Argentine). Et dans la salle de projection de la Grande Bibliothèque, le FIPA offre à ses festivaliers une belle occasion de reprendre les œuvres qui leur auront échappé durant l’année, avec les films en lice pour le prix APTN qui y sont présentés.
Et pour ses trente-cinq ans, Présence autochtone se paie l’Outremont, splendide salle historique où se tiendra l’ouverture. Des Aînés y prendront alors la parole, l’infatigable Sedalia Fazio, Kanyen, kehà:ka, battra tambour pour lancer le bal. Venu d’Australie Bunna Lawrie, artiste et défenseur de l’environnement, à son tour saluera Montréal, territoire autochtone. Et vendredi 8 août, s’y tiendra la grande première mondiale du film Florent Vollant : Innu, film biographique réalisé par Isabelle Longnus sur ce géant des arts autochtones qui nous honorera de sa présence.
Le festival se terminera officiellement avec la projection du long métrage Free Leonard Peltier. Prisonnier politique reconnu comme tel par Amnistie internationale, ce grand leader autochtone continue, depuis peu à domicile, son incarcération de plus de cinquante ans. Car, l’oppression et le colonialisme sont encore des forces agissantes, parfois au travers des traumatismes intergénérationnels. Il faut aussi mentionner Genocide in the Wildflower State, un film australien sur les pensionnats autochtones. Les méthodes et les conséquences de l’établissement de ces camps de concentration pour enfants sont les mêmes là-bas que ce qu’elles ont été et qu’elles sont encore, ici-même au Canada.
Mentionnons aussi des projections de films à Kahnawake en collaboration avec le centre culturel et le Eastern Connection Film Festival. Et des films qui seront présentés sur ICI TOU.TV.
L’édition 2025 du FIPA se déroulera du 5 au 14 août.
Bande-annonce
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