« As-tu parlé à Diddi? »
Quand la lumière se lève sur une longue journée d’été en Islande, d’un coucher de soleil à l’autre, Una (Elín Hall), une jeune étudiante en art, découvre l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté.
Avec When the light breaks (Ljósbrot), Rúnar Rúnarsson offre un film d’une grande beauté et d’une sensibilité rare, sur un thème difficile. Une œuvre qui se démarque par son traitement.
Malgré qu’il traite de deuil et de tromperie, When the light breaks reste lumineux. Le film se déroule sur une seule journée. Nous suivons l’héroïne et son entourage face à l’événement qui se déroule et aux conflits intérieurs qui en découlent, d’un lever de soleil au coucher de celui-ci.
L’idée de la lumière, tant physique que figurée joue un rôle central. Malgré que Una vit une journée mouvementée, on y retrouve des moments magiques, comme des moments d’horreur. Quand le système est à ce point sous pression, on peut autant se retrouver à pleurer qu’à rire.
Ainsi, l’enchaînement des scènes amène le spectateur dans un groupe de jeunes personnes qui se connaissent plus ou moins, mais qui vivent un événement fort qui les lie. Même si certaines sont fondamentalement des rivales, la relation qui se met en place offre des moments lumineux. La copine officielle – qui semble se douter que la relation n’est pas platonique entre Una et Diddi – et la maîtresse se lient tranquillement à travers la souffrance de l’épreuve.
La fraternité qui prend place aussi dans le groupe est belle. Par moment, plus rien ne compte autre que la solidarité. On évite donc de simplifier les relations entre les gens.
Comme l’explique le réalisateur, nous sommes habitués à des histoires qui ressemblent presque à des récits bibliques, avec un seul message, avec un gentil qui est LE bon et un méchant qui est LE mal. Mais dans la vraie vie, la plupart des situations ne sont ni noires ni blanches, elles sont grises. La sphère dans laquelle évolue le film est grise. Ce qui, à première vue, semble noir ou blanc a une autre facette.
Du coup, le spectateur n’arrive pas à juger Diddi ou Una et à le classer comme un méchant. Après tout, ils ne cherchent qu’à être heureux, non? Mais ce qui fait la force de ce long métrage, c’est plutôt le traitement de la situation. Les personnages font face au premier grand défi de leur vie d’adulte, à cette période où l’on se sent normalement invincible. On est en train de découvrir qui l’on est : on n’est pas encore totalement formé en tant que personne, mais on n’est pas naïf. Ils savent que le monde est complexe. Mais la mort de leur ami les force à se questionner sur cette invincibilité et sur ce qu’ils font de leur vie.
Una qui est une jeune femme extrêmement forte se retrouve tout de même obligé de montrer sa fragilité, sa vulnérabilité.
Mais comme elle n’est théoriquement (en tout cas aux yeux des autres) que la nouvelle membre du groupe de musique de Diddi, est en quelque sorte étrangère aux événements qui se déroulent. Elle ne peut pas prendre la place qu’elle mérite, car elle porte en elle un secret.
C’est donc avec sensibilité et subtilité que Rúnar Rúnarsson amène le spectateur dans cette histoire de trahison qui au final cède sa place à une histoire de solidarité et d’amour. Évidemment, on voit que Una est à cran, qu’elle risque d’exploser et de tout révéler. Mais est-ce le bon moment? Est-ce que ça vaut la peine?
Le récit amène une grande réflexion sur la valeur de la solidarité et la place qu’elle doit tenir face à la trahison. Au final, est-ce qu’un deuil peut être plus important qu’une rivalité? Est-ce que la copine et la maîtresse peuvent être là l’une pour l’autre dans un moment de peine commun?
When the light breaks (Ljósbrot) est un film fort, accessible, lumineux et sombre à la fois. Une œuvre à voir pour quiconque n’a pas peur de remettre en question sa vision du monde et les positions de ses valeurs sur sa charte de valeurs.
When the light breaks (Ljósbrot) est présenté au FCMS les 10 et 12 avril 2025.
Bande-annonce
© 2023 Le petit septième