FIFA 2025 Les lauréats - Une

[FIFA] Lauréats 2025

Le Festival International du Film sur l’Art (Le FIFA) vient de dévoiler les lauréats de sa 43e édition qui se tient jusqu’au 23 mars, en salle, et du 21 au 30 mars prochains, en ligne. Cette année, 14 longs-métrages et 15 courts-métrages figuraient en compétition internationale, et 7 longs-métrages et 11 courts-métrages en compétition nationale. Ils ont concouru pour remporter l’un des huit prix décernés par le jury. 

Dans la compétition internationale : le Grand Prix, le Prix du jury, le Prix du meilleur essai, le Prix du meilleur portrait, le Prix du meilleur court-métrage. Dans la compétition nationale : le Prix du meilleur long-métrage canadien, le Prix du meilleur court-métrage canadien et le Prix de la meilleure œuvre canadienne.

Compétition nationale

PRIX DU MEILLEUR COURT-MÉTRAGE CANADIEN

ElleX / ElleY (Valeria Galluccio) – Canada | 2024 | 11 min | Sans dialogue

ElleX ElleY de Valeria Galluccio

Réalisé par une artiste à l’esthétique unique, cette œuvre nous plonge dans l’univers lumineux de ElleX, sous une pluie de comètes lumineuses, cette créature androgyne au corps longiligne, se déplace dans un monde suspendu. Lorsque le sol s’incline, son corps libère des perles luminescentes, une matière vitale cachée jusqu’alors. Déséquilibrée, ElleX entame un pèlerinage dans l’espace restreint de son monde, et les perles se transforment en ElleY, son clone.

« Contrairement à tous les autres films que nous avons vus, la direction solide aboutit à une œuvre originale, universelle et pourtant profondément personnelle — une œuvre que personne d’autre n’aurait pu réaliser. ElleX / ElleY de Valeria Galluccio tisse magistralement le langage poétique, la danse, les images et l’animation avec une efficacité remarquable. L’exécution, de la précision de la danse à la conception sonore et aux effets visuels, est exceptionnelle et nous livre une histoire intime. C’est une bouffée de mystère et d’air frais, qui culmine dans un puissant moment de catharsis à la fin, faisant écho aux cycles de la vie et de l’existence. Les compétences de Valeria en tant que réalisatrice sont aussi convaincantes que sa performance en tant qu’actrice. »

Je vous en parle ici.

PRIX DU MEILLEUR LONG-MÉTRAGE CANADIEN

L’AVENIR (Emmanuel Schwartz) – Canada | 2025 | 1 h 23 min | Français | Sous-titres : Anglais

L'Avenir

Lize Dompierre, une actrice prochainement diplômée et atteinte d’une maladie implacable, a choisi de rester aux côtés de sa cohorte jusqu’au dernier jour de leur parcours commun. Ses camarades décident de lui préparer un spectacle unique, à mi-chemin entre rituel funéraire et happening théâtral : un adieu solennel, marqué par un engagement artistique absolu, en hommage à leur amie. Alors qu’une éclipse assombrit le ciel, jetant une ombre étrange sur cette journée chargée de nostalgie et de présages funestes, le destin de la cohorte vacille, bouleversé à jamais.

« Grâce à l’originalité de son traitement, à un montage remarquable et aux performances impressionnantes de ses jeunes acteurs, L’Avenir d’Emmanuel Schwartz offre plusieurs niveaux d’interprétation, apportant un regard authentique sur cette période de la vie. Il dépeint de véritables adolescents, plutôt que l’image de l’adolescence que les adultes projettent. La force de la mise en abyme entre la réalisation d’un film étudiant et l’imprévisibilité du récit renforce encore davantage ce sentiment de sincérité et de spontanéité. »

MENTION SPÉCIALE

SO SURREAL, BEHIND THE MASKS (Neil Diamond et Joanne Robertson) – Canada | 2024 | 1 h 28 min | Anglais

SO SURREAL

So Surreal : Behind the Masks est un documentaire qui raconte l’histoire méconnue des masques cérémoniels des peuples Yup’ik (Alaska) et Kwakwaka’wakw (côte nord-ouest). Le cinéaste Neil Diamond, originaire de la nation crie (une des grandes nations autochtones d’Amérique du Nord) et reconnu pour ses documentaires engagés comme Reel Injun et Red Fever, apporte une perspective unique, enracinée dans sa culture et son engagement pour la préservation des récits autochtones.

« Pour l’accès privilégié qu’il offre sur la culture Yup’ik et la richesse remarquable des informations qu’il propose, le jury a décidé d’attribuer une mention spéciale à So Surreal, Behind the Masks de Neil Diamond et Joanne Robertson. Ce film met en avant l’importance du sujet ainsi que la profondeur de l’engagement avec les personnages et l’histoire décoloniale. Il apporte également un nouvel éclairage sur les liens entre le surréalisme et les cultures autochtones. »

Compétition internationale – courts métrages 

PRIX DU MEILLEUR COURT-MÉTRAGE

THE STORY OF NE KUKO (Festus Toll) – Pays-Bas | 2024 | 25 min | Français, Lingala | Sous-titres : Anglais

The Story of Ne Kuko by Festus Toll

The Story of Ne Kuko suit Mwazulu Diyabanza, un activiste pour la restitution, alors qu’il tente de ramener un nkisi pillé du musée royal de l’Afrique à Tervuren, en Belgique, vers sa terre d’origine à Boma, au Congo. Le film dévoile l’histoire de cette statue, sa signification culturelle et l’impact de la colonisation européenne sur l’art africain. À travers le parcours de Mwazulu, il met en lumière l’urgence de la restitution du patrimoine colonial et les profondes connexions culturelles et spirituelles liées à ces objets volés.

« Le prix du meilleur court-métrage est attribué à The Story of Ne Kuko de Festus Toll pour sa puissante représentation de la restitution et de la décolonisation. Son récit percutant, combiné à l’utilisation de techniques mixtes, a captivé le jury du début à la fin, se distinguant ainsi parmi de nombreux films de grande qualité en compétition. »

MENTION SPÉCIALE

DOOR OF NO RETURN (Suzanne Smith et Sylvia Solf) – États-Unis | 2024 | 15 min | Anglais

Door of No Return

Door of No Return suit l’artiste de performance Gregory Maqoma alors qu’il explore son histoire personnelle à travers une prestation à la Maison des Esclaves sur l’île de Gorée, au Sénégal, un lieu emblématique de l’une des pires tragédies humaines.

« Le jury souhaite également accorder une mention spéciale au film Door of No Return de Suzanne Smith et Sylvia Solf, pour une performance saisissante qui évoque la douleur et les horreurs liées à la traite transatlantique des esclaves. »

COMPÉTITION INTERNATIONALE – LONGS-MÉTRAGES

PRIX DU MEILLEUR ESSAI

SOUNDTRACK TO A COUP D’ÉTAT (Johan Grimonprez) – Belgique, France, Pays-Bas | 2024 | 2 h 30 min | Français, Anglais, Néerlandais, Russe, Espagnol | Sous-titres : Français

Soundtrack to a Coup d'état

Ce film bouleversant retrace l’indépendance du Congo et l’assassinat de Patrice Lumumba, tout en tissant des parallèles audacieux entre jazz et décolonisation. C’est une histoire magistralement construite, exposant l’ingérence des institutions internationales occidentales, et révélant l’universalité des injustices raciales et des dominations blanches envers les autres peuples, dans le but de préserver les structures de pouvoir en place. Soundtrack to a Coup d’État se distingue par un traitement exceptionnel des archives et une bande-son vibrante pour raconter des récits émouvants, mettant en lumière l’impact de la musique sur les luttes politiques de l’époque. Il explore comment la résistance s’est exprimée, tant dans les concerts que sur la scène internationale.

« C’est un film au souffle puissant, porté par un montage maîtrisé comme une partition de jazz. Une fresque où la musique devient le fil d’Ariane d’un récit aussi documenté que révolté. Un manifeste brûlant contre le racisme, absolument essentiel, urgent et nécessaire. »

PRIX DU MEILLEUR PORTRAIT

MICHEL GONDRY, DO IT YOURSELF (François Nemeta) – France | 2023 | 1 h 23 min | Français | Sous-titres : Anglais

Michel Gondry Do It Yourself de François

Un portrait intime et captivant d’un artiste visionnaire qui a révolutionné le monde des clips musicaux et du cinéma. 

« C’est un film à l’image de son sujet : ludique, inventif et profondément généreux. Avec la candeur d’un enfant qui joue et l’intelligence d’un artiste soucieux de transmettre, Michel Gondry, Do It Yourself du réalisateur François Nemeta, nous ouvre les portes de son univers où l’imagination est reine et l’art, un terrain de jeu accessible à tous. Ce documentaire célèbre une époque, un style, et surtout une manière de faire : libre, joyeuse, et résolument Do It Yourself. »

PRIX DU JURY

THE TIRANA CONSPIRACY (Manfredi Lucibello) – Italie | 2024 | 1 h 11 min | Italien | Sous-titres : Anglais

The Tirana Conspiracy by Manfredi Lucibello

Décembre 2000. Le célèbre photographe Oliviero Toscani accepte l’invitation du critique d’art Giancarlo Politi pour organiser une section de la première édition de la Biennale de Tirana. Toscani décide de présenter quatre artistes controversés, auteurs d’œuvres provocatrices et scandaleuses : Dimitri Bioy, un pédophile présumé; Marcello Gavotta, pornographe avoué; Bola Equa, une activiste recherchée par le gouvernement nigérian; et Hamid Picardo, le photographe officiel de Ben Laden. Ce n’est que le début de ce qui restera dans l’histoire comme l’un des plus grands canulars de l’histoire de l’art contemporain. Maintenant que les crimes sont prescrits, les protagonistes peuvent enfin dire la vérité.

« Même s’il est difficile de ne pas avoir des problèmes de confiance après son visionnage, nous avons adoré être la victime de ce portrait un peu particulier. The Tirana Conspiracy du réalisateur Manfredi Lucibello est un ovni documentaire qui nous refourgue “sous le manteau” une réflexion, moins anodine qu’il n’y paraît, sur la notion d’éthique, sur l’importance de la provocation comme moteur de création, tout en nous exposant le cynisme parfois glaçant de l’art contemporain. » 

Vous pouvez lire ma critique ici.

GRAND PRIX

BALOMANIA (Sissel Morell-Dargis) – Danemark, Espagne | 2024 | 1 h 33 min | Portugais | Sous-titres : Anglais

Balomania

Au cœur des favelas brésiliennes, la réalisatrice danoise Sissel Morell Dargis, seule femme dans un univers exclusivement masculin, a obtenu un accès inédit au milieu clandestin de la « mafia des ballons ». Pour les baloeiros de Rio et de São Paulo, la fabrication, le lancement et la chasse aux ballons à air chaud représentent une pratique illégale, mais profondément enracinée dans leur héritage culturel, remontant à l’époque coloniale. Aujourd’hui, cet art est criminalisé par les autorités, le plaçant au même rang que les cartels de la drogue. Pourtant, ces créations colossales, qui peuvent atteindre plus de 70 mètres de haut et nécessitent la collaboration de plus de 100 personnes, sont aussi des œuvres d’art uniques, minutieusement décorées par des artistes locaux. Avec la police et des chasseurs de primes sur leurs traces, Dargis plonge dans une course haletante pour documenter l’obsession et les sacrifices extrêmes nécessaires à cet artisanat spectaculaire. Balomania est un récit intime et explosif sur la liberté à tout prix, offrant un regard sur la créativité et l’audace des habitants des favelas, tout en interrogeant nos perceptions sur la vie des gangs, l’esprit de communauté et le pouvoir de l’art.

« Il y aurait beaucoup à dire sur ce film qui ne se contente pas de dévoiler une pratique artistique clandestine : mais en saisit l’âme, la ferveur et l’urgence. Nous avons été absolument cueillis par la finesse du regard de la réalisatrice Sissel Morell-Dargis et par l’authenticité de son récit qui font de Balomania un film incandescent, à la fois acte de résistance, récit d’émancipation et déclaration d’amour. »

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