Top 5 2024 François - Une

Meilleurs films de 2024 | Les tops 5 de François

C’est finalement mon tour de vous proposer quelques titres qui ont marqué mon 2024. On peut appeler ça mon top 5, ou simplement de bonnes suggestions. Ce n’est pas vraiment important. 

Cette année, je propose non seulement mes 2 tops 5 habituels (courts et longs métrages), mais aussi ma série et mon film jeunesse de l’année. Après tout, il y a aussi de l’excellent à ces deux niveaux. 

J’ai vu moins de films cette année que lors des 3 dernières années, mais je crois avoir tout de même vu suffisamment d’œuvres, avec mon 190, pour vous proposer quelque chose de franchement valable. 

C’est parti!

Le film jeunesse de l’année 2024

C’est Angelo dans la forêt mystérieuse, de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord, qui décroche la médaille au niveau du cinéma jeunesse. 

ANGELO DANS LA FORET Mystérieuse - Un conte initiatique pour tous

Un bon film jeunesse s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes. Pour qu’il soit vraiment intéressant, il doit aussi proposer un message compréhensible, sans être trop « garroché au visage » et amener la discussion tout en étant très divertissant. Rassembler toutes ces qualités est assez difficile, mais certains créateurs y arrivent. 

Avec Angelo dans la forêt mystérieuse, on amène le spectateur à se questionner sur sa place dans la nature et à son devoir au sein du groupe, sans pour autant faire la leçon. Il y a un peu de tout dans ce film, de l’écologie à la critique du capitalisme, en passant par les enjeux d’identité. Et le film donne vraiment la place à la vision de l’enfant dans un monde d’adulte où on accepte l’imaginaire malgré le réalisme. Un beau film pour les jeunes et les grands. 

D’ailleurs, vous pouvez regarder ce qu’en pensent mes petits critiques en herbe.

La série de l’année

C’est White Lies (John Trengove) qui se retrouve au numéro 1 des nouvelles séries que j’ai pu voir en 2024. 

J’ai hésité un peu avant de choisir ma série numéro 1. Mais White lies est un des meilleurs thrillers que j’ai vus depuis How to get away with murder saison 1.

- White Lies _ Season 1, Episode 4 - Photo Credit: Sundance Now
Daniel (Daniel Schultz) et Jaime (Morgan Santo) | Episode 4 – Crédit photo : Sundance Now

La série offre un portrait réaliste de l’Afrique du Sud contemporaine, en soulignant les fractures sociales et les séquelles du passé colonial. Le racisme, omniprésent, est dépeint sous toutes ses formes, révélant les tensions persistantes entre les différentes communautés. À travers l’intrigue principale, centrée sur un meurtre et ses conséquences, la série explore les mécanismes de la vengeance, de la manipulation et de la corruption. Les personnages, complexes et multidimensionnels, sont tous marqués par leurs expériences personnelles, ce qui rend leurs actions et leurs motivations d’autant plus crédibles.

Cette série est une véritable critique sociale, qui dénonce les méandres du pouvoir et la corruption. Le scénario, habilement construit, nous dévoile les rouages d’un système pervers, où les apparences sont trompeuses et où la vérité est difficile à atteindre. La réalisation, réaliste et crue, renforce l’impact de ce récit, nous confrontant à des situations moralement ambiguës. Pour le spectateur, c’est une expérience déstabilisante, mais aussi une invitation à la réflexion.

Pour le moment, la série est disponible sur Sundance Now. 

Top 5 courts métrages

5 – SOMA (Arturo Bandinelli) – Royaume-Uni | 11 minutes

SOMA est un film expérimental explorant un mythe contemporain sur la genèse du corps humain. La pièce se déploie en deux dimensions parallèles : un trou noir infini où des entités existent hors de l’espace et du temps linéaire, et une maison labyrinthique où se déroule un étrange rassemblement. Au fur et à mesure que le récit libre associatif et onirique se déroule, différents personnages traversent des expériences viscérales de plaisir, d’enchantement, de douleur et de mort.

SOMA
Gracieuseté du FIFA

Soma est un mélange unique et réussi de film de danse et de film d’horreur. L’équipe créative du KWAM Collective a su créer un univers visuel saisissant et perturbant, où les séquences de danse oniriques côtoient des moments d’horreur intenses.

L’ambiance du film est particulièrement soignée, grâce à un jeu d’ombres et de lumières maîtrisé qui plonge le spectateur dans une atmosphère étrange et envoûtante. La présence d’une trame narrative intéressante vient enrichir l’expérience visuelle.

4 – Oskar (Max Vannienschoot) – Québec | 9 minutes

Au guidon de sa moto, Oskar traverse à toute vitesse les paysages sereins des côtes de la mer du Nord alors qu’il tente de fuir la tempête qui menace à l’horizon. Fatigué par cette fuite, il s’arrête sur une plage vaste et lumineuse, le temps d’une cigarette et de réfléchir à la direction à prendre. Mais le répit est de courte durée : la tempête l’a déjà rattrapé. Il décide alors de faire demi-tour et de l’affronter. Englouti dans la noirceur des éléments déchaînés, parviendra-t-il à retrouver la lumière?

Oskar

Oskar est une véritable ode à la beauté visuelle et à la poésie. Les images en noir et blanc, d’une finesse incroyable, nous plongent dans un univers onirique et mélancolique. La voix envoûtante de Jeanne Roux-Côté, associée à une musique discrète, vient parfaire cette expérience sensorielle unique. Un chef-d’œuvre à découvrir.

3 – Nanitic (Carol Nguyen) – Québec | 14 minutes

Trang, 9 ans, commence à sortir de l’oubli pendant que sa tante Ut s’occupe de sa grand-mère, qui repose sur son lit de mort dans le salon. Comment un seul corps peut-il occuper autant d’espace? Que se passera-t-il quand grand-mère ne sera plus là?

Nanitic

Dans son court métrage Nanitic, Carol Nguyen dresse un parallèle poignant entre le monde des fourmis et celui des familles immigrantes. En observant une famille vietnamienne installée au Canada, la réalisatrice met en lumière le sacrifice des aînés, comparables aux fourmis ouvrières de première génération, les « nanitics ». Ces individus se dévouent corps et âme à la survie de leur famille, souvent au détriment de leurs propres besoins. À travers cette métaphore, Nguyen explore les enjeux de la transmission culturelle, les défis de l’assimilation et les conséquences du déracinement.

Nanitic est une œuvre remarquable par sa justesse et sa sensibilité. En évitant tout jugement moral, le film présente simplement une réalité, laissant au spectateur le soin de tirer ses propres conclusions. La réalisation est maîtrisée, et la métaphore des fourmis se révèle à la fois simple et profonde. Ce court métrage, récompensé à de multiples reprises, est une pépite à ne pas manquer. Carol Nguyen, avec ce film, s’impose comme une voix nouvelle et prometteuse du cinéma québécois.

2 – Son of the sea (Abbas Jalali Yekta) – Iran | 11 minutes

Un homme et sa femme vivent dans une maison avec l’illusion de leur fils sur le mur, qui amène progressivement des complications dans leur vie.

Son of the sea

Abbas Jalali Yekta propose dans Son of the sea une approche inédite du deuil infantile. En mêlant habilement des acteurs réels à des dessins animés en 2D, le réalisateur iranien crée une atmosphère à la fois réaliste et onirique. L’enfant décédé, représenté par un dessin au crayon noir, interagit avec son environnement de manière touchante et originale. Cette technique innovante permet de visualiser la douleur de la perte et la difficulté à accepter l’absence.

Ce court métrage se distingue par sa capacité à émouvoir sans recourir aux dialogues. En inversant les rôles traditionnels, c’est le père qui peine à faire son deuil, offrant ainsi une perspective différente sur le deuil parental. Cette œuvre universelle nous rappelle que la douleur de perdre un enfant est une expérience partagée par tous, indépendamment de la culture ou des croyances.

1 – Rupture divine (Malak Mroueh) – Liban | 20 minutes

L’histoire de Maya, une jeune fille qui subit une thérapie de conversion par électrochocs et commence à avoir des hallucinations après que sa mère découvre sa relation avec une fille.

Rupture divine - Texte

Rupture divine est un film courageux qui aborde de front des sujets tabous au Liban. En mettant en scène une histoire d’amour entre deux femmes, Malak Mroueh défie les conventions sociales et religieuses d’un pays où l’homosexualité est encore largement stigmatisée. Le réalisateur ne recule devant aucune provocation, allant jusqu’à représenter des scènes de nudité et d’érotisme, ce qui est particulièrement audacieux dans ce contexte. Le contraste entre les moments d’intimité amoureuse et les séquences de thérapie de conversion est saisissant, soulignant la violence exercée sur les personnes LGBTQ+.

Ce film est une œuvre d’art à part entière. En utilisant des références picturales, notamment des tableaux classiques représentant des corps nus, Mroueh crée une atmosphère sensuelle et provocante. La réalisation est soignée, les interprétations sont remarquables et le message est clair : la répression ne peut étouffer l’amour et le désir. Rupture divine est un film essentiel qui interpelle et qui marque les esprits. Son courage et sa beauté en font une œuvre incontournable du cinéma contemporain.

Top 5 longs métrages

Ce fut particulièrement difficile de départager les films cette année. Voici donc un top 5 dans lequel les films pourraient facilement se promener d’une position à l’autre. 

5 – Else (Thibault Emin) – France / Belgique | 100 minutes

Anx (Matthieu Sampeur) vient de rencontrer Cass (Édith Proust) lorsqu’un mystérieux virus se déclare : partout, les corps des gens fusionnent avec les objets. Coincé dans leur appartement, le couple doit faire face à cette terrible menace.

Else - Esthétique
Cass (Édith Proust)

Else de Thibault Emin est une expérience cinématographique singulière qui repousse les limites du genre. En explorant une pandémie où les êtres humains fusionnent avec leur environnement, le film propose une réflexion profonde sur l’identité, la matière et le vivant. Loin des clichés du film d’horreur, Else opte pour une esthétique onirique et poétique, rappelant l’univers de Björk. Le réalisateur nous plonge dans un huis clos où les frontières entre le corps et les objets s’effacent, créant une atmosphère à la fois fascinante et troublante.

En mêlant horreur, science-fiction et drame, Else offre une vision originale et dérangeante de notre rapport au monde. Le film ne se contente pas de nous effrayer, il nous invite à questionner nos certitudes et à repenser notre place dans l’univers. En choisissant de représenter des fusions avec des objets du quotidien, plutôt que des créatures monstrueuses, le réalisateur souligne l’universalité de son propos. Else est une œuvre audacieuse qui marque un tournant dans le cinéma de genre.

4 – Sisyphe (Victor Pilon) – Québec | 64 minutes

Muni d’une simple pelle, l’artiste Victor Pilon accomplit l’inimaginable en déplaçant 300 tonnes de sable au cours d’une performance physique et psychologique de plus de 180 heures en plein cœur du Stade olympique de Montréal.

Sisyphe - Intro

Sisyphe est une expérience cinématographique unique qui repousse les limites de l’art. En filmant pendant des heures un homme transportant du sable d’un point à un autre, Victor Pilon crée une œuvre à la fois simple et profonde. Grâce à une réalisation soignée et à une bande-son envoûtante des Dear Criminals, le spectateur est entraîné dans une réflexion sur la condition humaine, le sens de la vie et la notion d’effort. Loin d’être une tâche répétitive et absurde, le geste de Sisyphe devient une métaphore puissante de la lutte de l’homme contre l’adversité.

Ce film est une ode à la beauté de l’effort et à la puissance de l’image. En captant la répétition d’un geste simple, le réalisateur nous montre que l’art peut se nicher dans les actes les plus ordinaires. La collaboration avec les Dear Criminals apporte une dimension émotionnelle supplémentaire, soulignant la dimension universelle de cette quête absurde. Sisyphe est une œuvre qui marque et qui invite à une profonde introspection.

3 – An Unfinished Film (Lou Ye) – Singapour / Allemagne | 107 minutes

Le réalisateur Xiaorui convainc son équipe de reprendre le tournage d’un film interrompu dix ans plus tôt. En janvier 2020, alors que le tournage est presque terminé, des rumeurs concernant une maladie commencent à circuler. Un coiffeur de Wuhan est renvoyé chez lui, tandis que l’équipe suit l’actualité sur leurs téléphones. Le réalisateur doit décider s’il doit à nouveau interrompre le tournage. Certains membres de l’équipe et des acteurs parviennent à partir avant que l’hôtel ne soit confiné par des agents de sécurité et que tous ceux qui sont restés sur le plateau soient confinés dans leurs chambres d’hôtel. Comme toute communication se réduit aux écrans de téléphone, Wuhan est confinée. L’équipe continue de communiquer par appels vidéo, tandis que l’acteur principal Jiang Cheng, en quarantaine, lutte pour subvenir aux besoins de sa femme, désormais confinée avec leur bébé d’un mois à Pékin.

An unfinished film - Redéfinir le langage du cinéma post-covid

An unfinished film de Lou Ye, est une expérience cinématographique unique qui explore les conséquences de la pandémie sur la création artistique. En mêlant fiction et documentaire, le réalisateur nous plonge dans les coulisses d’un tournage interrompu par le confinement. Le film devient alors une réflexion sur la résilience, l’adaptation et la capacité du cinéma à évoluer face à l’adversité.

Lou Ye repousse les limites du langage cinématographique en expérimentant de nouvelles formes narratives et visuelles. Le réalisateur utilise abondamment les images de téléphones portables, les appels vidéo et les écrans partagés, reflétant ainsi notre manière de communiquer à l’ère numérique. En intégrant des séquences documentaires réelles à la fiction, il crée une sensation de vertige et brouille les frontières entre le réel et la représentation. Cette hybridité forcée par la pandémie donne naissance à un cinéma plus intime, plus personnel et plus proche du spectateur.

An unfinished film est une œuvre audacieuse qui interroge notre rapport au temps, à l’espace et à la réalité. En choisissant de ne pas terminer le film qu’il avait commencé avant la pandémie, Lou Ye nous invite à accepter l’inachevé et à célébrer l’imperfection. Ce film est une ode à la création, à la collaboration et à la capacité de l’art à s’adapter aux circonstances les plus extrêmes. An unfinished film est une œuvre majeure qui marque un tournant dans l’histoire du cinéma.

2 – Presence (Steven Soderbergh) – États-Unis | 85 minutes

En emménageant dans leur nouvelle maison, les membres de la famille Payne sont chargés d’un lourd fardeau. Rebekah (Lucy Liu), qui a déjà des ennuis avec la justice en raison de sa mauvaise conduite au travail, est interpellée par son mari Chris (Chris Sullivan) pour le favoritisme flagrant qu’elle accorde à leur fils Tyler (Eddy Maday), compétitif et insensible. Pendant ce temps, sa fille Chloe (Callina Liang) est laissée à l’abandon dans la solitude alors qu’elle pleure la mort par surdose d’une amie proche et s’interroge sur les intentions d’un nouvel admirateur (West Mulholland). Alors que les tensions couvent et que la mélancolie prend le dessus, les choses commencent à se gâter dans la nuit…

Presence - Une

Steven Soderbergh nous plonge dans une expérience cinématographique inédite avec Presence, qui arrivera en salles en début d’année 2025. 

En adoptant le point de vue d’un fantôme, le réalisateur nous offre une perspective unique et immersive. La caméra flotte dans les décors, nous permettant d’explorer les lieux de manière libre et désincarnée. Cette approche innovante, qui rappelle la réalité virtuelle sans en être, crée une sensation de présence et d’immersion sans précédent. Le spectateur se retrouve ainsi au cœur de l’intrigue, témoin privilégié des événements qui se déroulent sous ses yeux.

Presence est un film qui renouvelle le genre du film de fantôme. En privilégiant l’expérience sensorielle sur l’intrigue classique, Soderbergh livre un film à la fois étrange et fascinant. La simplicité de l’histoire est sublimée par une réalisation audacieuse et une mise en scène virtuose. Le spectateur est invité à se laisser porter par cette expérience hors du commun et à découvrir les secrets de la famille Payne. Presence est un film à voir absolument sur grand écran pour une immersion totale.

1 – Sucré seize (Alexa-Jeanne Dubé) – Québec | 64 minutes

Tous campés dans un lieu évocateur et poétique, les personnages se livrent sur différents thèmes; l’image de soi, les troubles alimentaires, l’anxiété, le premier amour, le premier baiser, l’amitié, la sororité, le sexe, le viol, l’inceste, les réseaux sociaux, les révoltes sociales et politiques. Construite sous la forme d’une symphonie, l’œuvre est ponctuée de quatre mouvements se faisant écho narrativement et musicalement. Son identité visuelle distinctive force le film à se définir quelque part entre long métrage de fiction et objet d’art.

SUCRE SEIZE -Image comme textes_EmiliMercier
Photos par Emili Mercier

Sucré seize d’Alexa-Jeanne Dubé est un portrait poignant et réaliste de l’adolescence féminine. Loin des clichés du coming-of-age hollywoodien, le film plonge le spectateur dans un univers sombre et mélancolique où les jeunes filles luttent contre les injonctions sociales et les angoisses existentielles. À travers des portraits intimes et touchants, la réalisatrice explore les thèmes de l’identité, de l’amitié et de la révolte. La musique, omniprésente et parfois dérangeante, souligne l’intensité des émotions et renforce l’atmosphère pesante du film.

Le film est une ode à la poésie et à la beauté des images. Chaque plan est soigneusement composé, chaque mot est pesé. La réalisatrice utilise l’image et le son pour créer une atmosphère unique, où la beauté et la laideur se côtoient. Les maquillages extravagants des jeunes filles renforcent cette dimension onirique et soulignent leur quête d’identité. Le film est une véritable expérience sensorielle qui marque les esprits.

Sucré seize est un cri d’alarme. En mettant en scène des jeunes filles révoltées contre un monde qu’elles jugent injuste, Alexa-Jeanne Dubé nous invite à réfléchir sur notre société. Le film aborde des thèmes difficiles tels que les troubles alimentaires, la violence et les inégalités sociales. C’est un film engagé qui ne laisse personne indifférent. Sucré seize est une œuvre majeure du cinéma québécois qui mérite d’être découverte.

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