FIFA 2024 - Nuit de la danse - Une

[FIFA] La nuit de la danse 2024

Dans le cadre de la nuit de la danse, les spectateurs auront l’occasion de participer à une expérience leur permettant de découvrir, pendant 4 heures, des courts métrages de danse. La Nuit de la danse est ainsi un véritable marathon de projection pour une nuit inoubliable au Théâtre Outremont.

La soirée est divisée en 4 parties, et je me propose de regarder, avec vous, quelques-uns des titres qui y seront présentés.

Partie 1

Les mots d’amour (Laetitia Demessence) — Canada, 2023 | 5 minutes

Les mots d’amour raconte l’histoire d’une femme âgée prise au piège de la solitude. Seule dans un monde sans connexion humaine, elle trouve refuge dans la compagnie mystérieuse de ses voisins à plumes : les pigeons. Son désir désespéré d’amour se transforme en une obsession, brouillant la frontière entre réalité et illusion.

Les mots d'amour
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Mettant en scène la chorégraphe et danseuse Louise Bédard, Les mots d’amour propose une belle mise en scène malgré une image inégale. En effet, on a l’impression que les scènes intérieures et extérieures n’ont pas été tournées avec le même type de caméra.

Mais les mouvements, inspirés de ceux des oiseaux, sont d’une grande beauté. De plus, il est rare que les films de danse soient aussi faciles à lire et à interpréter. Il y a aussi la musique qui se distingue de ce qu’on voit — ou plutôt entend — habituellement.

Il s’agit donc d’un bon film malgré ses imperfections.

Partie 2

Le Néant (Alexandra Landé, Patrick Boivin, George Allister) — Canada, 2023 | 12 minutes

Six danseurs·ses cherchent à comprendre le poids du regard de l’autre et de son influence sur nos corps, nos expressions, nos choix et nos actions.

Le néant
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Voici un film qui offre des choses originales sans devenir inaccessible. Les décors sont minimalistes. Au début et à la fin, les personnages (danseurs et danseuses) sont insérés dans un décor qui semble être un château. Le reste du film se déroule presque entièrement sur fond blanc, avec l’ajout d’un terrain de tennis, le temps d’une courte séquence.

Le film porte sur le regard de l’autre. Mais on pourrait ajouter qu’il porte sur le regard qu’on jette sur les personnes à la peau foncée. Un seul personnage blanc, qui reste d’ailleurs observateur du début à la fin. À une petite exception près.

S’ensuivent des mouvements laissant entrevoir des combats, de la violence, des gens coincés. À certains moments, on arrête la musique, la danse, les mouvements et une engueulade prend place.

Au final, on se retrouve avec un film magnifique qui a tout pour alimenter la conversation. En voici un à ne pas manquer.

Et Maintenant? (Cécile Rogue) — France, 2023 | 15 minutes

Julien Meyzindi est danseur à l’Opéra national de Paris. Il y est entré à l’âge de 12 ans. Aujourd’hui, il a 42 ans et il doit partir, c’est comme ça, c’est la règle.

Et maintenant?
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Et maintenant? est une sorte de documentaire de danse, ou de film de danse documenté. Ou encore un portrait dansant documenté. Qu’on le nomme comme on voudra, ça reste une œuvre hors norme, qui permet au spectateur d’entrer dans la réalité d’un danseur professionnel, avec tout ce que ça implique de beau, de difficile et de vrai.

Meyzindi se raconte avec une belle honnêteté et une grande beauté. D’entrée de jeu, on comprend que c’est l’histoire d’une fin. Une fin annoncée avant même son début. Mais l’homme ne semble pas amer du tout. Il nous raconte ses 30 dernières années, sans pudeur, sur une image pure, sans artifices.

Ce qu’on retient de ce film est qu’il mélange les genres et démolit les petites boites dans lesquelles ont place les films. La narration, par moment susurrée, est efficace et douce, parfaite pour amener la confidence.

Un autre court métrage solide pour cette nuit de la danse.

Partie 3

Marée noire (Chantal Caron) — Canada, 2024 | 12 minutes

Marée noire est un cri de l’espèce, un sursaut de survie face aux éléments. Un dernier souffle de vie avant d’être balayée par la Terre ou peut-être à l’inverse un combat à mener contre vents et marées pour s’y accrocher avant l’extinction.

Maree noire
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L’idée est grandiose, la musique transcendante, et les images époustouflantes. Il faut aussi saluer le courage des trois interprètes qui se sont clairement gelé le cul pendant le tournage.

On comprend l’idée derrière les images, alors que les 3 femmes sont insérées sur l’eau ou sur le rivage, dans un costume qui donne l’impression que le bas de leur corps est collé sous une marée noire. Mais ce sont les chorégraphies qui ne permettent pas au film de s’envoler. L’image est on ne peut plus claire. Les mouvements rendent le message tout aussi facile à comprendre. Mais le manque de possibilités dans le mouvement donne un effet un peu con aux interprètes, surtout dans la première moitié du film.

Le résultat est un film qui ne donne pas les résultats escomptés, mais qui reste visuellement saisissant. S’il passe après un film un peu faible, il sera apprécié. Mais s’il passe après un film fort, ses faiblesses n’en seront que plus visibles. Tout de même, il s’agit d’un film qui amène de belles idées.

ENTRE NOUS (Roxane Duchesne-Roy, Tiphaine Roustang) — Canada, 2023 | 29 minutes

À l’invitation de la chorégraphe et danseuse Roxane Duchesne-Roy, 12 interprètes, 7 vidéastes, 4 compositeur·trice·s et 10 collaborateur·trice·s investissent des espaces naturels et les chargent de mouvements pour créer dix tableaux vivants qui relatent la complicité, le plaisir de créer et la joie d’être présent au monde.

Entre nous
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Un long court métrage qui malgré les attentes élevées que j’avais ne lève pas. Le premier tiers du film est incroyablement ennuyant, alors que pratiquement rien ne se passe, très peu de mouvement, et des sons plus agressants que plaisants. Le premier 8 minutes est un défi en soi.

À un moment, ça semble vouloir lever, mais rapidement l’élan est coupé. Heureusement, deux des 10 séquences sont bien rythmées, avec de beaux mouvements, et une musique intéressante. Si seulement on en avait plus. Parce que sur 30 minutes de film, seulement 5 ou 6 valent vraiment la peine.

Partie 4

SOMA (Arturo Bandinelli) — Royaume-Uni, 2023 | 11 minutes

SOMA est un film expérimental explorant un mythe contemporain sur la genèse du corps humain. La pièce se déploie en deux dimensions parallèles : un trou noir infini où des entités existent hors de l’espace et du temps linéaire, et une maison labyrinthique où se déroule un étrange rassemblement. Au fur et à mesure que le récit libre associatif et onirique se déroule, différents personnages traversent des expériences viscérales de plaisir, d’enchantement, de douleur et de mort.

SOMA
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Soma, qui signifie corps cellulaire, est très bien choisi pour ce film qui commence et se termine par quelque chose qui pourrait très bien ressembler à un corps cellulaire. Mais le KWAM Collective pousse cette notion encore plus loin en créant un univers complètement époustouflant.

Ce court métrage qui mélange film de danse et film d’horreur est des plus originaux. L’ambiance étrange que crée Bandinelli amène le spectateur à oublier ce qu’il est supposément en train de regarder. L’éclairage passe des teintes brun-orangé feutrées à une lumière blanche agressante pour faire basculer l’action entre les séquences oniriques effrayantes aux séquences de danse tout aussi étranges.

Rares sont les films de danse qui offrent une ambiance aussi bien maîtrisée. Et encore plus rares sont ceux qui proposent une trame secondaire, beaucoup plus narrative, en parallèle. Un des courts métrages de danse les plus réussis que j’ai eu l’occasion de voir.

Undertones (Kat Castro) — États-Unis, 2022 | 5 minutes

Les humains sont comme des oignons existentiels. Il y a de nombreuses couches à découvrir, d’où le nom du titre : Undertones.

Undertones
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Ce film expérimental de danse explore la curiosité, la tension, la connexion et la libération. Il plonge dans la relation entre les éléments fondamentaux de l’architecture, de la musique et du son, ainsi que les artistes impliqués dans ce mouvement.

Dans ce court métrage, les artistes performant dans des immeubles des plus banaux, faits de béton et de briques, des endroits où on ne voit généralement pas des films qui misent sur la danse, ou sur le mouvement. En mettant ses danseurs dans des lieux qui ne se prêtent pas d’emblée à la danse, la réalisatrice (et chorégraphe) amène le spectateur là où il ne s’attend pas à aller.

La musique, électronique, mais plus proche d’un son que d’une pièce, pousse l’expérience hors-norme un peu plus loin encore. Alors que les films de danse misent souvent sur des décors époustouflants et/ou naturels, Kat Castro, elle, utilise le banal, le dur, le froid, pour éblouir.

Ce film qui se situe entre l’étude du mouvement et le cinéma expérimental est à voir.

Bestia (Iwona Pasinska) — Pologne, 2022 | 9 minutes

Quelle espèce est le plus grand prédateur? Dans Bestia, le Théâtre de Danse Polonais explore les dynamiques entre animaux et humains à travers son sixième projet de film chorégraphique. Située dans un paysage idyllique de lacs, de collines et de forêts, l’histoire orchestre trois rencontres symboliques : une figure animalistique, un troupeau vivant confrontant l’altérité, et un homme entrant dans cet ordre naturel.

Bestia
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Quel magnifique film qui met en scène la beauté de la nature et la laideur de l’humain dans ce monde qu’on ne partage pas réellement, contrairement à la faune. En utilisant le noir et blanc tant au niveau des personnages que de l’image, la réalisatrice réussit à créer une oeuvre qui éblouit visuellement et qui pousse la réflexion.

La chorégraphie très théâtrale amène le spectateur à se questionner sur le sens de l’œuvre, jusqu’au moment final où tout prend son sens.

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