Une autre année de cinéma s’achève, et il s’en est passé des choses. Entre Marvel et Disney qui traversent une période très compliquée, Warner Bros Discovery qui semble avoir le pire PDG de l’histoire, le divertissement à grand spectacle hollywoodien qui commence à s’essouffler ou encore une grève qui changera à jamais l’industrie du cinéma… On s’en souviendra de cette année!
De mon côté, j’ai continué à aller au cinéma. J’ai un peu moins de temps que les autres années, donc je n’ai pas vu autant de films que je le souhaitais, mais je suis quand même allé voir ce que j’avais envie de regarder. Et j’ai plutôt été satisfait des films que je suis allé voir. Mis à part certains que je trouve mauvais comme The Equalizer 3, Silent Night ou Haunted Mansion, ainsi que de tristes déception à la Indiana Jones 5, la plupart des films m’ont bien diverti.
Toutefois, il y en a cinq qui m’ont réellement marqué et que je considère comme les films de l’année. Les voici :
En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense.
Le Festival de Cannes 2023 s’est conclu quand la Palme d’or a été obtenu par Anatomie d’une chute, un film sur un procès où l’accusé proclame son innocence, mais qui est attaqué pour sa non-conformité à la vision traditionnelle de la société et dont le procès devient vite une foire médiatique. Ce film est certes dans mon top 10, mais j’ai préféré un autre film qui traite du même sujet et qui était aussi à Cannes en tant que film d’ouverture de la Quinzaine des Cinéastes. La grosse différence, c’est que Anatomie d’une chute est une histoire originale, alors que Le procès Goldman se base sur un fait historique.
Plus précisément sur le second procès de Pierre Goldman, un militant d’extrême-gauche français qui clame son innocence dans le meurtre de deux personnes lors du braquage d’une pharmacie. Un procès électrisant, notamment avec le caractère bien trempé de Goldman. Un événement intelligemment retranscrit par le réalisateur Cédric Kahn (Vie sauvage, La prière), qui se base sur de véritables faits historiques (hormis quelques changements), tout en situant l’action du film presque entièrement pendant le procès. Si on ajoute à ça l’absence de musique, un éclairage naturel et un tournage chronologique, on a le droit à un film quasi-documentaire.
C’est ce style qui fait le charme du film, qui nous laisse suivre toutes les péripéties, les aléas et les moments très souvent surréels du procès de Pierre Goldman.
Le Japon se remet à peine de la Seconde Guerre mondiale, qu’un péril gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un déserteur traumatisé par sa première confrontation avec Godzilla, voit là l’occasion de racheter sa conduite pendant la guerre.
En 2023, presque tous les blockbusters américains m’ont déçu. J’en ai apprécié certains comme John Wick 4, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 ou The Creator. Le reste était sympathique, sans plus, ou tout simplement décevant, et là je pense tout particulièrement aux films Marvel. Je commence à être lassé de tous ces projets qui finissent par se ressembler et qui sont fait de manière automatique juste pour remplir les exigences des têtes de studio qui préfèrent se remplir les poches au lieu de plaire à leur public. Et c’est un sentiment qui commence à se propager chez de plus en plus de spectateurs. Heureusement, les Japonais nous offrent Godzilla Minus-One.
Malgré les tentatives des Américains de faire leur propre version du lézard atomique, c’est toujours dans son pays d’origine qu’il est le plus respecté. Dans cette nouvelle version, le monstre apparaît deux ans après la fin de la guerre, le ramenant ainsi à ses racines de métaphore de la bombe atomique (et le symbolisme est très clair). Le film traite aussi de sujets comme la collaboration entre les citoyens, les traumatismes de la guerre, les sentiments très nationalistes du Japon, etc. Mais si le film arrive à parler de sujets forts et même à créer une histoire intéressante avec ses personnages humains, il offre aussi du grand divertissement. C’est d’autant plus impressionnant en regardant les scènes avec Godzilla que le film a été tourné avec l’équivalent de 15 millions $.
Ce film est non seulement le meilleur blockbuster de l’année, mais aussi la preuve que le Roi des monstres reste le meilleur chez lui (j’ai un peu peur pour Godzilla x Kong: The New Empire).
Kelly-Anne est obsédée par l’affaire très médiatisée d’un tueur en série, et la réalité se brouille avec ses fantasmes morbides. Elle emprunte un sombre chemin pour récupérer la vidéo manquante du meurtre d’une jeune fille, à qui Kelly-Anne ressemble de façon troublante.
Je dois l’avouer, il est plutôt rare de voir du cinéma québécois dans le haut de mon classement des films de l’année. Pas que je n’aime pas les films québécois, il y en a de très bons qui sortent chaque année. C’est juste que je suis moins friand de ce type de film. Je suis en effet plus passionné par les films de genres, qui est malheureusement un type de films où le cinéma québécois n’ose pas trop s’aventurer, notamment par manque de moyens. Il existe cependant de belles exceptions, comme le cinéma de Robin Aubert ou, cette année, Les chambres rouges de Pascal Plante.
Il faut dire que le réalisateur de Nadia Butterfly parle d’un sujet qui m’intéresse beaucoup (les tueurs en série), mais sous l’angle original des groupies. Les fans de tueurs en série existent réellement. C’est un phénomène qui mérite d’être analysé en film et Pascal Plante le fait avec brio. Outre cela, le film possède une atmosphère malaisante, terrifiante et puissante qui nous tient en haleine. Tout comme la mise en scène, surtout ces plans séquences dans le tribunal. Si je dois avouer que certaines parties du scénario m’ont laissé perplexe, il reste un grand must pour moi.
Et je suis content qu’avec le succès de ce film, ainsi que de Viking, le cinéma québécois se permette d’aller davantage dans les films de genre. Il reste encore à trouver du financement pour avoir plus de films comme ça, mais c’est un pas dans la bonne direction.
Dans une petite ville de Kyushu, une jeune fille de 17 ans, Suzume, rencontre un homme qui dit voyager afin de chercher une porte. Décidant de le suivre dans les montagnes, elle découvre une unique porte délabrée au milieu des ruines. Suzume tourne la poignée, et d’autres portes s’ouvrent alors aux quatre coins du Japon, laissant entrer toutes les catastrophes qu’elles renferment. L’homme est formel : toute porte ouverte doit être fermée. Suzume entame un périple en vue de toutes les refermer.
2023 marque le retour de Hayao Miyazaki au grand écran, 9 ans après avoir annoncé sa retraite à la suite de la sortie de Le vent se lève. Le grand manitou de l’animation japonaise a quand même toujours des choses à dire avec Le garçon et le héron, mais entretemps, de nouveaux talents ont pris place dans le milieu. S’il veut continuer dans le milieu, Miyazaki devra maintenant se tenir aux côtés de Masaki Yuasa, Mamoru Hosoda et, surtout, Makoto Shinkai qui a sorti son Suzume cette année et qui a vite charmé mon cœur.
Je ne veux pas trop me répéter, car j’ai écrit une critique complète qui explique en quoi ce film est merveilleux. Mais si j’ai préféré ce film à Miyazaki, c’est parce que si Le Garçon et le Héron propose un univers plus sombre et une ambiance mélancolique, Suzume se veut plus une hymne à l’amour, aux liens que l’on se crée et à l’espoir. Alors que l’on vit dans une société où on broie de plus en plus de noir, j’apprécie mieux la seconde option. De plus, Suzume met une claque monumentale aux films d’animation américains qui, même s’ils y en a des bons dans le tas, commencent à tous se ressembler et à perdre leur identité. Et oui, j’inclus malheureusement Pixar là-dedans.
Hayao Miyazaki a annoncé qu’il travaillait sur son prochain film. Vu son rythme et sa philosophie de travail, on va devoir l’attendre encore un bon moment. On peut quand même compter sur d’autres réalisateurs d’animation japonaise pour patienter.
Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le multivers, où il rencontre une équipe de Spider-People chargée de protéger son existence même.
C’était le film que j’attendais le plus cette année, plus que le biopic sur l’inventeur de la bombe atomique par mon réalisateur préféré, la suite de l’adaptation d’un grand roman de science-fiction qui sera malheureusement reporté l’année prochaine ou bien la grande fresque historique sur les génocides indiens d’un grand nom du cinéma. En 2018, Spider-man : Into the Spider Verse m’a tellement marqué qu’il est non seulement devenu mon film de l’année, mais aussi un des mes films préférés tout court. Sa suite en avait beaucoup sur les épaules, et elle a su bien délivrer.
En effet, si Into the Spider Verse proposait du grand spectacle de haute qualité, une animation unique ainsi qu’un scénario digne des plus grandes histoires de l’homme-araignée, sa suite fait pareil, mais x 1000. Le film propose une idée humoristique, de mise en scène ou de direction artistique à chaque plan. De plus, les enjeux dramatiques prennent une ampleur épique et les nouveaux Spider-Man, surtout Spider-Punk, sont tous géniaux. Et dans une année où sont sortis Ant-Man 3 et The Flash, avoir non seulement un bon, mais un excellent film de super-héros comme celui-ci fait du bien.
Et en plus, ce n’est qu’une première partie d’un diptyque dont le deuxième volet, Beyond the Spider Verse, fait partie des films que j’attends le plus dans les prochaines années.
Asteroid City : J’adore toujours Wes Anderson. Même si c’est loin d’être son meilleur film et qu’il commence un peu à se répéter, il se permet quand même d’aller dans des directions inattendues.
Anatomie d’une chute : La Palme d’or de l’année, et qui est bien méritée. Une superbe écriture, une belle réalisation et des grandes interprétations. Aussi, j’espère que Justine Triet va gagner une Golden Globes juste pour qu’elle fasse un discours anti-Macron.
Oppenheimer et Barbie (Barbenheimer) : Oui, je mets les deux en égalité, parce que même s’ils sont très différents, ce sont deux films à gros budgets d’auteurs qui se démarquent du reste et qui proposent chacun des idées intéressantes. Aussi, j’adore le phénomène Barbenheimer.
Le Garçon et le Héron : Hayao Miyazaki est de retour. Un film qui est beaucoup plus mélancolique et sombre, mais toujours avec un univers foisonnant et une animation aux petits oignons.
Killers of the Flower Moon : Martin Scorsese offre un film de 3h30 sur le racisme, les dérives du capitalisme et les persécutions des populations amérindiennes avec Leonardo Dicaprio et Robert De Niro, c’est oui. Et il propose la meilleure fin de 2023.
Films à paraître : Poor Things, Iron Claw, Wonka, Ferrari, Zone of the interest, Rebel Moon – Part One: A Child of Fire, American Fiction
À rattraper : May December, Bottoms, Saltburn, The Holdovers, The Killer, Dream Scenario, Past Lives, Le règne animal, Jawan, Reptile, Priscilla, Maestro, Fallen Leaves, Monster, Perfect Days.
Révision linguistique par Maeva Kleit.
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