Une ancienne célébrité Yeo-rae (Le Ha-nee) rencontre et épouse Jonathan (Lee Sun-kyun), l’homme le plus parfait que l’on puisse rêver. Le mariage s’avère bientôt être une fraude alors que les comportements toxiques de Jonathan s’aggravent et tourmentent Yeo-rae. Un jour, Yeo-rae tombe sur un admirateur, Bum-woo (Gong Myoung), qui se trouve être son voisin. Enflammée par la rencontre avec son fan, elle planifie avec lui un plan « tueur » pour retrouver sa liberté et sa renommée.
Les comédies en Corée du Sud
J’adore le cinéma coréen. Cependant, je dois bien avouer que la grande majorité des films que j’ai vus n’étaient pas de grosses comédies. Même si certains longs-métrages ont des scènes plus humoristiques, notamment dans la filmographie de Bong Joon-ho, il reste que ces films sont surtout des thrillers, des films d’action et des drames. Les seules comédies coréennes que j’ai en tête sont The Quiet Family, le premier film de Kim Jee-won qui se rapproche plus de la comédie noire, ainsi qu’Extreme Job, le second plus gros succès du cinéma coréen dans lequel un groupe de policiers utilisent un restaurant de poulet frit comme couverture et sont victimes de leur succès.
C’est un genre de film sur lequel je devrais plus me pencher, surtout qu’il paraît que la Corée du Sud est reconnue pour ces films. Mais grâce à Fantasia, on a la chance de regarder des longs métrages que l’on ne verrait pas dans des circonstances normales. Et c’est par hasard que je suis tombé sur ma plus grande surprise du festival de cette année ainsi que la meilleure expérience en salle de toutes mes séances de Fantasia, Killing Romance.
Revenons à Killing Romance
Le film est réalisé par Lee Won-suk, qui s’est déjà fait remarquer à Fantasia en 2013 avec son film How to Use Guys with Secret Tips, pour lequel il avait remporté le prix de bronze du meilleur film asiatique. Ce nouveau film raconte l’histoire de Yeo-rae, une vedette en perte de vitesse qui se marie avec un riche environnementaliste nommé Jonathan Na. Cependant, elle va se rendre compte qu’il s’agit d’un être narcissique et cruel qui la considère comme sa propriété. Heureusement, elle rencontre son plus grand fan, Bum-woo. Les deux vont alors tenter d’assassiner Jon Na. Aussi, c’est une comédie musicale.
On ne peut pas le nier, on ne s’ennuie pas vraiment devant Killing Romance. Le film déborde d’énergie, d’idées visuelles, d’humour et de situations inattendues. La direction artistique du film est aussi très particulière, comme si Wes Anderson tournait un clip de K-pop. Le mieux, c’est que le film n’en fait jamais trop. En effet, malgré tous les éléments déjantés qui y figurent, tout cela arrive à garder un équilibre au sein de ce que le film essaie de raconter. Il n’y a qu’une ou deux scènes où on se demande ce qu’ils voulaient faire avec ça, mais il reste que l’on est à la fois surpris et pris dans le film.
Et comme je l’ai dit précédemment, le film est une comédie musicale. Mais si je trouve dommage qu’il n’y ait pas plus de chansons, toutes celles présentes sont plutôt réussies. Mention spéciale au climax du film qui nous invite même à chanter avec les personnages comme dans un karaoké, ainsi que du court rap dans le sauna.
Les acteurs
Le film brille à travers ses acteurs et son trio de personnages principaux. Yeo-Rae, auquel on a de l’attachement, surtout avec sa situation, et qui fait preuve de beaucoup d’initiatives dans le film, est très bien interprétée par Lee Ha-nee. L’acteur Gong Myong est aussi très bon dans le rôle du loser sympathique qu’est Bum-woo. On aurait juste aimé un peu plus sur lui et sa situation familiale, qui aurait pu être un arc narratif intéressant à aborder.
Cependant, la palme revient au personnage de Jonathan Na, magnifiquement interprété par Lee Sun-kyun, que l’on a pu voir dans le rôle du patriarche Park dans Parasite. Ce dernier interprète quelqu’un de purement narcissique, surtout avec son attitude de poseur et son « engrish » (anglais mal prononcé) permanent. Il est aussi un parfait connard, se pensant meilleur que les autres et voulant tout pour lui-même. En même temps, il arrive à dégager un certain charisme envers lui-même, ce qui est très bien pensé. Car on le sait, les meilleurs méchants sont ceux qui arrivent à se faire apprécier malgré ce qu’ils font.
Cependant, on peut se sentir un peu mal à l’aise pendant certaines scènes d’abus. Le film arrive à bien traiter ce sujet grave, mais ces scènes sont parfois entremêlées avec des éléments plus déjantés, ce qui peut laisser un petit goût amer, mais n’entache en rien le propos du film.
Je ne m’attendais à rien de Killing Romance, mais ce fut pour moi une agréable surprise ainsi que, pour le moment, le meilleur film que j’ai vu à Fantasia.
Killing romance était présenté à Fantasia, le 4 août 2023.
