Sakananoko - Une

[TJFF] The Fish Tale – Experte des poissons

« Je veux être une experte en poissons un jour. »

Fish Tale - affiche

Miibo [ミー坊] est une élève du primaire et adore le poisson. Sa vie est en effet « fish-a-holic » (elle est obsédée par le poisson). Miibo regarde les poissons, dessine les poissons et mange les poissons tous les jours. Son père s’inquiète qu’elle soit un peu différente des autres enfants, mais sa mère l’encourage et la soutient toujours chaleureusement plutôt que de s’inquiéter. Après être entré au lycée, Miibo est toujours obsédé par le poisson. Pour une quelconque raison, elle s’entend avec des bums, comme un protagoniste d’un conte de fée. Finalement, Miibo commence à vivre seule. Au fil des rencontres et des retrouvailles, toujours aimé de son entourage, elle avance droit vers son unique voie.

Avec The Fish Tale (さかなのこ), basé sur l’auto-biographie de Sakana-kun (さかなクン), Shuichi Okita propose un genre de conte moderne qui se situe quelque part dans le réalisme magique japonais. Un film magnifique qui laisse une chaleur dans le cœur, un peu comme l’a fait Signing in the rain pour tant de gens.

Un rôle taillé sur mesure pour Non (のん)

Je ne m’en cacherai pas, Non (のん) est une de mes actrices et artistes préférées. Je l’ai découverte sur le tard en tant qu’actrice dans Hold me back (私をくいとめて), puis comme réalisatrice avec le sublime Ribbon. Elle offre toujours des performances inspirées, souvent dans des rôles un peu décalés, mais toujours réalistes dans leur marginalité. 

Sakananoko - Un rôle taillé sur mesure pour Non
Miibo (Non [のん])

Dans The Fish Tale (さかなのこ) elle joue cette fille obsédée par les poissons. Ce personnage qui pourrait facilement devenir pathétique garde une aura positive. Elle est belle dans cette naïveté charmante qui donne juste envie d’accepter le côté bizarre en nous. Il faut dire, aussi, que la jeune Mizuki Nishimura (西村 瑞季) qui interprète Miibo à l’enfance est tout aussi convaincante. La fillette au regard passionné et innovant donne dès le départ une envie incroyable de l’aimée. On aurait juste envie de l’aider à découvrir tout l’univers des poissons. 

Mais revenons à Non, qui est à l’écran pendant la majorité du film. Je disais qu’elle est une actrice de haut niveau – elle a d’ailleurs été nommée aux Japanese Academy Award pour son rôle de Miibo –, mais elle est aussi une artiste de grand talent. Son choix pour se personnage se justifie tout autant pour ses talents en dessins ou en peinture que pour son don d’actrice. 

Le réalisme magique discret

Les réalisateurs japonais ont développé, il y a de cela assez longtemps, un genre qu’on ne retrouve pas souvent ailleurs, le réalisme magique. The fish tale s’y intègre parfaitement, avec ses personnages marginaux, décalés, mais ancrés dans une réalité qui se tient. 

Sakananoko - Réalisme magique discret
Les bums

Le personnage de Miibo, jeune, fera la rencontre de ギョギョおじさん (traduit de façon merdique par Tête de poisson), interprété par le vrai Sakana-kun. Cette rencontre qui ne pourrait jamais se faire au Québec, amènera la jeune Miibo à poursuivre dans sa passion et à ne pas se laisser influencer par ceux qui tentent de la décourager. 

Pourquoi est-ce que cette rencontre ne pourrait jamais arriver au Québec? Parce qu’au Japon, les enfants de 6- ans vont à l’école seuls, sans les parents, à pied. Cela permet à la fillette de rencontrer ギョギョおじさんet de discuter avec. Puis, éventuellement, d’accepter une invitation à aller chez lui. Je sais, on flaire l’arnaque et l’agression sur une fillette. Mais c’est là qu’intervient le réalisme magique. La fillette se verra autorisée à y aller, seule, et à passer une journée à parler de poissons, à regarder des poissons et à dessiner des poissons. 

Évidemment, ça se terminera par l’arrestation de l’adulte qu’on ne reverra jamais. Mais au moment de l’arrestation se produit quelque chose de magique…

Il y a aussi l’ajout des bums avec qui Miibo se liera d’amitié. C’est le côté magique, encore, qui intervient. Chaque personne qui croise le chemin de la jeune femme se verra positivement influencée et se verra transmettre une part de cette naïveté et joie de vivre. Et une fois devenu adulte, chacun de ces personnages qu’elle aura croisés auparavant reviendra non pas la hanter, mais l’aider. 

Vraiment une histoire positive qui met du soleil dans le cœur.

Un peu plus…

Il y a des films qui, pour une raison ou une autre, nous marqueront. The Fish Tale (さかなのこ) s’inscrit probablement dans cette catégorie de films qui ont ce pouvoir. 

Sakananoko - Un peu plus

Ce long métrage n’a pas de réelles faiblesses. Il mise sur une réalisation dynamique, des acteurs au sommet de leur art et un scénario solide. Et l’énergie qui en transpire est marquante. 

Le résultat final est un film pour tous, qui rend de bonne humeur, et qui ne sortira probablement jamais en salles ici. Il faut donc saisir l’occasion lorsqu’elle passe. ☺

The Fish Tale (さかなのこ) est présenté au TJFF le 19 juin 2023.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
さかなのこ
Durée
139 minutes
Année
2022
Pays
Japon
Réalisateur
Shuichi Okita
Scénario
Shiro Maeda
Note
8.5 /10

2 réflexions sur “[TJFF] The Fish Tale – Experte des poissons”

  1. Je suis d’accord avec vous sur tous les points que vous mentionnez. Ceci dit, il y a deux choses que le film n’a pas réussi à vous transmettre, parce que vous manquez le contexte culturel japonais. D’abord, Miibô est supposé être un garçon — même si c’est une actress qui incarne ce rôle. C’est la raison du message inscrit à la première scène du film “Que ce soit un homme ou une femme n’est pas important.” On peut le savoir clairement par la sorte d’uniforme que Miibô porte quand il est élève du lycée : c’est une uniforme des garçons. L’autre chose que le film n’a pas réussi à vous transmettre, c’est que le rôle de Gyogyo ojisan est joué par Sakata-kun lui-même… Avec ces deux points, vous auriez peut-être une autre appréciation du film.

    1. J’étais effectivement incertain par rapport au sexe du personnage. Merci pour la spécification. Je suis d’accord, d’ailleurs, que le sexe du personnage ou de la comédienne n’a pas d’importance, que c’est simplement le récit qui compte.
      Pour Gyogyo ojisan, je l’avais effectivement remarqué. Je le mentionne d’ailleurs dans la deuxième partie du texte.
      Merci d’avoir pris le temps de nous écrire pour expliquer cette nuance. 🙂

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fiche technique

Titre original
さかなのこ
Durée
139 minutes
Année
2022
Pays
Japon
Réalisateur
Shuichi Okita
Scénario
Shiro Maeda
Note
8.5 /10

© 2023 Le petit septième