Beau is Afraid - une

Beau is afraid – Un film d’horreur psychologique qui va vous faire douter de votre propre réalité

« Sweetie, that must be a dream. »
[Chérie, ce doit être un rêve.]

« There is plenty of hope, an infinite amount of hope – but not for us. »

Franz Kafka

Depuis aujourd’hui, le dernier film d’Ari Aster, Beau Is Afraid, est désormais diffusé dans toutes les salles de cinéma du Québec. Avec une durée de 3 heures, ce film est non seulement son œuvre la plus intime, mais également la plus audacieuse à ce jour. Ce long-métrage a d’ailleurs été tourné entre juin et octobre 2021 à Montréal. L’histoire, imaginée il y a une décennie, suit les aventures épiques d’un homme nommé Beau, souffrant de paranoïa, qui part à la recherche de sa mère. Malheureusement, depuis l’annonce de la sortie du film, le court-métrage originel Beau avec Billy Mayo n’est plus disponible en ligne. 

Rappelons-le, Ari Aster s’est déjà distingué avec ses précédents succès: Hereditary et Midsommar. Il est devenu le petit favori des productions A24, un véritable gage de qualité en termes de contenu dans le monde cinématographique. Il est considéré comme l’un des réalisateurs d’horreur les plus influents de notre temps.

Un voyage au cœur de la démence : Beau de quoi as-tu peur?

Le film s’ouvre sur une scène réaliste où Beau (Joaquin Phoenix), accompagné de son thérapeute (Stephen McKinley Henderson), expose ses problèmes, tels que sa paranoïa, ses difficultés sociales et la relation compliquée qu’il entretient avec sa mère (Patti LuPone). Le film nous plonge ensuite dans une épopée psychotique où Beau tente de se rendre à la maison familiale à temps pour célébrer l’anniversaire de sa mère, mais rien ne se déroule comme prévu. Le film est divisé en plusieurs actes et portions distinctes plutôt bien construites, chacune ayant lieu dans un environnement différent et présentant une nouvelle palette de personnages accueillant le protagoniste dans leur environnement. À chaque rencontre, Beau y est confronté à une facette de son existence. Le film est dense et représente bien la complexité propre du réalisateur qui jongle dans l’ensemble de ses films avec la notion de famille absente et dysfonctionnelle.

« Les mommy issues » à l’origine de la démence : trois heures intenses dans la tête de Beau

Beau is Afraid est un film vertigineux qui met le spectateur dans un état de confusion permanente. Ari Aster nous offre aucun point d’ancrage solide où se raccrocher. Au lieu de cela, il nous emmène dans un voyage troublant à travers la psyché de son personnage principal, Beau. 

Le film est construit autour d’une double logique de différence et de répétition, où les traumas de Beau ne cessent de le hanter, malgré la multitude d’espaces qu’il traverse. La juxtaposition des lieux, tels que le centre-ville cauchemardesque, la banlieue cossue mais troublante, la forêt mystique et la maison familiale déstabilisante, donne une forme tangible à ses tourments intérieurs, qui comprennent la culpabilité, la mort, la vieillesse et l’abandon.

Aster utilise également la technique de la course de Beau pour matérialiser son délire et nous immerger dans sa paranoïa. Tout au long du film, Beau court pour échapper à ses pulsions destructrices, pour rejoindre son appartement miteux ou pour s’enfuir de la résidence bourgeoise où il est captif. Cette astuce participe au pouvoir de séduction du film, qui ne nous laisse aucun répit et nous oblige à suivre le rythme effréné de Beau. 

La performance exceptionnelle de Joaquin Phoenix dans ce rôle très complexe contribue grandement au succès de l’œuvre. Bien sûr, on connaît déjà le talent de cet acteur exceptionnel. Tous les comédien.nes (sans exception), y compris le jeune garçon qui joue Beau, offrent des performances captivantes et remarquables. Les spectateurs sont tenus en haleine tout au long du film, c’est impossible de se détacher les yeux de l’écran.

Toutefois, cette approche psychanalytique peut ne pas résonner avec tout le monde, car certains symboles peuvent sembler difficiles d’accès. C’est également parfois éprouvant de garder le cap de la concentration. Le film se termine sans répondre à toutes les questions, laissant le spectateur avec plusieurs interrogations. La relation entre Beau et sa mère est traitée, la quête est conclue, mais le spectateur pourrait rester sur sa fin. C’est un film qui se visionne plusieurs fois, c’est indéniable. N’hésitez pas à vous attarder sur les détails dissimulés dans le décor, tous les blocs sont liés. 

Malgré la complexité de l’histoire et la confusion qu’elle engendre parfois, la mise en scène d’Aster reste impeccable. Les plans sont magnifiquement composés, avec une attention particulière accordée aux détails et aux couleurs. J’ai adoré me perdre dans les décors chaotiques et angoissants qui ont été tournés sur la rue St-Catherine. 

Au final, Beau Is Afraid est un film profondément troublant et perturbant qui mérite d’être vu pour son originalité et sa complexité. Les fans d’Ari Aster seront enchantés par son dernier opus, qui témoigne d’une évolution significative de son style de réalisation. Les multiples symboles abordés dans le film offrent un terrain fertile pour les cinéphiles et les étudiants en cinéma qui cherchent à développer leurs compétences en analyse filmique. Pour ceux qui comprennent les codes du genre, l’univers captivant de Beau Is Afraid ne vous décevra pas. C’est un pur délice.

Il n’y a pas de génie sans un grain de folie.

Aristote

Bande-annonce  

Le court-métrage:  https://mubi.com/fr/films/beau

Fiche technique

Titre original
Beau is Afraid
Durée
179 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
Ari Aster
Scénario
Ari Aster
Note
8 /10

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Fiche technique

Titre original
Beau is Afraid
Durée
179 minutes
Année
2023
Pays
États-Unis
Réalisateur
Ari Aster
Scénario
Ari Aster
Note
8 /10

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