I Like Movies - Une - Lawrence at the computer

I Like Movies – Rêves de nitrate

« I’m sorry. I just think you should make films about things that matter to you. »
[Je suis désolé. Je crois simplement qu’il faut faire des films sur des choses qui vous importent vraiment.]

I lake movie - Affiche

Lawrence Kweller (Isaiah Lehtinen), un cinéphile de 17 ans socialement inepte, est embauché dans un club vidéo où il développe une amitié complexe avec sa gérante plus âgée.

Maniaque de film

Chandler Levack aime les films. La nouvelle venue dans le paysage cinématographique canadien tient réellement à le faire savoir, et en ce sens, I Like Movies, coming of age qui fera certainement beaucoup couler d’encre cette année, le démontre bien. Véritable lettre d’amour à tous et toutes les cinéphiles ayant déjà pu se sentir incompris.e.s dans leur jeunesse, il constitue avant tout une ode aux rêves de grandeur que nous pouvons avoir, jeunes, à un moment particulièrement crucial qui allie à la fois un certain poids dans la face de ce qui est à venir et une insouciance narcissique lorsque vient le temps de confronter cette réalité.

Lawrence and Matt Movies - I like movies - Maniaque de film
Lawrence (Isaiah Lehtinen) et Matt (Percy Hynes White)

I Like Movies raconte l’histoire de Lawrence Kweller, jeune homme aux prises avec de lourds problèmes émotionnels et qui n’est pas une référence en matière de popularité à l’école (il tient hebdomadairement chez lui un rituel de regarder Saturday Night Live en mangeant des croustilles avec son meilleur ami, rituel qu’il surnommera affectueusement la nuit des rejets) qui rêve de devenir réalisateur. En fait, il ne fait pas qu’en rêver; il sait qu’il sera réalisateur. Cependant, ayant grandi dans une petite ville en banlieue de Toronto avec sa mère monoparentale, il n’est pas le meilleur candidat pour aller étudier à la NYU Tish School of Arts, et il ne veut surtout pas se résigner à être un réalisateur canadien, appellation qu’il dénigre lorsque sa mère tente de le convaincre d’étudier dans une université locale. Bien convaincu d’aller étudier aux États-Unis, il commence à travailler dans un petit club vidéo (le film se déroule en 2002) afin d’économiser la centaine de milliers de dollars nécessaire à une éducation américaine. C’est alors qu’il se lie d’amitié avec Alana, la gérante du club vidéo qui s’identifie particulièrement avec l’ambition démesurée du jeune torontois. 

Des souvenirs amers

Si I Like Movies représente un vent de fraîcheur particulièrement bienvenue dans le paysage sursaturé de films de coming of age, comme dans la plupart des films du genre et particulièrement avec celui-ci, votre appréciation profonde dépendra surtout de votre manière de vous identifier au personnage principal (attribut qui semble de plus en plus à la mode, tel qu’avec le sous-estimé Funny Pages, sorti l’an dernier et traitant de sujets très similaire). En effet, au premier abord celui-ci n’aide pas vraiment à s’attirer de la sympathie : il est narcissique, égoïste et croit que le monde tourne autour de lui, que tous les adultes de sa vie n’ont pour seule fonction de l’aider à arriver à ses fins. Il repousse instinctivement les gens de son âge par son snobisme, étant réellement convaincu qu’il pourrait mourir s’il ne regarde pas au moins un film par jour. Il méprise les gens qui ne possèdent pas son intérêt et sa culture pour le cinéma. Malgré tout, pour beaucoup de gens ayant été dans une situation similaire durant leur adolescence (je suis particulièrement coupable), il est difficile de ne pas s’attacher à Lawrence et à l’amalgame des défauts qu’il représente. Qui n’a pas été jeune et narcissique?

I like Movies - Des souvenirs amers

Mais là où I Like Movies brille particulièrement, c’est dans sa simplicité et sa modestie. On comprend assez tôt dans le film qu’il pourrait ne pas être question d’un happy ending, que souvent, la vie nous rattrape et que nous nous trouvons forcés de réduire nos ambitions à quelque chose de plus réaliste mais pas nécessairement moins plaisant. Ce côté du film est particulièrement exploré dans la relation entre Lawrence et sa gérante Alana, trentenaire ayant elle aussi eu des rêves dans sa jeunesse et s’étant trouvée forcée de les abandonner après une mauvaise expérience lui ayant révélé le côté plus sombre de certains milieux artistiques. À ce sujet, bien qu’il puisse avant tout s’agir d’une petite comédie simple et légère, il est vite mis au clair que la réalisatrice n’a pas peur d’aborder des sujets beaucoup plus sombres tels que la défaite, le mensonge ou le suicide ainsi que les conséquences qui découlent de tels traumatismes chez les gens. Cependant, tout n’est pas si noir, et transparait tout de même à travers tout cela un certain espoir dans l’incertitude du futur et des perspectives excitantes qui y sont reliées.

Somme toute, bien qu’il ne révolutionne rien, I Like Movies brille par l’ambition de sa simplicité et de son charme, et je défie quiconque ayant été similaire dans sa jeunesse de ne pas sourire à la vue du personnage principal nous faisant réaliser à quel point nous avons déjà été insupportables.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
I like movies
Durée
99 minutes
Année
2022
Pays
Canada
Réalisateur
Chandler Levack
Scénario
Chandler Levack
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
I like movies
Durée
99 minutes
Année
2022
Pays
Canada
Réalisateur
Chandler Levack
Scénario
Chandler Levack
Note
7 /10

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