Ribbon - une

[TJFF] Ribbon — L’art au temps de la Covid

« Ce n’est pas un déchet. »

Ribbon - Affiche

Nous sommes à l’hiver 2020 et l’étudiante en art Itsuka (Non) ne peut plus afficher son projet de fin d’études en raison de la récente épidémie de COVID-19. Sans canal d’expression personnelle, elle a du mal à comprendre ce qu’elle devrait faire. Avec des visites occasionnelles de ses parents, sa sœur (Karin Ono), sa meilleure amie/camarade de classe (Rio Yamashita) tout en étant confinée à la maison, Itsuka trouve progressivement un nouveau but dans sa vie confinée. 

Pour ses débuts en tant que réalisatrice, Non (de son vrai nom Rena Nounen) offre, avec Ribbon une œuvre séduisante et imaginative montrant les difficultés vécues par les étudiants en art lorsque la Covid19 a frappé la planète en 2020.  

Une artiste multidisciplinaire

Non (のん) a non seulement réalisé et écrit Ribbon, elle en a aussi fait le montage et elle joue le rôle principal. Mais pourquoi s’arrêter là lorsqu’on est, avant d’être cinéaste, une artiste en art visuel? Elle a donc aussi créé les peintures de son personnage. 

Ribbon - Non - Une artiste multidisciplinaire
La réalisatrice, Non

La jeune femme est, à mon avis, une des artistes les plus complètes et impressionnantes du moment. Ce n’est pas étonnant que pour ses débuts derrière la caméra, elle a eu le soutien et la collaboration de certains gros noms du cinéma japonais. Shunji Iwai y fait un cameo, Shinji Higuchi signe les VFX, Isshin Inudo (comme plusieurs autres cinéastes) l’a soutenu dans la création de ce premier long métrage.

Ribbon montre comment les artistes des écoles d’art survivent (ou périssent) dans les circonstances de Covid-19. Imaginez avoir travaillé pendant plusieurs années à une œuvre qui doit être présentée lors de l’exposition de film d’études qui… doit être annulée à cause de la pandémie. Imaginez si votre art ne peut être transporté et que vous devez tout abandonner en attendant que la pandémie se termine. Voilà le complexe sujet traité par Non dans son premier film. 

Et elle le fait dans un film intelligent, original, mais léger. 

Un film imaginatif et fort

La réalisatrice explique avoir fait ce film pour soutenir les étudiants en art, qui ont vu leurs espoirs et leurs rêves bousculés en 2020. Cette histoire de passage à l’âge adulte, originale et engageante, capture cet isolement onirique des premières semaines de confinement tout en explorant comment nous pouvons parfois trouver la motivation de poursuivre notre chemin vers un but de moins en moins apparent.

Ribbon - Un film imaginatif et fort
Itsuka (Non)

Malgré la lourdeur apparente du thème, Non réussit à créer une œuvre lumineuse, porteuse d’espoir. Les scènes de dialogues entre deux personnages (jamais plus) sont drôles dans leur présentation. Les deux personnages sont presque toujours éloignés l’un de l’autre (distanciation sociale oblige) dans un rapport d’intimité redéfini par la pandémie. Cette réalité plutôt tragique est montrée d’une façon qui allège le cœur. Et les acteurs, Non en tête, sont excellents. 

Les dialogues tournent autour des enjeux particuliers de la période covidienne. Avec peu de recule sur cette époque qui n’est pas encore résolue, on se trouve capable de sourire à la vue de la mère de Itsuka qui arrive chez sa fille vêtue d’un accoutrement digne des Jeux olympiques de Pékin, ou encore de son père qui se promène avec une longue perche afin de garder les possibles autres piétons à une distance correcte.  Il y a aussi Mai, la sœur de l’héroïne, qui surutilise le vaporisateur désinfectant dans l’appartement d’Itsuka. Mais ces gestes qui nous font sourire sont la réalité d’il n’y a pas si longtemps. 

Puis, il y a les rubans du titre… Que serait un film japonais sans un peu de réalisme magique? Non, avec l’aide de Shinji Higuchi intègre des rubans qui apparaissent par moment. Ces rubans font partie du processus créatif de l’étudiante. D’ailleurs, le film commence avec Itsuka qui marche dans un monde surréel (et pourtant si réel) vêtu d’une robe fait de rubans. Lorsque la femme entre dans son univers créatif, ces rubans apparaissent, flottant, tourbillonnants, dansants montrant ainsi que le personnage se perd dans son univers bien à elle. Sans oublier que ces petites pièces de tissu font partie intégrante des œuvres qu’à réalisé Itsuka à l’école. Je ne veux pas en dire plus, car ses toiles ont une représentation importante dans le récit. Mais je dois avouer que si l’œuvre principale du film était à vendre, je serais le premier à vouloir l’acquérir.

Un peu plus…

Lorsqu’un ennemi invisible vole nos rêves, que peut-on et que doit-on faire? Cette question aura été dans la tête et dans le cœur de million de personnes dans les 2 dernières années. Plusieurs films ont été faits sur le thème de la pandémie. Certains plus spécifiquement sur la Covid19. Je n’en ai vu seulement que deux qui valent le détour. Mais Ribbon est dans une classe à part. 

Je pourrais revoir ce film encore et encore sans me tanner. Je dois dire que l’actrice principale a su tracer un chemin spécial jusqu’à mon cœur avec les deux films dans lesquels j’ai eu le bonheur de la voir jouer. L’autre étant Hold me back, vu à ce même festival l’année dernière.

Ne manquez pas votre chance de voir un grand film!

Ribbon est présenté au TJFF, le 27 juin 2022.

Bande-annonce

Fiche technique

Titre original
Ribbon
Durée
115 minutes
Année
2021
Pays
Japon
Réalisateur
Non
Scénario
Non
Note
9 /10

4 réflexions sur “[TJFF] Ribbon — L’art au temps de la Covid”

  1. En tant qu’un fan de cette actrice Non, je suis très heureux que vous appréciiez son premier film à sa juste valeur ! En plus d’être une actrice pleine de talent et d’une artiste, elle est aussi une musicienne, chanteuse et guitariste. La musique du film Ribbon, si délicate et si émouvante, a été créée par une amie guitariste de Non, avec qui elle joue souvent. Non a fait ses débuts éclatants, en 2013, dans le feuilleton télévisé de la chaîne NHK, intitulé “Amachan”, dont le Japon entier a raffolé. Ce succès est décrit dans un article du Monde : .

      1. La série a été diffusée, je crois, à Taïwan et peut-être en d’autres pays de l’Asie, mais sans doute pas ailleurs. Les Japonais avaient une raison pour aimer cette série, parce que l’histoire se déroulait dans la région dévastée par le séisme catastrophique de 2011, et le personnage principal, la pétillante petite “Amachan” incarnée par Non-san, est devenu une sorte de symbole d’encouragement pour toute la région, et tout le Japon. Vous en verrez des bribes en cherchant simplement “Amachan” dans YouTube…

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Fiche technique

Titre original
Ribbon
Durée
115 minutes
Année
2021
Pays
Japon
Réalisateur
Non
Scénario
Non
Note
9 /10

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