« — J’ai tous les droits de rester ici, c’était la maison de ma mère.
— Ah ouais? T’étais où ces 5 dernières années? »
Jean (Normand Daneau) n’a pas vu sa mère, Diane (Lise Roy), depuis les cinq dernières années, en raison d’un incident qu’il n’est pas prêt de vouloir lui pardonner. Alors qu’elle vient de se suicider en Belgique, Jean doit s’y rendre afin de récupérer les cendres et s’occuper de la succession. Chez sa mère il fait la rencontre de Fabrice, le très jeune mari de Diane. Il rencontre également Juliana, une bonne amie de sa mère, et à qui cette dernière a confié son testament olographe. Jean apprend que sa mère lui lègue un miroir ancien d’une grande valeur. En faisant le tri dans les effets personnels de Diane, Jean développe une légère obsession pour ce miroir ancien qui serait lié à des événements troublants et charnières dans la vie de Jean lorsqu’il était enfant. À travers la quête du miroir, il découvrira également un secret longtemps caché par sa mère. Jean devra lui pardonner, mais également et surtout, s’en libérer…
…
Il y a quelques mois, je vous parlais du film Le miroir, de Marc Joly-Corcoran. La semaine dernière, le réalisateur québécois arrivait avec une nouvelle version de son film. J’ai pris quelques minutes pour jaser avec lui de ce director’s cut qu’il propose.
Vous vous êtes déjà demandé pourquoi un réalisateur en venait à vouloir faire une autre version de son film? Évidemment, les raisons peuvent varier d’un projet à l’autre. J’ai donc demandé à Marc Joly-Corcoran pourquoi il avait décidé de faire cette nouvelle mouture de ce film que j’avais beaucoup aimé.
Depuis que la version cinéma fut tablettée, après avoir été barré, mixage et colo faits, c’est difficile d’y revenir. Mais je n’ai jamais été satisfait de la version cinéma. Je crois avoir manqué de recul sur cette histoire très personnelle, et je crois qu’un monteur, un regard extérieur et neuf, m’aurait aidé à trouver le film que j’aurais aimé présenter en salles. Mais voilà, nous n’avions pas le budget pour payer un monteur quelques mois à temps plein sur mon film… Aussi, j’ai fait certains choix esthétiques que je voulais au début [et que j’avais laissé tombé pour diverses raisons], comme le noir et blanc des scènes du présent, et en couleur pour le passé (que je trouvais plus percutant). Je voulais cela moins linéaire, aussi, afin d’engendrer un sentiment de « déphasage » plus malaisant chez mon personnage central, Jean. C’est pourquoi on l’entend parler par moment, mais sans le voir réellement prononcer des mots à l’écran. Il y a beaucoup plus de « jump cut » également, et je me suis permis donc d’enlever certains moments [qui me plaisaient moins]… Et dans ce sens, oui, j’ai voulu expérimenter, de là le sentiment « expérimental » que tu décris.
Je lui disais effectivement que la deuxième version avait une touche plus expérimentale. Cette touche fait en sorte que cette nouvelle version du film n’est pas inutile. Ça donne un film passablement différent qui sera intéressant autant pour ceux qui ont vu l’originale que pour ceux qui ne l’ont pas vu.
Une des grandes différences entre les deux films vient du fait que plutôt que de garder le secret sur la relation ambigüe entre Jean et sa mère, le réalisateur donne immédiatement l’heure juste et mise sur un autre élément important pour établir le mystère : « j’ai voulu établir dès le début le drame originel du point de vue de Jean qui installe un trouble, un état, duquel il voudra se libérer. Jean se rappelle de ce moment, où sa mère est dans le bain, en sang — par contre, on ne sait pas pourquoi ».
Évidemment, si j’ai décidé de vous parler de cette nouvelle version de Le miroir, c’est qu’il est possible de le voir.
La version « 2 » du film est disponible via le site du distributeur. En fait, lorsque vous achetez le film original, le director’s cut vous est offert gratuitement.
Bande-annonce
Titre original : Le miroir – Version alternative
Durée : 66 minutes
Année : 2021
Pays : Canada (Québec)
Réalisateur : Marc Joly-Corcoran
Scénario : Marc Joly-Corcoran
© 2023 Le petit septième