« J’évolue dans un univers gigantesque. Démesuré. Transformé. Un paysage inconnu. »
« Ce matin je me suis éveillé avec un sentiment d’oppression. Avec l’impression que tout était plus grand que nature autour de moi. Que j’étais petit. Très petit… et seul. Isolé… ». C’est par cette narration singulière du personnage principal que débute ce court-métrage issu d’une web série de 8 micro-épisodes, et réalisée sous forme d’un journal vidéo. Le personnage principal, perdu dans un univers hostile, inconnu mais étrangement familier, y dévoile ses observations suite à un atterrissage forcé. Cette œuvre poétique et narrative présente un monde hors échelle, sans présence humaine, composé exclusivement d’éléments minéraux et végétaux. Science-fiction ou poésie d’observation? Ce voyage — qui se veut avant tout intérieur — aborde différentes thématiques universelles dont la solitude, la beauté, l’immensité et la peur. Univers onirique ou paysages sans point de repère avec notre réalité… quel est donc cet univers? Le protagoniste aura 8 jours pour le découvrir.
Avec Un gigantesque petit univers, Alessandro Cassa prouve une fois de plus qu’il est un maitre dans l’art de la narration au cinéma. On regarde ce film comme on écoute un vieil homme raconter le récit d’une vie palpitante.
Le cinéma, c’est l’union du son et de l’image… C’est évident, vous direz. Et pourtant, ici, ça prend tout son sens. Cassa a une façon bien à lui d’unir de magnifiques images et des textes profonds. Sans utiliser d’acteurs, comme il l’avait fait pour son très récompensé Acarus Dumdell ou la théorie de la fiction, le réalisateur plonge le spectateur dans une transe, un incroyable sentiment de bien-être.
Un gigantesque petit univers se regarde comme un récit. Vous savez cette façon qu’ont les conteurs de raconter leurs histoires? On peut fermer les yeux et juste les écouter. On voit les images merveilleuses au fond de notre cœur. C’est exactement ce que nous offre Cassa, ici. Aucunement besoin de fermer les yeux. Les images a l’écran son exactement celles qu’il y aurait au fond de votre imaginaire. Elles sont peut-être même plus belles.
Ce récit lumineux, à la musique épique, n’est rien de moins qu’universel et intemporel. Faites le voir à un Indien, à un Italien, à un Québécois ou encore à un Sénégalais, et l’effet sera le même. Qui ne s’est jamais senti perdu, déstabilisé, seul? Qui n’a jamais été empreint d’un grand sentiment de bien-être?
Faire passer une émotion se fait généralement par les personnages qu’on présente au spectateur. C’est par l’identification aux personnages qu’on transmet l’émotion. Et pourtant, Alessandro Cassa n’a besoin d’aucuns personnages pour faire passer l’émotion dans Un gigantesque petit univers.
Les images sont magnifiques et elles disent tout ce qu’il y a à dire. On ajoute à ça la musique fantastique et la narration (et surtout le texte) profonde, vraie, pure, et on se retrouve avec une œuvre forte qui restera d’actualité dans 10 ans d’ici. Certainement le court métrage à ne pas manquer cette année!
© 2023 Le petit septième