RIDM 2019 – Les courts métrages

« Est-il possible de mourir et de ne pas s’en rendre compte?
Peut-être que nous sommes tous déjà morts.»

Les RIDM commencent demain. Je me propose donc, comme nous avons l’habitude de le faire chez LPS, de vous offrir un avant-goût de ce que vous offrira la section des courts métrages. Cette année, nous en avons vu 3. Les voici!

La bala de Sandoval (Jean-Jacques Martinod) – Équateur

La bala de sandovalIsidro parcourt la forêt tropicale humide en racontant ses diverses rencontres avec la mort.

La chance, le hasard, le destin… La vie tient parfois à peu de choses. Sandoval n’est pas un homme chanceux. À moins qu’il soit un homme incroyablement chanceux. Par deux fois, il a failli mourir. Une fois, une balle s’est logée dans sa gorge. Une autre fois, c’est un coup porté avec une bouteille qui a failli sectionner une artère importante. Pourtant, il est là, avec son frère, pour nous raconter son histoire.

Ce court métrage expérimental nous emmène dans les profondeurs de la forêt équatoriale et de l’existence. Jean-Jacques Martinod a choisi de raconter cette histoire par la voix de Sandoval et de son frère, en l’accompagnant d’un flot d’images atmosphériques basculant parfois dans l’abstraction pure.

Si le documentaire expérimental vous intéresse, vous pourrez découvrir La bala de Sandoval les 21 et 23 novembre 2019.

Goodbye Thelma (Jessica Bardsley) – États-Unis

Goodbye Thelma
Le montage en négatifs

Goodbye Thelma amalgame des images du film de 1991 Thelma & Louise et des images que la réalisatrice a elle-même même tournées afin de créer une exploration auto-fictive, mystérieuse et parfois troublante, à travers les joies et des terreurs de voyager seule.

Voyager seule pour une femme, c’est quoi? C’est cette question qui est au centre de cette étrange auto-fiction. En intégrant ses propres expériences de voyage aux images du film culte, la réalisatrice nous fait prendre conscience des avancées et stagnations de la place des femmes et des rôles qu’on leur attribut.

Par un montage efficace et minutieux, les voix des personnages de fiction renvoient un écho étrange aux réflexions silencieuses de la réalisatrice. L’inquiétude, la peur et le regard des autres se confondent avec les souvenirs et les fantasmes empruntés à l’imaginaire de la fiction. Presque entièrement en négatif, le court métrage devient un parfait mélange entre réalité et fiction.

Vous pourrez voir ce petit coup de cœur les 21 et 22 novembre 2019.

Fordlandia Malaise (Susana De Sousa Dias) – Portugal

Fordlandia Malaise est un film sur la mémoire et le présent de Fordlandia, la ville fondée dans la forêt amazonienne en 1928 par Henry Ford afin de fournir les pièces de caoutchouc à sa compagnie.

Fordlandia malaise
Le cimetière de Fordlandia

En regardant ce court métrage, deux choses me sont venues à l’esprit : 1, Henry Ford pourrait être considéré comme un des grands-pères de la destruction de notre planète, et 2, un siècle plus tard, on ne peut pas dire que les hommes ont changé.

Afin de construire cette mini ville, l’Américain a brulé plus de 1000 acres de forêt, il a chassé et coloniser les peuples aborigènes qui y vivaient et il a maltraité les familles qui le rendaient riche. Et ce projet fut, comme vous le savez peut-être, un échec lamentable. Susana de Sousa Dias saisit l’atmosphère étrange de cette utopie devenue dystopie à l’aide de plans de drones et d’une superbe photographie en noir et blanc. Grâce à cela, la réalisatrice offre une séquence d’ouverture des plus spectaculaires qui ferait à tout coup crever un épileptique.

Plutôt que de se contenter de narrer les faits attristants de ce désastre écologique et économique, la réalisatrice donne la parole aux gens qui y vivent. On se retrouve donc à mélanger les mythes et légendes et la réalité. Ces mythes ancestraux et les chants bousculent l’hégémonie du « progrès » capitaliste et interrompent la désolation que les images en noir et blanc nous mettent en plein visage.

Aujourd’hui, Fordlandia est un espace suspendu entre deux époques, quelque part entre les XXe et XXIe siècles, entre visibilité et invisibilité. Les maisons, les usines, l’église sont des signes de l’évolution (ou non-évolution) du lieu.

Fordlandia Malaise est un documentaire étonnant qui montre, encore une fois, que l’homme n’a pas son égal pour détruire la nature. Une nature qui, au final, réussit toujours à se venger de l’homme. Vous pourrez le voir les 21 et 22 novembre 2019.

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L’horaire complet des projections de courts métrages est disponible sur le site des RIDM. Quand à nous, on vous donne rendez-vous pour notre couverture des longs métrages présentés au festival dans les prochains jours.

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