Maria’s Paradise – Parler aux anges

« Que veulent être les filles pour le Seigneur? Les porteurs de son message. »

Maria's Paradise - afficheFinlande, les années 1920. La prédicatrice charismatique Maria Åkerblom (Pihla Viitala) conduit ses fidèles adeptes à Helsinki, dont Salomé (Satu Tuuli Karhu), sa jeune préférée. Lorsque Salomé se lie d’amitié avec Malin (Saga Sarkola), une fille de la rue, sa vision du monde est mise au défi. Elle se retrouve alors déchirée entre la promesse d’une liberté retrouvée et le dangereux amour dévorant de Maria.

Maria’s paradise (Marian paratiisi), de Zaida Bergroth, dépeint l’univers sectaire des Enfants de Maria, une secte qui a véritablement chamboulé la Finlande au début du siècle dernier. Du coup, la réalisatrice montre à quel point il peut être difficile d’accepter la vérité.

Parler aux anges

Maria's Paradise - Parler aux anges
Le lit où Maria parle aux anges

Bergroth propose une analyse puissante et sophistiquée de la façon dont les leaders opportunistes emploient la superstition, la peur et le charisme personnel pour garder leur partisan sur le droit chemin et, même parfois, les convaincre de commettre des actes illégaux. Maria’s Paradise présente un miroir de notre époque, nous rappelant que la démagogie – qu’elle soit religieuse, politique ou souvent une combinaison tordue des deux – est toujours aussi présente. Le film a beau se dérouler dans les années 1920, il pourrait tout autant être situé en 1960 ou en 2019. 

Ici, la prophète est Maria Åkerblom. Elle se fait couvrir d’un drap de soie, sur un magnifique lit. Puis, on attend. Soudainement, elle se cambre, elle se relève brusquement… Elle est mise en contact avec les anges qui lui passent leurs messages. Et vlan! Rien de plus pour convaincre les fidèles. Ça semble si simple… Mais si plausible. 

Maria Åkerblom a réuni autour d’elle une foule de disciples dévoués dans une ferme rurale bien aménagée. L’attachement de ses acolytes est si puissant qu’elle peut les convaincre de faire n’importe quoi, même, d’attaquer les personnalités qui les menacent. Qu’il s’agisse d’un garçon d’étable (battu à mort) ou d’un haut placé (assassiné), elle envoie ses enfants s’en occuper. J’imagine que ce sont les anges qui lui dictaient cela… Sa secte est devenue tellement notoire qu’elle a été ciblée à la fois par les chefs religieux et politiques.

S’en sortir

maria's paradise - S'en sortir
Salomé et Malin

Orpheline à un très jeune âge, Salomé a été « sauvée » par Maria. La vie dans le culte est tout ce que Salomé a connu, mais lorsqu’elle accompagne Maria lors d’un voyage en ville, elle découvre une existence beaucoup moins réprimée. Quand elle rencontre la maline Malin, qui comprend rapidement les ruses de Maria, Salomé se retrouve à remettre en question les enseignements de son chef pour la toute première fois.

Malin profite de l’absence de Maria (dû à ses problèmes avec les autorités) pour s’intégrer aux Enfants de Maria. Elle gagne lentement la confiance de la jeune Salomé, avec pour objectif de la sortir de cette secte malsaine. 

Mais encore…

marias paradise - Mais encore
Maria

Qu’est ce qui fait de Maria’s Paradise un film différent des autres films de sectes? Dans la première partie du film, Maria ne nous semble pas particulièrement méchante ou vile. Même qu’on a envie de la prendre en pitié. Elle est persécutée par les autres habitants de sa petite ville. Elle doit fuire… Mais à un certain point du film, on réalise qui elle est réellement. On découvre ce que les membres de la secte de voient pas. Et c’est là que le film prend tout son sens.

Maria’s Paradise montre de façon juste comment le charisme des gourous et un peu de travail sont souvent suffisants pour séduire les pauvres âmes. Un film qui vaut le déplacement. Surtout qu’il ne risque pas vraiment d’atteindre nos salles avant un bon bout… Si jamais ça arrive.

Note : 8/10

Maria’s Paradise est présenté au TIFF les 6, 8 et 15 septembre 2019.

Visionnez la bande-annonce : 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

© 2023 Le petit septième