« Je m’appelle… Romeo Castellucci! »
Metteur en scène, scénographe et créateur de costumes pour plus d’une centaine de spectacles et d’opéras, Romeo Castellucci illumine la scène théâtrale d’avant-garde de l’Europe des années 1990. Suivant le parcours inédit de l’artiste, ce documentaire porte à l’écran la prolifique carrière du metteur en scène, utilisant des documents d’archives qui nous montrent de nombreuses répétitions et tournées européennes en présence de cet homme de théâtre. Dramaturges, compositeurs, chorégraphes et acteurs relatent leurs rencontres artistiques avec ce metteur en scène italien, nourrissant une réflexion sur les racines profondes du théâtre et son rapport intrinsèque à la nature humaine.
Avec Theatron. Romeo Castellucci, Giulio Boato nous offre un documentaire d’une grande richesse artistique et intellectuelle. Et démontre surtout tout le génie du créateur italien.
À quoi s’attendre d’un groupe de quatre amis qui fondent une compagnie de théâtre (Socìetas Raffaello Sanzio) parce qu’ils ne trouvent personne qui offre un théâtre semblable à ce qui les allume, les intéresse? Je ne connaissais pas Romeo Castellucci avant de voir ce documentaire. Mais je sais maintenant qu’il représente exactement le type de théâtre qui m’allume. Un théâtre expérimental dans lequel on ne sait jamais à quoi s’attendre. Un bébé seul sur scène, interagissant avec une espèce de robot épeurant… Des animaux morts prenant part au spectacle… Et même des cendres d’os animales déversées en énorme quantité sur la scène.
Qu’on aime le théâtre expérimental ou non, ce film demeure particulièrement intéressant. On y voit une autre façon de faire de la scène. Les extraits qu’a choisis le réalisateur sont marquants, intrigants et, dans mon cas, donnent envie de partir pour l’Europe afin d’assister à une pièce de Castellucci. D’ailleurs, pour bien illustrer son propos, Boato commence son film avec des images floues, en format carré.
Ce qui est le plus intéressant dans Theatron. Romeo Castellucci, ce ne sont pas tant les entrevues avec ses collaborateurs que les moments où l’homme de théâtre nous explique sa démarche, ses intérêts et ce qui le rebute dans l’art. Pour lui, on ne fait pas du théâtre pour faire de la politique. Mais le théâtre est tout de même politique…
Bien entendu, certains témoignages sont particulièrement intéressants. Je pense entre autres aux interventions de Silvia Costa, qui raconte comment elle s’y prend pour travailler avec lui et comment ils se comprennent.
Si j’ai une critique à faire à Theatron. Romeo Castellucci, c’est qu’il est un peu court. Je ne sais pas s’il a été créé pour la télé ou s’il y a une autre raison, mais j’en aurais pris un peu plus. Surtout lorsque Castellucci parle de ce qu’il fait. Sa passion passe merveilleusement bien à l’écran et j’aurais aimé en savoir encore plus sur ce qui l’inspire. Je n’ai malheureusement pas l’impression d’avoir fait le tour du sujet. Mais bon… Ça reste un film très intéressant et, surtout, réussi.
Un documentaire accessible à tous, qui montre un théâtre qui est, peut-être, moins accessible.
Note : 8/10
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