« T’es pas une mère, t’es même pas un être humain. »
Élevée dans un camp de réfugiés de Cisjordanie alors que sa mère était en prison, Walaa rêve de devenir policière dans les Forces de sécurité palestiniennes. Sa famille – même son frère adoré Mohammed – tente de l’en dissuader, mais elle s’inscrit et est admise. Son comportement rebelle et sa relation difficile avec sa mère compliquent toutefois la situation, que ses conditions de vie viennent aggraver.
Suivant Walaa de ses 15 ans à ses 21 ans, Le rêve de Walaa (What Walaa Wants), sélection officielle aux RIDM et à la Berlinale, adopte un point de vue intimiste pour présenter l’histoire d’une jeune rebelle qui affronte de redoutables obstacles, apprend les règles à suivre ou à transgresser et déjoue les sombres prévisions de son entourage et du monde en général.
« C’est une délinquante en hijab. Si elle arrive à se faire admettre dans les Forces de sécurité palestiniennes, ce sera une mauvaise policière, une flic pourrie. » C’est la réaction qu’a eue un des collègues de la réalisatrice lorsque celle-ci lui a présenté la bande-annonce du Rêve de Walaa.
Je dois admettre qu’après 30 minutes d’écoute, j’en étais arrivé à la même conclusion. En fait, je ne voyais aucunement comment elle pourrait y arriver. Et même que j’espérais presque de la voir se planter. Quand elle s’est fait engueuler par un officier, j’étais content.
Mais plus le film avançait et plus je commençais à la trouver sympathique et à comprendre pourquoi la réalisatrice lui a consacré un film.
« Je fais ce film parce qu’il s’agit d’une histoire positive, pleine d’humour, stimulante, axée sur une protagoniste remarquable, plutôt effrontée, qui lutte contre des démons (et contre les prévisions négatives) sur divers fronts. Un récit intime qui trouvera un écho dans un contexte plus large et alimentera la discussion. Intelligente, drôle, vulnérable, Walaa aspire à quelque chose, mais elle a hérité du tempérament de sa mère et peut parfois devenir une véritable emmerdeuse. Je l’aime pour tout ce qu’elle est, et je l’appuie comme être humain. C’est une fille intéressante parce qu’elle enfreint les règles, mais aussi parce qu’il y en a certaines qu’elle apprend – de haute lutte – à respecter. »
Walaa habite dans un camp de réfugiés. Le camp de réfugiés Balata, où elle vit, a été établi en 1950. Il a une superficie de 0.25 KM2 et une population d’environ 27 000 habitants. Oui, ça en fait du monde au pouce carré!
La première partie du film s’y déroule. Et chaque fois que je regarde un documentaire qui se passe dans cette région, j’en viens au même constat : les religions sont réellement nocives.
Bien que les guerres entre Israéliens et Palestiniens ne soient pas le sujet du film, on y touche tout de même de façon subtile. Juste assez, en fait, pour montrer l’importance de ce conflit pour cette famille. Sans ce stupide conflit, la mère de Walaa n’aurait pas été en prison. Ni son cousin, ni les autres membres de sa famille qui s’y sont retrouvés.
Bien que je n’étais pas convaincu de l’utilité de ce film au départ (je l’avais volontairement évité aux RIDM) et encore moins après quelques minutes de visionnement, je n’ai eu d’autre choix que de me ranger du côté de la réalisatrice. Ce film est utile, car il nous montre le conflit à travers une famille simple, une famille normale… malheureusement. Je dis malheureusement car, dans mon regard de Nord-Américain, il est difficile de voir une normalité chez une famille qui vit dans un appartement trop petit, sale, avec presque aucun meuble, sans lit (ils dorment sur des matelas sur le plancher) et presque sans argent.
Le rêve de Walaa est un film qui traite d’un sujet grandement complexe, à travers un personnage simple et charismatique. C’est le genre de film qui pourrait permettre à quelqu’un qui ne connait rien à la situation en Cisjordanie d’en apprendre un peu sans se sentir dépassé. Et de rencontrer une jeune femme inspirante, un espoir pour ceux qui ont des difficultés et des rêves qui semblent impossibles.
Note : 8/10
Visionnez la bande-annonce :
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