« Ah bon, t’es lesbienne? Pourtant t’es pas moche. »
J’avais beaucoup aimé les deux saisons de la websérie de Chloé Robichaud, Féminin / Féminin, dans laquelle l’univers lesbien montréalais est montré dans toute sa splendeur et sa complexité. Parce que, avouons-le, quelles relations humaines ne sont pas complexes. Et lorsqu’il est question de sentiments, rien ne va plus.
Alors quand j’ai entendu parler de la websérie Les Goudous, écrite et réalisée par Charlotte Lefèvre et Diane Prost, j’étais intriguée. Eh oui, je sais… elles en sont à la troisième saison. Mieux vaut tard que jamais! Cette série ne tend pas vers le dramatique, comme ce que l’on voit souvent, mais va plutôt du côté de l’humour, voire de l’absurde.
Mais avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’une goudou? Tout simplement un autre terme, familier, pour lesbienne.
Dans une petite ville tranquille d’Ile de France, Angie (Angélique Braun), jeune parisienne de 26 ans, rencontre en soirée Jazz (Diane Prost) et Roxy (Charlotte Lefèvre), deux amies liées par une sexualité commune. En effet, ces deux dernières assument pleinement leur homosexualité et s’en amusent. Angie, ignorante sur le sujet et remplie de clichés est fascinée par cet univers qui s’offre à elle. Elle ne peut donc pas s’empêcher de poser toute une multitude de questions à Jazz et Roxy, sur le sexe entre femmes, leur rapport aux hommes, et sur le simple fait d’être lesbienne. C’est ainsi qu’Angie invite le spectateur à découvrir ce monde un peu secret, un peu tabou, des goudous (les lesbiennes) mais aussi des tantines (les gays) et des bis.
La série serait donc une porte d’entrée humoristique vers l’univers homosexuel, tout particulièrement l’univers lesbien. Pour l’écriture, les scénaristes se sont inspirées de différentes situations vécues ou entendues : « Nous traitons ici les questions les plus générales qui nous ont marquées et nous y répondons avec humour. Il est important de savoir que nous ne sommes pas réticentes à ces questionnements, ils sont légitimes, l’inconnu intrigue toujours. »
La première saison, c’est 9 épisodes de 2 à 5 minutes, ainsi que trois épisodes de « Bêtisier » (davantage connu ici sous l’appellation anglaise bloopers).
Les deux personnages principaux subissent presque un interrogatoire sur ce que c’est que d’être une lesbienne. La première capsule, Le Gaydar, est excellente et donne le ton. Saviez-vous qu’il existe un signe « secret » de reconnaissance entre lesbiennes? 😉
On passe ainsi, au fil des capsules, à travers plusieurs questions cocasses – Quand as-tu choisi d’être lesbienne? Vraiment! – auxquelles les lesbiennes (homosexuels et bisexuels ne sont pas oubliés) sont confrontées.
On s’attaque aux clichés. On les dédramatise.
Dans la deuxième saison, on sort de l’espace unique du salon présenté dans la première saison – bon, ça débordait tout de même de cet espace, mais c’était le point commun de départ de chacune des capsules.
On y va des différentes rencontres que font les lesbiennes, en montrant les moments où elles annoncent leur homosexualité à ceux qu’elles côtoient. On est alors confronté à une panoplie de réactions, allant du dégoût le plus total (l’homosexualité est bien une maladie, non?!) à l’étonnement positif de faire la connaissance d’une lesbienne, comme si celle-ci étant une bête curieuse.
On a aussi droit à des épisodes « Bonus », dont Halloween – Le virus. Le virus lesbien se propage…
Dans cette nouvelle saison, on retrouve Jazz et Roxy qui discutent sur un canapé. Elles font état de différentes anecdotes où les lesbiennes entre elles ne se comprennent pas toujours, de situations cocasses de leurs relations amoureuses passées ou présentes, d’histoires d’acceptation de leur homosexualité ou de celle d’une amie, etc.
Les réalisatrices considèrent l’humour comme la meilleure arme contre les préjugés. Et elles n’ont probablement pas tort.
Si vous avez envie de faire une plongée humoristique vers l’inconnu, pour reprendre l’idée des scénaristes, ou tout simplement de regarder une bonne websérie, bien jouée, Les Goudous sont pour vous.
Une série pour tous!
Voici le tout premier épisode :
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