Blue My Mind – Métamorphose

« Sors de ma chambre! »

Blue My Mind - afficheBleu. De l’esprit nébuleux intermédiaire entre l’enfant et la mer. Bleu est la couleur de Mia (Luna Wedler), 15 ans, récemment arrivée dans une nouvelle ville qui ressemble à toutes les autres. En tentant de se détacher de l’environnement stérile créé par ses parents, elle est attirée par la meute des ados populaires, ceux qui fument, qui volent, qui dérangent. Mia a tout, pourtant elle suffoque. Vient en elle une soif étrange, un instinct irrésistible qui la pousse alors à chercher de l’air là où il n’y en a pas. Dans sa tête, le bruit turbulent de l’eau qui s’écrase contre la plage de galets. Dans sa peau torturée, l’aliénation de la nature où l’inarrêtable et terrifiante transformation corporelle entre en conflit avec le besoin de calme, d’immobilité, de mettre sur pause le souffle parfait.

Avec Blue My Mind, Lisa Brühlmann signe un premier long métrage osé sur l’adolescence et sur les métamorphoses du corps et de l’esprit. La réalisatrice suisse crée une œuvre dans laquelle elle mélange réalisme et conte afin de nous embarquer dans un film poignant.

L’adolescence, une dure période

Blue My Mind - adolescence une dure période
Mia

L’adolescence, c’est ce temps où les frontières entre fantaisie et identité disparaissent. Mia est prise dans son corps, dans sa tête… À presque 16 ans, son corps change, des désirs qu’elle ne contrôle pas apparaissent. Les règles, le cœur qui bat à tout rompre, les premiers désirs. Ce sont de nouvelles réalités que la jeune femme ne comprend pas. Mais il y a plus. Que faire de ces pulsions incontrôlables lorsqu’elle entend l’eau qui coule? Que faire lorsqu’une faim étrange la prend en regardant un poisson?

En plus, Mia arrive dans une nouvelle ville, une nouvelle école. L’adolescence, c’est déjà difficile. Mais arriver où l’on ne connait personne et où l’on voudrait tant être accepté. C’est Gianna qui deviendra sa confidente, son amie, sa guide.

Kafka?

Blue My Mind - Lisa Brühlmann - Kafka
Lisa Brühlmann

Avec la vision insolite de la transformation du corps, la jeune réalisatrice nous amène dans un univers qui rappelle étrangement La Métamorphose de Kafka. Non, Mia ne deviendra pas un insecte. Mais l’univers sombre et étouffant dans lequel vie l’adolescente, et la transformation qu’elle vit sont un beau clin d’œil à Kafka.

Certaines scènes m’ont aussi rappelé Grave (Raw) de Julia Ducournau. Le côté dégueulasse de certaines scènes alimentaires et les haut-le-cœur qui viennent avec sont provoqués à merveille, dans Blue My Mind. Donc oui, le côté « horreur » est réussi. Mais la description des difficultés de l’adolescence est aussi très bien montrée, ce qui permet à Blue My Mind d’être bien plus qu’un film de genre.

Mais encore…

Blue my Mind - Mais encorePour moi, Blue My Mind est empreint d’un romantisme sombre et d’une rage bouillante. Trop souvent, on montre l’adolescence comme une période facile. Trop souvent, on montre l’adolescence avec des films stupides. Ici, on la montre avec une certaine poésie brutale, avec l’angoisse que vivent les jeunes à cette période. Certes, il y a de l’insouciante. Mais il y a aussi toute cette incompréhension de soi-même.

L’intensité avec laquelle Brühlmann traduit la solitude et la soif de danger est troublante et merveilleuse. Blue My Mind nous amène quelque part entre peur et désir. Quelque part au plus profond de nous tous; on peut se reconnaitre en Mia et on peut souffrir avec elle.

Note : 8.5/10

Blue My Mind est présenté à Fantasia les 19 et 25 juillet.

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