« Si on aime ses parents, on est capable de s’aimer soi-même. »
Au cœur d’une forêt profonde, coule une rivière. Sur ses berges, des hommes et des femmes se confient. Dans ce lieu reculé, propice à la réflexion, ils se questionnent sur ce qu’il faut pour atteindre la paix intérieure, supposent l’importance de transmettre quelque chose aux générations futures, réalisent que la fusion amoureuse est un idéal impossible. Alors que le soleil décline derrière les montagnes, les baigneurs s’avouent amèrement le cul-de-sac de certains rêves, mais trouvent encore du sens dans la contemplation de la nature, des étoiles et de la lune.
Lorsque j’ai décidé de regarder La rivière cachée, je n’avais pas réalisé qui avait fait ce film. Parce que l’autre film de Jean-François Lesage que j’ai eu le malheur de voir est Conte du Mile-End. Ici, on est dans la même veine du soi-disant documentaire…
Le réalisateur dit que son film est un « documentaire de création ». Un QUOI?!? « “Documentaire” tout court évoque seulement la rugosité du réel. Mais quand on ajoute le mot “création”, c’est différent. L’imagination peut injecter quelque chose dans le matériel qui vient du réel. On peut injecter de la couleur, de la musique, de la poésie. On injecte de la vie dans la vie. Cette liberté par rapport à mon matériau me donne la possibilité de créer un univers dense et évocateur, aussi unifié et cohérent que celui d’une fiction. »
C’est peut-être juste moi qui ne comprends pas bien ce qu’est un documentaire, mais si tu ajoutes de la fiction ou si tu places les pions que tu veux, là où tu les veux, sans que ce soit vrai, il me semble qu’on ne peut plus parler de documentaire. On parle alors d’un docu-fiction ou simplement d’une fiction. Et dans le cas présent, on parlerait d’une fiction sans vie. Une fiction sans réalisation. Parce que simplement mettre une caméra sur trépied et dire à son personnage de parler, à mon avis, on ne peut pas appeler cela de la réalisation ou de la direction.
Et honnêtement, lorsque le réalisateur dit ensuite ceci : « J’ai trouvé certains protagonistes sur place, mais, vu le caractère isolé et secret du lieu, j’ai aussi dû en convier d’autres à venir nous rencontrer sur le bord de la rivière. Ils étaient de la région ou simplement des touristes de passage. Nous avons pu filmer une quarantaine de rencontres pendant l’été. », je ne crois plus du tout au côté documentaire de l’œuvre.
Un autre point qui me dérange est la pertinence du film. Ou plutôt sa non-pertinence. En quoi la vision de la vie de Joe Blow a-t-elle de l’intérêt? Et là, je ne veux aucunement miner la vision de vie des personnes qui parlent. Même que certains ont des points de vue intéressants sur le couple ou sur la vie. Mais de là à en faire un « documentaire »…
On a l’impression d’assister à une discussion de cuisine. Oui, le lieu semble particulièrement propice au recueillement. Oui, la rivière semble très belle. Ok. Ensuite? Lesage a eu l’idée de son film en lisant une citation de Christian Bobin qui va comme suit : « Je voudrais parfois entrer dans une maison au hasard, m’asseoir dans la cuisine et demander aux habitants de quoi ils ont peur, ce qu’ils espèrent et s’ils comprennent quelque chose à notre présence commune sur terre. On m’a assez bien dressé pour que je retienne cet élan qui pourtant me semble le plus naturel du monde. »
Oui, tout le monde peut être intéressant si l’on prend le temps d’écouter. Mais ensuite, il faut en faire quelque chose. Si le réalisateur avait pris ces rencontres pour ensuite créer des personnages et rédiger un scénario, là, peut-être…
En commençant avec 2 minutes de plans de rivière qui coule, puis un autre 3 minutes et demi d’une jeune femme qui tente de se rendre à la rivière par une voie escarpée, on arrive à la sixième minute et on est déjà tanné.
Mais au final, La rivière cachée, c’est 75 minutes d’ennui et de plans peu travaillés. Avec une bonne musique, tout de même…
Vous cherchez quoi faire en fin de semaine? Allez voir autre chose!
Note : 4/10
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