Zizou, film tunisien de Férid Boughédir – avec Zied Ayadi, dans le rôle de Zizou (pour la première fois à l’écran) et la splendide Sara Hanachi (Aïcha) –, se déroule dans le contexte du printemps arabe, plus précisément le printemps tunisien, où tout a commencé.
Aziz, que l’on appelle Zizou, est un jeune diplômé chômeur très naïf qui tente sa chance en ville, à Tunis. Il arrive avec quelques économies, plein de bonne volonté et prêt à faire confiance à tout le monde.
Il se fait embaucher pour installer des antennes paraboliques sur les toits de la capitale d’où la caméra capte de superbes vues sur la mer et la ville.
Bien sûr, il se fait avoir par de supposés amis; on le voit impliqué dans toutes les factions de ce qui se dessine comme le tout début de la révolution des pays arabes. On est en 2014.
Zied Ayadi offre une performance digne des plus grands. Il a une tête très sympathique, il est beau; on l’aime dès les premières images.
Le film de Férid Boughédir présente une histoire touchante, drôle parfois et troublante sachant la réalité de la situation, sur des images formidables de la ville et de ses ruelles, ses quartiers et ses souks. Lorsque Zizou croise le regard de la belle Aïcha – jeune femme séquestrée par un groupe de mafieux -, on veut les voir en couple tellement ils sont beaux.
Ce film a le grand mérite de nous placer au cœur de l’histoire récente de la révolution arabe avec l’insertion de quelques images d’archives des marches et des manifestations de la rue.
Zizou ne se prend pas pour une grande production hollywoodienne et c’est tant mieux. On sent dans cette œuvre le travail presque artisanal du réalisateur, on entre dans sa belle simplicité cinématographique.
Ça fait du bien à l’âme du cinéphile de voir un tel film et ça rafraîchit aussi l’information politique, même en sachant que le printemps arabe a déchanté avec la montée au pouvoir des Frères musulmans par la suite.
C’est toute la naïveté d’un peuple que ce film illustre : nous sommes manipulables comme Zizou…
Un film à voir pour l’amour du cinéma bien fait et avec du contenu.
Note : 8,5/10
Le film est présenté les 13 et 15 avril 2018 au Festival Vues d’Afrique.
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