Tu dors Nicole – La couleur de l’ennui

Tu dors Nicole - afficheLe long métrage de Stéphane Lafleur, Tu dors Nicole, sélectionné pour la Quinzaine des réalisateurs au dernier Festival de Cannes, sort dans les salles québécoises. Ses parents partis en vacances, Nicole (Julianne Côté) a la maison familiale pour elle. Mais son frère aîné Rémi (Marc-André Grondin) débarque avec son « band » pour pratiquer et faire un enregistrement. La meilleure amie de Nicole, Véronique (Catherine Saint-Laurent), semble profiter beaucoup plus qu’elle de cette situation. Pour ajouter à tout cela, Nicole souffre d’insomnie qu’elle tentera de contrer de différentes manières.

Dans l’une des premières scènes, Nicole tente de récupérer son vélo qui est attaché à une clôture où plusieurs vélos sont cadenassés, parfois à quelques pieds du sol. Cette scène vraiment belle et un peu surréelle donne le ton au film. Il importe tout de même de dire que le film est en noir et blanc. Cela m’a d’abord paru curieux, mais ce côté monochrome rend très bien l’ennui et la nonchalance des deux personnages féminins principaux. Le noir et blanc nous fait d’ailleurs un peu déconnecter de la réalité. La composition plutôt fantaisiste du monde me faisait parfois penser à Vic + Flo ont vu un ours de Denis Côté.

Plusieurs scènes sont aussi plutôt amusantes, dont celles avec Martin (Godefroy Reding). La voix du jeune garçon de 10 ans a été doublée par celle d’un homme. Ça crée un effet assez saisissant. Amoureux de sa gardienne Nicole, il tente par tous les moyens de la séduire et finit par lui dire qu’elle peut expérimenter tant qu’elle veut, qu’il l’attendra. Dans une autre scène, Rémi tente de couper le cadenas défectueux du vélo de sa sœur. Une voisine, croyant assister à un vol, menace Nicole et son frère d’appeler la police. Rémi lui crie alors : « Madame tu me déconcentres! » Une réplique vraiment bien placée. Et qui ne rêve pas un jour de faire partie de la royauté, de porter un titre de noblesse? Toutes les petites filles en rêvent. Mais est-ce que le titre de la « reine du bord de pantalon » en est un recherché? C’est du moins celui que porte Nicole…

Le rapport au temps m’a tout de même un peu dérangée. D’abord, les filles ont 22 ans, mais leur attitude et leur situation ne cadrent pas avec leur âge. À 17-18 ans, peut-être même 20 ans, ça aurait mieux passé. Elles parlent de leur été comme d’un temps de vacances, mais sont-elles seulement encore à l’école? Véronique semble à tout le moins plutôt « placée » dans la vie… Et à 22 ans a-t-on encore la pensée magique que l’argent dépensé avec une carte de crédit se rembourse tout seul? L’autre point est en lien avec l’époque représentée. Sont-ils en 1980, 1990 ou 2000? Par la taille plutôt petite du cellulaire de Pat (Simon Larouche) – c’est le seul à avoir un cellulaire d’ailleurs –, on peut miser sur le début des années 2000. Mais l’imprimante archaïque de l’agence de voyages nous projetterait davantage à la fin des années 1980 ou au début de la décennie suivante. Malgré cela, le film vaut le coup.

Tu dors Nicole est un véritable hymne à l’ennui. Mais vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer pendant le visionnement.

Note : 8/10

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