Métropole films distribution propose le long métrage japonais Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-Eda. Le réalisateur, lui-même père d’une petite fille de cinq ans, s’était questionné à savoir à quel moment un homme devient réellement un père. Quant à la femme, elle se transforme selon lui plus rapidement en mère. Ryoata (Fukuyama Masaharu), un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse Midori et leur fils de 6 ans une famille idéale. Mais lorsque la maternité de l’hôpital où est né leur enfant leur apprend que leur enfant a été échangé à la naissance, les repères de Ryoata volent en éclats. Le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste.
Un long questionnement débute alors. Les liens du sang sont-ils plus importants que les liens affectifs avec l’enfant qu’ils ont élevé pendant six ans? La ressemblance physique entre son enfant et soi est-elle plus importante que le reste? Quant aux représentants de l’hôpital, ils considèrent que la meilleure façon de régler cette « erreur » est de procéder à l’échange des garçons. Et le plus tôt serait le mieux pour le bien des enfants. Mais quel peut être l’impact d’un tel changement pour des enfants de cet âge, arrachés à leurs parents et à leur famille élargie?
Les garçons sont issus de classe sociale différente : l’un vient d’un milieu fortuné et l’autre, plutôt modeste. Les comportements des pères sont aussi à l’opposé : l’un est très pris par son travail dans une entreprise importante et l’autre travaille dans un petit commerce annexé à sa maison; l’un désire rendre son fils plus fort et indépendant minimisant ainsi les marques d’affection et l’autre prend le temps de jouer avec ses enfants… Ryoata reviendra ainsi sur sa propre enfance. Doit-on forcément reproduire avec son enfant les mêmes comportements que ceux de son propre père, et ce, même si certains nous ont blessés? En contrepartie, les deux mères concernées se reprochent de ne pas avoir remarqué l’échange des nourrissons. Une mère ne devrait-elle pas être en mesure de reconnaître son enfant? Midori éprouve de la honte pour l’affection qu’elle développe envers son fils naturel, comme une trahison envers celui qu’elle a élevé.
Au Japon, le rapport de l’homme à l’entreprise qui l’emploie est beaucoup plus fort qu’au Québec. Un homme travaille souvent six jours sur sept si ce n’est tous les jours. Et traditionnellement, les femmes s’occupent davantage des enfants. Malgré certaines différences culturelles entre le Japon et le Québec, le traitement de cette problématique familiale me rejoignait tout à fait. Doit-on choisir entre la génétique ou prioriser une relation déjà établie? Un choix déchirant à tout coup.
Tel père, tel fils est un film touchant et troublant. Aucun parent ne devrait devoir prendre une telle décision…
Note : 8/10
© 2023 Le petit septième
Un beau film, qui se déroule avec les sons doux du piano! Ça m’a touchée quand l’autre mère dit à Ryota, genre “on s’attache au lien du sang quand on n’a pas de relation de confiance avec l’enfant”.
J’ai aimé aussi la scène presque à la fin où le père découvre par le caméra comment son enfant le regardait et l’admirait… C’est émouvant.
Merci! Sans toi j’aurais raté ce film! xxx