Love – Sang – sexe – larmes

Affiche de Love de Gaspar NoéUn 1er janvier au matin, le téléphone sonne. Murphy (Karl Glusman), 25 ans, se réveille entouré de sa jeune femme (Klara Kristin) et de son enfant de deux ans. Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d’Electra (Aomi Muyock) – son ex – lui demande, très inquiète, s’il n’a pas eu de nouvelle de sa fille disparue depuis longtemps. Elle craint qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave. Au cours d’une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d’amour, deux ans plus tôt, avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d’excès et d’erreurs…

Tout d’abord, il est important de mentionner que Love, de Gaspar Noé en choquera plusieurs. Pour ceux qui connaissent l’œuvre du réalisateur, il n’y a là rien d’étonnant, car ils savent qu’il aime déranger et qu’il ne se gêne pas pour montrer le sexe de façon cru, mais réaliste. On peut penser à Irréversible, dans lequel il filme une séquence de viol en temps réel.

Les deux personnages font l'amour, alongés sur le côté.Lorsqu’interrogé sur Love, Noé explique que ça fait plusieurs années qu’il rêve de faire un film qui reproduise au mieux la passion amoureuse d’un jeune couple, dans tous ses excès physiques et émotionnels. Un amour qui reproduise ce qu’il a pu vivre à cet âge. Il ajoute que son film devait intégrer « de multiples scènes d’amour, et dépasse[r] le clivage ridicule qui fait qu’un film normal ne doit pas montrer des séquences trop érotiques alors que tout le monde adore faire l’amour. » Il ajoute encore qu’il voulait « filmer ce que le cinéma peut rarement se permettre, pour des raisons commerciales ou légales, c’est-à-dire filmer la dimension organique de l’état amoureux. »

Le réalisateur français d’origine italo-argentine n’a pas tord. Le cinéma ne montre que très peu la réalité amoureuse, alors que la violence est très commercialisable. D’ailleurs, il est important de noter que malgré les scènes sexuelles explicites, jamais Love ne tombe dans la pornographie. Le réalisateur réussit à créer une atmosphère de passion et d’érotisme démontrant bien la passion amoureuse, dans ses côtés animal, ludique, jouissif et lacrymal. N’importe qui ayant vécu la passion des débuts amoureux va se reconnaitre dans ce film.

Mais, tout au long du film, une question me trottait dans la tête. Gaspar Noé est-il narcissique? Le couple a un bébé qui se nomme Gaspar. L’ancien chum d’Electra se nomme Noé, tout comme sa galerie d’art. Et d’autres petits détails continuent à mener vers le réalisateur. Par exemple, son personnage principale étudie en cinéma et rêve de réaliser un film dans lequel on montre la réalité amoureuse. Ce même personnage dit que pour faire un bon film sur l’amour, il faut trois choses : sang, sexe et larmes. Tiens, tiens… Ça rappelle légèrement l’œuvre de Noé, non?

Love est aussi un bel hommage au cinéma choquant. En arrière plan sont souvent placé des affiches de films qui ont scandalisé les foules. On voit, entre autres, M de Fritz Lang, Salo ou les 120 jours de sodom de Pier Paolo Passolini, et The Birth of a Nation de D.W. Griffith.

Love me rappelle aussi un autre film que j’ai bien aimé : Nine Songs de Michael Winterbottom. Un peu le même genre. Un homme qui se remémore les meilleurs moments de sa relation amoureuse et passionnelle avec son ex.

Je terminerai mon texte sur une citation de Noé, qui résume très bien le sentiment que j’avais à ma sortie de la salle : « De tous mes films, celui-ci est le plus proche de ce que j’ai pu connaitre de l’existence et aussi le plus mélancolique. Et je suis très amusé de pouvoir partager ce bref tunnel de bonheurs, d’extases, d‘accidents et d’erreurs. »

Note : 8.5/10

 

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