« We’re not just shipping the perspectives in this country. We’re shipping perspectives around the world. »
[Nous n’ouvrons pas seulement les perspectives dans ce pays. Nous ouvrons les perspectives dans le monde entier.]

This Changes Everything est un documentaire qui raconte ce qui se cache derrière l’un des dilemmes les plus troublants de l’industrie du divertissement: la sous-représentation et la mauvaise représentation des femmes. Il pose un regard incisif sur l’histoire, les preuves empiriques et les forces systémiques qui favorisent la discrimination entre les sexes et renforcent ainsi les disparités dans notre culture. Plus important encore, le film cherche des pistes et des solutions à l’intérieur et à l’extérieur de l’industrie et dans le monde entier.

Avec This Changes Everything, Tom Donahue lance un cri de guerre à une industrie qui refuse depuis longtemps d’accepter que le monde a changé. Mais, au-delà de la principale question, je me pose la question suivante : ce film est-il un documentaire ou un pamphlet publicitaire?

Le Geena Davis Institute On Gender In Media

Fondé par l’actrice, gagnante de prix de l’Academy Award®,  et activiste Geena Davis, cet Institut est la seule organisation faisant de la recherche sur l’industrie des médias et du divertissement à  mobiliser les gens autour de la question de l’équilibre entre les sexes, et à promouvoir la réduction des stéréotypes et la création de personnages de divertissement pour enfants variés.

Depuis 20 ans, GDIGM a rassemblé un très  grand nombre de recherches sur la prévalence du sexe dans le divertissement. Leur symposium biennal est le seul événement réunissant plus de 300 décideurs, créateurs de contenu et leaders d’opinion dans le but de partager leurs meilleures pratiques et de créer un projet visant l’établissement d’un paysage médiatique équilibré entre les sexes.

L’Institut collabore avec les décideurs et les créateurs de contenu dans le cadre d’ateliers, de sessions de formation, d’évaluations de contenu et de recommandations. Son programme d’éducation communautaire vise à inspirer et à sensibiliser la prochaine génération de créateurs de contenu à mettre l’accent sur l’égalité des sexes et à réduire les stéréotypes dans les médias pour enfants. Leur approche à trois niveaux (recherche, éducation et plaidoyer) a amené l’Institut vers des médias influents, des compagnies de divertissement, des organisations, des établissements d’enseignement et des multinationales. Les travaux de recherche de l’Institut sont aussi fréquemment cités dans les principaux médias américains.

Vous avez l’impression que je suis en train de faire une grosse publicité pour cet institut? C’est exactement le sentiment qu’on a par moments en regardant This Changes Everything. Comprenez-moi bien: le sujet du film – les inégalités entre les sexes – est bien valable et est un réel problème. Mais je ne suis pas convaincu que le présent documentaire aide réellement la cause. 

Chialer pour chialer?

Il y a un autre problème majeur relié à ce film. On a l’impression qu’un groupe de femmes s’est rassemblé dans le simple but de chialer et de se plaindre. Encore une fois, le problème est bien réel. Mais, dans ce cas-ci, je n’y crois simplement pas. Oui, certains intervenants et certaines intervenantes y sont pour les bonnes raisons. Mais lorsqu’on me dit qu’il faut cesser de montrer des femmes stéréotypées en objets sexuels, puis qu’on me dit qu’il faut donner plus de place aux femmes pour montrer aux jeunes filles de bons exemples, mais que le principal argument qu’on me donne est qu’un film réalisé par une femme peut faire autant sinon plus de cash qu’un film réalisé par un homme… On dirait que j’achète moins la cause. Surtout si on me donne comme exemple Wonder Woman, réalisé par rien de moins qu’une femme. Alors ce qu’on me dit c’est que de combattre le stéréotype de la femme objet consiste à montrer une femme habillée de façon ultra sexy, qui tue des gens? Heu… Vraiment? On ne parle certainement pas de la même chose là…

Voilà une partie du problème avec This Changes Everything. Lorsque le réalisateur (oui, oui, un homme) dit vouloir faire ce film pour dénoncer un problème, ça me va tout à fait. Mais peut-être qu’il aurait dû se contenter de traiter d’un seul problème : l’inégalité dans la représentation des sexes au sein de l’industrie du divertissement de Hollywood. 

Parce qu’il a beau sortir plein de chiffres, l’impression reste qu’on regarde un groupe de femmes se plaindre sans avoir de réels arguments. Quand on me dit que je dois être offusqué et choqué du fait qu’il y a moins de 10% des films faisant partie du top 100 des films ayant fait le plus de profit qui sont dirigés par des femmes… Je me questionne sur ce que cela pourrait signifier. Est-ce parce qu’il y a peu de femmes qui ont l’opportunité de réaliser des films? Ou est-ce parce que les femmes ne sont pas en mesure de réaliser des films qui rapportent? Je sais qu’il ne s’agit que d’un exemple de base. Mais le film est rempli de ce genre d’incongruités. Donc, du coup, on n’y croit plus tellement…

Égalité ou injustice inversée?

Croyez-moi, je suis pour l’égalité des chances dans le monde du travail. Mais je me questionne. Lorsque Melissa Goodman déclare ceci : « Si vous êtes en position de pouvoir d’embauche et que vous ne travaillez pas activement pour embaucher des femmes, alors vous faites partie du problème. », j’ai l’impression qu’on crée un autre type d’injustice. Si on travaille activement à embaucher des femmes, est-ce que ça veut dire qu’on met de côté de bons candidats masculins simplement dans le but d’avoir le fameux 50%? Si c’est le cas, j’ai l’impression qu’on règle un problème en en créant un autre.

On apprend dans ce film que ça fait plus de 70 ans que les femmes ne se font pas donner de jobs en tant que réalisatrices. C’est encore pire lorsqu’on nous dit que, non seulement les postes de réalisateurs ne leur sont pas offerts, mais que les postes de premier, deuxième et troisième assistants réalisateurs non plus. Donc, si je comprends bien ce qu’on me dit, c’est que les femmes n’ont pas pu acquérir l’expérience permettant de gagner un bon poste. Je pose donc la question suivante : est-ce que les femmes ne gagneraient pas à se battre afin d’avoir une chance égale d’obtenir ces emplois moins importants, mais qui leur donneraient l’expérience tant nécessaire pour qu’un studio leur donne les rennes d’un film à grand budget? Ce n’est pas glorieux, en effet. Mais c’est seulement une fois que les femmes pourront dire qu’elles ont exactement le même cv que les hommes qui prennent les emplois devant elles qu’elles pourront enfin accéder à ces emplois. Il faut commencer à la base. Non?

Mais encore…

« This Changes Everything n’est pas conçu comme une simple démonstration du problème, mais comme un appel à l’action pour faire avancer la cause du changement radical nécessaire pour que nous puissions progresser en tant que culture et en tant que pays. » En effet. Mais, malheureusement, ce film rate la cible par une distance incroyable. On a l’impression d’un pamphlet de plus montrant le méchant homme blanc hétérosexuel comme le monstre à abattre.

Mais ne vous en faites pas. On nous explique aussi que seuls les États-Uniens sont en mesure de mener le combat pour l’égalité des sexes et que, sans les USA, le monde ne sera jamais capable d’avoir de bons modèles pour les jeunes filles. Car on le sait, les USA sont les leaders au niveau de l’égalité. Bien devant tous ces pays du Nord. Merci Donald Trump de nous permettre de le réaliser! 😉

Note : 5.5/10

Visionnez la bande-annonce :