Le dernier long métrage de Daniel Roby (Funkytown, 2011), Louis Cyr : l’homme le plus fort du monde, a pris l’affiche au Québec vendredi dernier. Le film s’inspire de la biographie de Louis Cyr écrite par Paul Ohl, publiée en 2005 (une édition revue de l’ouvrage est parue en 2013). Au début du film, Louis Cyr (Antoine Bertrand) a 19 ans. Il réalise alors un premier exploit public : il soulève une pierre de 514 lbs. Rapidement, on lui suggère de rentabiliser son talent. Il quitte sa petite ville américaine et, avec l’aide de Mélina (Rose-Maïté Eukoreka), qui deviendra sa femme, et un promoteur, réalise quelques numéros de force. À son arrivée à Montréal, Lambert (Gilbert Sicotte) prendra sa carrière en main. Louis Cyr passera alors sa vie à prouver l’étendue de son talent et défiera quiconque aurait la prétention d’être le plus fort.
Les exploits de Louis Cyr sont impressionnants. Le personnage est attachant et, au moment de réaliser ses exploits, le public retient son souffle. Cet homme a su donner du courage et de la force à un peuple souvent méprisé par les Irlandais et les Anglophones. Antoine Bertrand soulignait, dans l’une des capsules des dessous du tournage, le « côté visionnaire et entrepreneur » de Cyr qui a donné de la fierté aux Canadiens-français. Louis Cyr avait tout de même une faiblesse : il était analphabète et l’assumait difficilement. Sa femme et lui étaient sur ce point très différents : elle, férue de poésie, et lui, d’haltères. Il obligera ainsi sa fille qui démontrait une belle disposition à la force à abandonner l’entrainement pour les études.
L’image du film est belle. Et le jeu de Bertrand est très bon. S’inspirant de photos de l’homme fort, les expressions faciales de l’acteur donnaient vraiment l’impression qu’il donnait tout ce qu’il avait. En mai 1895, Louis Cyr réalisait alors un record : 4337 lbs en back-lift (Bertrand avouait avec fierté avoir soulevé 900 lbs, ce qui n’est pas rien). Pour avoir le rôle, il a dû s’entraîner assidument pendant 10 mois. 10 mois de travail pour 32 jours de tournage…
Petit bémol quant à la formule choisie… Au début du film, Horace Barré, fidèle acolyte de Cyr, se rend au pensionnat où vit la fille de son ami. Il commence alors à lui raconter la vie de l’homme fort. Cette formule à la Titanic me dérange un peu. Comment Horace pourrait-il raconter avec autant de détails la vie de Cyr avant qu’il ne le rencontre ainsi que les moments plus intimes avec Mélina? Aussi, vers la fin du film, ça devient un peu trop mélodramatique, probablement par un désir de le rendre plus « grand public ». Ça nuit un peu au film. L’image de l’homme fort si impressionnante en est altérée.
Louis Cyr : l’homme le plus fort du monde mérite d’être vu! Ce film divertissant nous présente un personnage haut en couleur qui a marqué notre histoire.
Note : 7,5/10
© 2023 Le petit septième