Noah Baumbach est un grand nom du cinéma indépendant américain. Révélé en 2005 avec The Squid and the Whale, il a su se démarquer avec des films comme Margot at the Wedding, Frances Ha et Greenberg, mettant en scène des adultes faisant face aux complexités de la vie à travers une mise en scène naturaliste et mené par des dialogues travaillés. Il est aussi réputé pour ses collaborations prestigieuses comme les scénarios de La vie aquatique et de Fantastic Mr. Fox qu’il a coécrit avec Wes Anderson, ainsi qu’avec sa femme Greta Gerwig, qu’il a fait jouer dans plusieurs de ses films et avec qui il a écrit le méga-succès Barbie.
Noah Baumbach a connu un gain de popularité grâce à sa collaboration avec Netflix, qui a produit The Meyerowitz Stories en 2017, ce qui a causé un petit scandale au Festival de Cannes, Marriage Story en 2019, qui fut sélectionné pour de nombreux prix, ainsi que White Noise en 2022, adaptation du roman de Don DeLillo présenté à la Mostra. Cette collaboration fructueuse continue avec un quatrième film, Jay Kelly, présenté aussi à la Mostra de cette année.
Drame et comédie
Le film met en scène George Clooney dans le rôle-titre, un acteur reconnu en pleine crise existentielle. Il voyage en Europe avec son équipe, dont son manager Ron, interprété par Adam Sandler, afin de recevoir un trophée honorifique. Il profite du voyage pour faire le point sur sa carrière, sa vie, ses relations ainsi que sur l’image qu’il présente au reste du monde.
Jay Kelly (George Clooney)
Baumbach signe encore ici une histoire mêlant drame et comédie, où les rencontres de fans et les moments inusités où se retrouve Jay Kelly s’entremêlent avec ses troubles existentiels. Ce road trip, ou plutôt « train trip » vers l’Italie est l’occasion pour le personnage de Jay Kelly de faire le point sur sa vie. Le conflit existentiel est la dualité entre le visage public du personnage, soit un grand héros de cinéma apprécié de tout le monde, et sa vie privée, dans lequel il met ses relations familiales et amicales de côté pour sa carrière. Le choix de George Clooney dans le rôle est très judicieux, l’acteur étant une personnalité réputée du cinéma américain, ainsi qu’une véritable image commerciale grâce à ses partenariats avec des images de marque, comme Nespresso.
Brouiller les frontières
Le film s’amuse notamment à brouiller la frontière entre ses deux images. Comme le décrit le personnage, ses souvenirs sont ses films, il traverse donc ses souvenirs personnels de la même façon, voyageant littéralement d’un décor à un autre. Noah Baumbach se permet également de briser le quatrième mur, que ce soit en faisant en sorte que les rôles de Clooney et de Kelly s’entremêlent, ainsi que le plan final.
George Clooney est excellent dans le film, tout comme le reste de la distribution. Adam Sandler montre une fois de plus qu’il a du talent et qu’il suffit juste d’avoir le bon script et le bon réalisateur pour qu’il soit dans de bons films. On peut aussi saluer la présence de Laura Dern, qui joue la publiciste de Jay, Riley Keough, qui incarne sa fille aînée, Jim Broadbent, dans le rôle du réalisateur qui a révélé Jay Kelly, ou bien Patrick Wilson, jouant un autre acteur recevant le même prix que Jay. Ils sont tous brièvement présents dans le film, mais ils arrivent tous à voler la vedette à Clooney et à Sandler, surtout Patrick Wilson, un acteur très sous-estimé qui a certainement la meilleure scène du film.
Cependant, le film flotte un peu au-dessus de la relation entre Jay et Ron, qui est certes son manager, mais son véritable ami. C’est là tout le cœur du film, le fait que Jay a seulement Ron pour communiquer avec lui. Néanmoins, il s’agit du sujet de seulement quelques scènes, et ils finissent par ne pas discuter de grandes choses. Ça va certes dans le sens du film de montrer la difficulté pour un acteur de s’exprimer en toute honnêteté, mais on aurait voulu en avoir plus, surtout quand George Clooney et Adam Sandler ont une excellente chimie. De plus, l’aspect comédie prend un peu trop le dessus sur le dramatique, alors que cette dernière est l’aspect le plus intéressant.
Noah Baumbach explore des thématiques intéressantes avec Jay Kelly, comme le contraste entre l’image publique et privée, les dessous de la célébrité et les problèmes de la vie adulte. Si le film ne marche pas aussi bien émotionnellement que l’a fait Marriage Story, il en reste un bon feel good movie parfait à regarder sur votre fauteuil devant Netflix, voire au cinéma.
Jay Kelly est présenté au FNC les 12 et 19 octobre 2025.
