Lurker (L’intrus dans sa version française) raconte l’histoire d’un jeune vendeur de vêtements, Matthew (Théodore Pellerin), qui rencontre une figure montante de la musique, Oliver (Archie Madekwe). Cette rencontre (fortuite?) permettra à Matthew de s’infiltrer dans son cercle d’amis et de prendre de l’importance dans la vie d’Oliver.
Par contre, pour garder l’attention de cette jeune star, Matthew devra user de plusieurs stratagèmes, car il n’est pas le seul qui cherche à briller et conserver sa place dans le cercle glamour d’Oliver.
L’horreur au quotidien
Avec Lurker, Alex Russell (réalisateur et scénariste) ne nous offre pas un film d’horreur dans le sens traditionnel du genre. Il n’y a pas de monstres, rien de surnaturel ou de tueur masqué qui traque le groupe de jeunes vingtenaires. Cependant, le récit nous offre une escalade de la tension digne d’un film d’horreur. Nous sommes confrontés à une relation parasociale toxique, sans nous épargner aucun des malaises qui s’y rattachent, au point où cela en devient parfois insoutenable.
Matthew (Théodore Pellerin)
Le personnage de Matthew est imparfait. Il va mentir, manipuler, saboter, etc, pour arriver à ses fins. Et puisque nous suivons son point de vue, nous sommes conscients des risques qu’il prend pour atteindre ce qu’il désire et des conséquences qui pourraient en découler, s’il venait à se faire prendre.
S’ensuit ainsi un suspense, où chaque nouveau venu dans le groupe devient une menace et où chaque mensonge devient une pièce à conviction qui peut se retourner contre Matthew. On est constamment sur les nerfs, à se demander si cette scène sera celle qui causera la perte de notre protagoniste.
Acteurs de talent
Un gros poids du film repose sur les épaules de Théodore Pellerin, qui n’a plus rien à prouver, et qui commence à se tailler une place de choix à l’internationale. Il nous offre encore une fois une interprétation magnifique, dans la peau de ce jeune homme en quête de validation.
Un des défis du personnage de Matthew était de nous le rendre sympathique dès les premières minutes du film, car le récit nous jette rapidement dans l’action et ne donne pas beaucoup de détails sur qui il est. Défi que Théodore Pellerin a réussi à relever haut la main, puisque malgré tous les défauts de Matthew, il dégage un charisme qui le rend attachant et qui nous donne envie de suivre son histoire.
Archie Madekwe, qu’on a pu voir dans Saltburn, est également très bon dans le rôle de cette popstar en ascension, qui cherche à devenir de plus en plus populaire et à se tailler également une place dans le cercle de la musique. Montré également comme un personnage très imparfait, étant à la fois insécure, volatile et profiteur malgré lui, Oliver dégage également une aura de sympathie, puisqu’il est à la fois curieux et admiratif des gens autour de lui.
Matthew et Olivier deviennent en quelque sorte le miroir de l’autre, puisque tous deux recherchent la même chose, mais à des niveaux différents.
Fin ambivalente
Si l’histoire nous tient en haleine jusqu’au bout, pour culminer dans une scène magnifique entre Matthew et Oliver dans une salle d’enregistrement, ce qui suit nous laisse un peu sur notre faim.
La finale ne sera pas du goût de tous, car il manque un momentum que le film semble laisser prévoir avec sa montée dramatique. Bien que consistante avec le récit, il manque un petit « je-ne-sais-quoi » pour que la fin nous reste en tête et soit à la hauteur du chemin qu’on a parcouru pour s’y rendre.
Alex Russell a quand même de quoi être fier de son œuvre, qui nous montre l’horreur au quotidien, celle qui est dans la vie de tous les jours. L’horreur qui est à notre portée et qui peut nous arriver.
Lurker est présenté au Festival Fantasia, le 28 juillet 2025.
