11 rebels - Une

11 Rebels — Et une souris verte!

« We want you to defend a fort on the Domain border. Do that and survive and you will be freed. »
[Nous voulons que vous défendiez un fort à la frontière du Domaine. Faites-le, survivez et vous serez libéré.]

11 REBELS - Affiche

Au milieu des conflits brutaux de la guerre de Boshin, une escouade hétéroclite de criminels et de samouraïs entreprend une défense désespérée d’une forteresse, leur position déclenchée par les intérêts conflictuels du clan Shibata, du shogunat et du nouveau gouvernement.

10 de perdus

Dommage, j’avais bien envie de regarder un bon film d’action pour me changer les idées. Ça a l’air que j’aime ça me divertir aussi, il faut croire. En plus, j’ai pas l’habitude des films japonais plates, car ils ont, en général, le sens du spectacle. Quand on parle de films de samurai, on s’attend, bien entendu, à un film plus lent; 7 Samuraïs est après tout l’un des plus grands films japonais et son influence sur la culture dans le monde est indéniable. Un film d’action bien loin de Rambo et de la destruction abusive à laquelle les Étasuniens aiment se résoudre la plupart du temps.

11 REBELS - 10 de perdus

J’aimerais dire la même chose de 11 Rebels, mais malheureusement ce ne serait pas en accord avec mes valeurs de vous mentir pour atténuer l’effet. Le film réalisé par Kazuya Shiraishi semble vouloir marcher dans les pas de ces films venus de l’orient qui surent marquer notre esprit à tous, mais il n’y parvient pas vraiment; s’il atteint son but, c’est borgne et manchot qu’il s’effondre bon dernier sur la ligne d’arrivée. Le film manque un peu de substance, mais surtout de focus pour un film mettant en scène des samurais, figures représentatives de la droiture et de l’honneur du Japon, encore aujourd’hui. 

S’il y a une chose que les Japonais font plus que les Étasuniens, c’est de parler de leurs guerres de manière mythique. Pas mêlant, à voir le nombre de films qui sont sortis, c’est à croire qu’y’a juste eu ça des conflits armés dans ce pays-là (oh… Écoutez, laissez tomber mon dernier commentaire). Même si le décor est — comme la majorité du temps pour ce genre de production — extrêmement bien fait, je ne saisis pas le pont de corde géant. C’est dangereux en maudit il me semble, surtout pour une armée à cheval… Je veux dire, même le gars à pied passe proche de rencontrer son créateur quand une planche décide tout d’un coup qu’elle est un ascenseur. Bref, il s’en passe des choses autour de ce pont de singes. À croire que c’est lui le protagoniste tellement il soutient le film mieux que le reste de la distribution du film.

Pas si différent

Le cinéma n’est pas une histoire d’argent… Ou du moins, ça ne devrait pas l’être. Malgré tout, n’est-ce pas agréable de sentir que la création cinématographique puisse devenir une pratique moins coûteuse? 11 Rebels s’en tire avec un budget équivalent à moins de 10% de ce qu’on a l’habitude de voir aux États-Unis. C’est la tendance depuis que Godzilla Minus One a prouvé que l’on peut se contenter de 10 millions pour faire quelque chose de décent. Cependant, contrairement au dernier film de TOHO CO., 11 Rebels nous montre du vrai au-delà des décors. 

Les cinéastes en devenir seront heureux d’apprendre que les prix des productions au cinéma semblent retourner à des montants moins exorbitants que les ¼ de milliard de dollars utilisés pour les films d’action dans les dernières années. Si on se souvient bien, au tournant de la pandémie, les longs métrages du genre étaient rendus très dispendieux à réaliser. 

11 Rebels Pas si différent

Il n’y a pas à dire, ce long métrage signé Kazuya Shiraishi veut en donner pour son argent en voulant mettre de l’avant des scènes épiques où des personnages combattant sur des ponts en cordes au-dessus du vide zigzaguent à travers des séries d’explosions d’une intensité surprenante pour l’époque dans laquelle le récit à lieux (la Guerre de Boshin c’est à la fin des années 1800? Pas si improbable finalement). Le seul problème dans tout ça c’est que le scénario veut trop rendre ses personnages légendaire ou mémorable avec pas grand chose et de manière précipitée. Ce succède ainsi les scènes courtes où un personnage peut vivre ses 15 secondes de gloire, son arc romantique ou développer son personnage avec un petit monologue, mais rien n’est vraiment percutant.

J’avoue que mes yeux se sont tout de même écarquillés au moment où le vieil homme affronte seul les deux antagonistes, mais, malgré les plans enjolivants et une chorégraphie passable, la scène tombe à plat et sans réelle incidence autre qu’avoir permis à un personnage sous-utilisé de briller un instant. 

C’est pour qui? C’est pour quoi? Seppuku?

Dommage que l’histoire riche du Japon devienne une excuse pour des films d’actions dont on ne sait plus trop à quoi l’on rend hommage. Le fait de mélanger fiction et réalité dans une œuvre – même avec un fondement historique – n’est pas un affront en soi. Au contraire, bien utilisé, je crois que ce principe permet même d’accentuer la proportion du public pouvant s’identifier à l’œuvre. Ironiquement, le cinéma asiatique est loin d’être néophyte dans cette technique, puisque les festivals comme Fantasia à Montréal démontrent bien comment leur culture et leur façon de raconter des histoires influencent l’imaginaire collectif par son extravagance.

11 REBELS - Pour quoi pour quoi

Je ne sais pas trop ce que cela signifie pour l’avenir du cinéma d’action japonais puisque leur reconnaissance à l’international semble désormais se concentrer sur l’exécution rapide et les effets spéciaux redondants, plutôt que de continuer de produire minutieusement des scènes uniques et réellement mémorables. Comme j’avais mentionné dans mes articles sur Godzilla, Il m’apparaît blasphématoire de remettre à une des productions les moins tangibles de la série l’Oscar des meilleurs effets spéciaux; une décision qui semble basée presque entièrement sur le temps investi et les coûts associés plutôt que sur la légitimité du prix.

Si c’est pour voir des explosions, je vous conseille plutôt Dernière Seconde sur Crave mettant en vedette l’excellente Catherine Chabot dans le rôle d’une chef d’escouade-tactique de démineurs professionnels (les bombes dans la vraie vie, là. Pas le jeu Windows). Vous pouvez aussi attendre septembre pour la nouvelle série Antigang qui viendra remplacer la quotidienne STAT sur les ondes de Radio-Canada (une autre série originale produite par Aetios). Je ne dis pas que ça sera de la bombe, mais en contrepartie, j’ai senti avoir perdu mon temps lorsque le générique de fin de 11 Rebels s’est entamé… Si je l’ai même laissé arriver là. Cher lectorat, pas de quoi s’en lécher les doigts. Avec un peu de chance, le prochain sera mieux.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
十一人の賊軍
Durée
155 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Kazuya Shiraishi
Scénario
Jun'ya Ikegami et Kazuo Kasahara
Note
6.5 /10

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Fiche technique

Titre original
十一人の賊軍
Durée
155 minutes
Année
2024
Pays
Japon
Réalisateur
Kazuya Shiraishi
Scénario
Jun'ya Ikegami et Kazuo Kasahara
Note
6.5 /10

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