The Legend of Ochi - Une

The Legend of Ochi — Un tien vaut mieux que deux tu auras

« Just trust me. »
[Fais-moi confiance, tout simplement.]

The Legend Of Ochi - Affiche

Dans le village isolé de Carpathia, une fille timide (Helena Zengel) grandit dans la peur d’une créature mystérieuse appelée ochi que son père (Willem Dafoe) lui a dit de craindre. Lorsqu’elle découvre un bébé ochi blessé, elle fuit le domicile familial afin de le ramener chez lui auprès des siens.

Une tentative… réussi?

A24 continue de vouloir nous impressionner en s’avançant avec des projets qui osent souvent là où le cinéma populaire tarde à y tremper l’orteil. Avec The Legend of Ochi, Isaiah Saxon nous offre une histoire ancrée dans le folklore et le paysage roumain. C’est agréable de voir des gens continuer à inventer le monde maintenant qu’il est sans barrière. Qui a-t-il de plus énigmatique qu’une histoire dans une contrée lointaine? L’une des plus grandes joies de l’existence reste encore sa diversité. Comment peut-on en vouloir à l’homme venu du désert de sable de se prosterner devant la beauté de la jungle et vice versa? 

The Legend of Ochi - Une tentative réussie

Au-delà de la beauté des paysages, le long métrage aborde aussi le thème du rite initiatique à travers le personnage de Yuri, interprété par Helena Zengler, quittant la demeure qui l’a vue naître pour découvrir le monde de ses propres yeux. Le récit semble avoir un souci de l’unité prépondérante en prenant le point de vue de tout un chacun et tente de les réconcilier dans un conte magique. En contrepartie, le film ne dure environ que 90 minutes ce qui n’offre pas beaucoup de temps pour explorer en subtilité certains aspects plus profonds de l’histoire. Le rythme est lent, mais on a quand même du mal à bien y respirer. C’est dommage, pour une œuvre de ce type, de passer si près de plein de cibles sans jamais taper dans le mille.

Malgré tout, le film d’Isaiah Saxon a fait un peu de vague dans le milieu culturel en 2024 au sujet de l’apparence et de son style que les gens ont accusé d’être « généré par IA ». Le réalisateur s’est défendu en disant qu’il n’utiliserait jamais de telles techniques pour mener à bien son projet et que tout son contenu est créé par lui et tourné en utilisant des SFX… et des VFX qui peuvent aussi être CGI, mais pas IA… et là, je crois que tout le monde est perdu un peu dans les termes. 

Un peuple informé

Peut-être me trouverez-vous professeur de petite école, mais je pense qu’il serait nécessaire de faire quelques précisions sur ces termes puisque la base de la communication est d’utiliser des symboles – soient sonores ou visuels – qui ont un sens partagé entre les émetteurs et les récepteurs. En outre, si on utilise des mots, mais qu’ils n’ont pas le même sens pour tout le monde ça revient donc à du charabia pas plus communicatif que celui des Sims (très de base). Aussi, entre cinéphiles, c’est toujours agréable de se comprendre facilement pour ne pas s’obstiner sur des erreurs d’interprétations personnelles.

The Legend of Ochi - Un peuple informé
Le petit Ochi

Les SFX c’est le terme général pour désigner un effet pratique, c’est-à-dire qui n’a pas besoin de supports informatiques en post-production pour être complet. Cela comprend la pyrotechnie, l’éclairage, les costumes, le maquillage, l’utilisation de marionnettes et d’accessoires, etc.

À partir du moment où on crée des effets en post-production à l’aide d’outils informatiques pour modifier l’image, on parle alors de VFX. Aussi appelés effets visuels, les VFX englobent à peu près tout ce qu’on pourrait faire avec un programme comme Photoshop. Modifier la luminosité, changer la couleur, rajouter des modèles 3D, de la peinture (ou matte painting en anglais) sur cache et même le CGI. 

Le CGI  (Computer-Generated-Imagery en anglais) où l’Imagerie numérique est une forme de VFX, mais tous les VFX ne sont pas des CGI utilisés pour créer des personnages en 3D, des explosions, etc. Mais généré avec un ordinateur ne veut pas dire généré par un ordinateur. Lorsque l’ordinateur génère lui-même le contenu, on parle alors d’un contenu créé par l’IA qu’on appelle l’Intelligence Artificielle. Voilà! Si jamais vous voulez que j’en parle davantage, j’en ferai un article entier.

Maintenant, en ce qui concerne les accusations entourant la production. Je peux croire que des marionnettes puissent avoir été utilisées pour les plans moyens et rapprochés. J’adore cet effet qui ajoute de la palpabilité, de la tangibilité; une sensation que l’on peut vraiment habiter dans le même espace. Étant Canadien, donc enclin à laisser le bénéfice du doute, je veux bien appliquer la présomption d’innocence à l’égard du réalisateur. En fait, suite à mon visionnement, rien n’indique qu’Isaiah Saxon mente à ce sujet. Il a lui-même dit qu’il voulait faire un savant mélange de SFX et de VFX pour donner vie à The Legend of Ochi, alors pourquoi l’accuser d’utiliser les IAs?

Perfectionnisme destructif

L’explication est, selon moi, plutôt simple. L’homogénéité est un concept à prendre au sens large, littéralement. N’importe quoi vu d’assez loin est homogène, même l’univers lui-même vu de très très loin aurait l’air d’un seul et unique point lumineux. Quand on combine tout dans un malaxeur pour en faire de la purée c’est généralement pour ingérer plusieurs choses d’un seul coup sans vraiment prendre ou avoir le temps de le regarder en détail. En ce moment, le terme IA représente, pour plusieurs, à peu près tout ce qu’il y a de créer AVEC un ordinateur, c’est le mot en vogue. N’empêche que la critique n’a pas complètement tort. Peu importe les techniques utilisées par la réalisation, le résultat final n’est pas spécialement convaincant. 

TLOO - Perfectionnisme destructif - Willem Dafoe
Le père (Willem Dafoe)

Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé de vouloir vous préparer pour un évènement; tout est parfait, mais au moment de partir, vous voulez améliorer un petit truc? On replace ce qui doit être replacé ou la retouche à retoucher, pour finalement terminer comme Elizabeth Sparkle dans The Substance; on finit par avoir l’air d’un clown et on préfère rester à la maison. Le concept initial est fantastique, Willem Dafoe donne tout ce qu’il a, comme à l’habitude, et la jeune Zengel continue de montrer ce qu’elle peut offrir comme performance suite à ses rôles dans System Crasher (2019) ou News of the World (2020). L’histoire est un peu cahoteuse, mais sans pour autant déplaire totalement à la gent des contes qui peuvent apprécier les trames narratives plus déconstruites.

La faille réside donc au niveau de la post production qui en beurre beaucoup trop épais en voulant créer un mélange homogène à cheval entre SFX et VFX. Le principe est tout à son honneur, l’idée d’un projet que l’on pourrait qualifier d ‘ « inclusif » au niveau de sa production en est une remplie de bonne foi, j’en suis sûr. Néanmoins, le CGI, comme j’ai fait allusion plus haut, s’apparente à du maquillage (de la peinture sur une sculpture); un peu et c’est intéressant, trop, et on finit par oublier ce qu’il y avait en dessous. On vient à se demander pourquoi ne pas avoir fait les créatures et les décors entièrement par ordinateur dans le confort d’un studio si c’était pour nous les cacher derrière un rideau Foundry Nuke. Malheureusement, ce genre de détail l’empêche, à mon avis, de se faire une place parmi les œuvres qu’on aurait envie de revoir (sauf pour regarder le film sur un petit écran, peut-être que vu de loin ça ne paraîtra pas). 

Mon opinion n’est qu’une opinion et je préfère toujours que vous, cher lectorat, puissiez l’expérimenter par vous-même dans un cinéma près de chez vous à partir du 25 avril. Tout de même, la foule était animée et — étant, pour ma part, encore traumatisé par la tendance chicken jockey du film de Minecraft des dernières semaines — j’avais peur que toutes les occasions soient maintenant bonnes pour rendre la vie des cinéphiles (et des employés de cinéma) misérable. Heureux que non.

Bande-annonce  

Fiche technique

Titre original
The Legend of Ochi
Durée
95 minutes
Année
2025
Pays
États-Unis
Réalisateur
Isaiah Saxon
Scénario
Isaiah Saxon
Note
7 /10

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Fiche technique

Titre original
The Legend of Ochi
Durée
95 minutes
Année
2025
Pays
États-Unis
Réalisateur
Isaiah Saxon
Scénario
Isaiah Saxon
Note
7 /10

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