La nuit de la danse 2025 - Une

[FIFA] La nuit de la danse 2025

La Nuit de la Danse est de retour. C’est un marathon de projections qui nous invite à une expérience inoubliable au Théâtre Outremont. On y présente habituellement des créations audacieuses, à l’occasion d’une soirée pour célébrer l’exploration artistique.

Cette 43e édition met en lumière des vidéo-danse et des courts-métrages de danse : Chélanie Beaudin-Quintin, Chun Liu, Sylvain Émard & Sandrick Mathurin, Suzanne Smith & Sylvia Solf, Valeria Galluccio, Gabriel Dharmoo & Jonathan Goulet, et bien d’autres.

On vous en présente huit.

Ba xia (Chun Liu) – Chine | 8 minutes

Ce film chorégraphié explore la relation entre l’humanité et l’eau, inspiré par l’« Axe central de Pékin » inscrit récemment au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Ba Xia - Nuit de la danse 2025

Au centre du récit, on retrouve un des mythes chinois les plus connus, celui selon lequel, sous le pont Waning, résident quatre dragons légendaires contrôlant l’eau. À travers une danse visuellement époustouflante, le film fusionne la danse et la vidéo, alors que chaque geste de l’interprète est amplifié par des effets visuels marquants et des costumes minutieusement travaillés. Le réalisateur crée une atmosphère unique, où l’esthétique et l’art visuel prennent vie dans une harmonie typique de l’art chinois.

L’axe dont il est question ici incarne les principes traditionnels de l’urbanisme chinois ainsi que les concepts philosophiques de la « Centralité » et de l’« Harmonie ». Les quatre dragons mythiques maîtrisant les eaux qui peuplent ce film tissent une fantaisie orientale romantique et enchanteresse qui explore la relation entre l’humanité et l’eau.

La chorégraphie est tout simplement magnifique et les costumes des 4 interprètes font rêver. Le résultat est un mélange de romantisme et de force amenant le spectateur dans un réel voyage dans le temps.

ElleX / ElleY (Valeria Galluccio) – Canada | 11 minutes

Réalisé par une artiste à l’esthétique unique, cette œuvre nous plonge dans l’univers lumineux de ElleX, sous une pluie de comètes lumineuses, cette créature androgyne au corps longiligne, se déplace dans un monde suspendu. Lorsque le sol s’incline, son corps libère des perles luminescentes, une matière vitale cachée jusqu’alors. Déséquilibrée, ElleX entame un pèlerinage dans l’espace restreint de son monde, et les perles se transforment en ElleY, son clone.

ElleX / ElleY

Avec ElleX / ElleY, Valeria Galluccio propose un film sensoriel qui en laissera plus d’un en questionnement. On pourrait qualifier ce film d’essai sur le mouvement. Fondamentalement, le personnage bouge de façon un peu saccadée, rappelant ces créatures effrayantes qu’on voit parfois dans les films d’horreur. Mais ici, rien d’effrayant.

On absorbe tout simplement l’information qui entre dans nos yeux. Des mouvements, des sons, et des images singulières. Le résultat est un film qui ne donnera aucune réponse au spectateur, mais qui donnera certainement une belle occasion de se perdre dans un univers étrange.

Peak hour in the house (Blue Ka Wing) – Hong Kong | 7 minutes

Ce film de danse illustre une femme solitaire qui, tout en « savourant » son espace privé, fait face à des vagues soudaines d’anxiété et apprend à coexister avec elles.

Peak hour in the house

Avec Peak hour in the house, Blue Ka Wing propose un film tout aussi étrange qu’efficace, montrant comment l’anxiété affecte les nuits de ceux qui la subissent. 

Avec un personnage principal habillé en bleu et qui, de ce fait, ressort à l’image. Les autres personnages représentant les bruits mentaux de l’angoissée sont tous en beige, entassés, venant déranger le personnage principal en la bousculant, ou encore en faisant du bruit autour d’elle. Autant l’image peut sembler éthérée, autant le message est clair. 

La danse en tant que telle n’est pas tant présente dans ce film, mais les mouvements corporels sont au centre de la mise en scène. Une mise en scène travaillée qui permet d’apprécier chaque mouvement qui nous est offert.

Racines errantes (Paulo Castro Lopes) – Canada | 22 minutes

Par une belle journée d’été, pendant que des ami·e·s, des familles et des enfants profitent de la belle température, trois danseur·se·s et un·e musicien·ne traversent le parc Laurier. Leur traversée évoque celle des réfugié·e·s et demandeur·se·s d’asile qui doivent affronter une grande adversité pour atteindre un havre de paix.

RACINES ERRANTES

À partir de l’œuvre Vers l’autre de la chorégraphe montréalaise Lucie Grégoire, qui semble avoir été filmé devant un groupe de badeau, le cinéaste rompt la paix et la quiétude du parc Laurier en introduisant des sons de bombardements, de mitraillettes et d’explosions réels, qui font partie du quotidien des Ukrainien·ne·s, des Gazaoui·e·s et des Libanais·es.

Si on raccourcissait ce film à environ 10 minutes, et qu’on se concentrait sur le bruiteur, on aurait quelque chose d’intéressant. Mais ce n’est pas le cas. Filmer une prestation demande une grande maîtrise technique si on veut en faire quelque chose qui se tient. L’année dernière j’ai vu l’exemple parfait de ce genre de captation dans le but de faire un film avec Sisyphe.

Mais ici, on a surtout l’impression qu’un groupe d’amis du cégep font une représentation amatrice dans le parc, et qu’un autre ami apporte sa caméra pour filmer afin d’en conserver des traces. Le seul élément de mise en scène (qui est plus un élément de montage) qui est gagnant, c’est le choix d’un noir et blanc très cru qui rappelle ce que doivent vive les gens qui habite dans un monde de guerre.

Sinon, c’est un très long 22 minutes.

Reluctance (Sebastien De Buyl) – Belgique | 11 minutes

Dans une messe interdite, un rituel de délivrance est orchestré lorsque des corps extatiques, exaltés par la joie d’être ensemble, se retrouvent irrésistiblement pris dans les griffes délicieuses de la décadence.

Reluctance

Bon… Honnêtement, j’ai pris un certain plaisir à regarder et surtout à écouter ce court métrage. Mais franchement, je ne vois pas vraiment la pertinence. Déjà, une chance qu’on a un résumé pour expliquer ce qui se passe (soi-disant) dans ce film, car tout ce que j’y vois, c’est une gang de jeunes qui dansent dans un club un peu crade. 

Donc, à part de dire que la musique est entrainante, je ne vois pas trop quoi dire de positif. Franchement, allez passer une soirée dans un bar et vous aurez un plaisir semblable. 

On passe au suivant.

Shame (Hadi Moussally) – France / Liban | 4 minutes

Au XIXe siècle, dans la région du Levant, Salma Zahore, participe, avec ses parents et ses voisins, à une séance photo utilisant la technique de la longue exposition. À la fin de celle-ci, Salma décide d’enlever son manteau, dévoilant son corps, inconsciente du chaos provocateur de ce geste, elle se retrouve confrontée à la honte par le regard de son entourage.

Shame_Still_11

Avec Shame, Hadi Moussally propose un film qui joue avec le concept de la honte d’un point de vue culturel arabe. 

Il présente son influence sur les normes sociales, les rôles de genre et les expressions identitaires propres à cette culture afin d’imposer des comportements précis aux femmes et aux minorités. 

Le film se déroulant dans une reconstitution du XIXe siècle dans la région du Levant, il adopte un format vertical (9:16) afin de respecter le ratio des photos de cette époque, renforçant ainsi l’authenticité du récit. 

Ceci étant dit, je me questionne sur le choix de ce film pour la nuit de la danse, puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un film de danse. Oui, l’élément déclencheur est une séquence de danse, mais fondamentalement, on est beaucoup plus dans un essai sociétal. 

Par contre, il s’agit d’un film très intéressant, qui fera réagir les spectateurs, surtout en ce moment.

Sois (Simon C. Vaillancourt) – Canada | 7 minutes

Les conditionnements sociaux étouffent l’humain, le confinant dans un tunnel sans lumière.

SOIS - Nuit danse 2025

Dans son univers, la danseuse explore et transcende la dualité en elle. Aspirant à devenir un simple atome, elle se fond dans la spirale planétaire. Cet atome grandit, révélant une lumière cachée. La révélation est simple : nous ne savons rien, nous sommes une particule dans l’univers infini. Ne sois rien. Sois.

Avec Sois, Simon C. Vaillancourt offre un film qui est visuellement beau, mais qui nous laisse sur notre faim. 

Les images sont effectivement belles. La danseuse est installée dans de superbes endroits, d’une forêt verdoyante à un bord de mer sablonneux en passant par les abords d’une chute. Mais la chorégraphie ne nous amène pas à un autre niveau. Pas plus que les plans d’ailleurs. 

Je comprends le concept de la spirale, ou du tournoiement qui peut représenter le mouvement des électrons de l’atome. Mais les mouvements performés sont constitués à plus de 90% de simples tournoiements. Heureusement, les robes sont magnifiques, ce qui ajoute au visuel riche. 

Mais en plus de la danse trop simple, les plans et les mouvements de caméra donnent plus l’impression que le réalisateur s’est installé avec sa caméra et son drone et s’est contenté de filmer la danseuse qui faisait sa petite routine. Le rendu est plus celui d’une captation de performance que celui d’un film de danse. Disons qu’il ne s’agit pas du meilleur film de la soirée.

The smile club (Kyra Jean Green et Brittney Canda) – Canada | 18 minutes

Un groupe de participants sont soumis à un traitement sinistre où des rituels grotesques et une joie forcée deviennent des instruments de contrôle. Ce qui commence comme un programme optimiste se transforme rapidement en un cauchemar surréaliste d’oppression. À mesure que les tensions montent, les participants commencent à se rebeller, créant de fugaces instants de chaos et de défiance.

SMILE CLUB

Inspiré des comédies musicales d’antan et des films d’asile des années 90, The Smile Club propose un humour noir comme on n’en voit pratiquement jamais en danse, et encore moins lorsqu’il est question de films de danse. Les séquences provoquent des rires, mais aussi un sentiment d’étrangeté. La théâtralité et les mouvements saisissants contribuent à offrir une expérience audacieuse et émotionnelle. Visuellement, on mise clairement sur la notion de folie et d’expériences troublantes de la part de la tortionnaire. 

Un film franchement original qui mélange bien les forces de la danse contemporaine et du cinéma.

***

Tous ces courts métrages sont présentés au Festival International du Film sur l’Art, dans le cadre de La nuit de la danse, le 21 mars 2025.

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