« De ces poches, un gaz mortel s’échappe. »

Révélateur des failles de la société japonaise, l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995 a conduit Murakami à revenir vivre dans son pays natal pour l’ausculter.

Avec Haruki Murakami, de Underground à 1Q84, Claire Laborey offre un documentaire non pas sur un des événements qui ont probablement le plus marqué les esprits au Japon, mais plutôt sur l’auteur qui en a fait le cœur de son œuvre à venir. 

Trop BBC

Ce qu’on apprend dans Haruki Murakami, de Underground à 1Q84 est très intéressant. Après tout, on y traite d’un événement qui a changé le pays en utilisant le point de vue d’un auteur de fiction qui a pris cet événement pour en faire le cœur de son œuvre. Mais le ton monotone et monocorde donne l’impression de regarder un documentaire animalier de la BBC. Et pas un parmi les meilleurs. 

Ce film de 52 minutes donne l’impression d’en durer 120. Par moment, les yeux nous ferment à cause du ton. Pourquoi faire ce choix? Oui, il est produit pour et par Arte. Mais pour avoir vu d’autres documentaires en provenance de l’entreprise franco-germanique, ce n’est pas toujours le cas. 

Je me questionne aussi sur le choix du doublage avec cette voix qui embarque par-dessus le son original. Vous savez, comme dans les informations à la télé. Pourquoi ne pas utiliser les sous-titres et donner une sonorité plus japonaise à ce documentaire qui donne la parole à des Japonais? Laissons les Français parler en français et les Japonais parler en japonais!

Les faits et la fiction

Ce qui est vraiment bon dans Haruki Murakami, de Underground à 1Q84, c’est ce qu’on y apprend concernant l’auteur Haruki Murakami et la manière qu’il a choisi pour traiter ce lourd sujet. 

L’attaque au gaz sarin de mars 1995, menée par la secte Aum dans le métro de Tokyo, fut un événement traumatisant pour le Japon et le monde entier. Avec des dizaines de morts et plus de 6 000 blessés, cette atrocité laissa une cicatrice profonde dans la société japonaise. Profondément affecté par l’attaque Haruki Murakami décida de rentrer au pays. 

Avec Underground, Haruki Murakami entreprend une investigation profonde pour saisir les motivations des individus ayant rejoint la secte Aum. À travers des entretiens avec les victimes et les anciens membres, il explore des thèmes sensibles de la société japonaise. Cette démarche documentaire marque un tournant dans son œuvre et préfigure son roman majeur, 1Q84, où il poursuit son exploration de l’emprise sectaire et de la quête de vérité, mêlant habilement réalité et fiction. La mise en scène du film souligne cette exploration des profondeurs de la psyché sociale, un thème central dans l’œuvre de Murakami.

Malheureusement, la monotonie du film ne donne pas vraiment envie au spectateur de s’intéresser à l’œuvre de l’auteur japonais. 

Un peu plus…

Bien sûr, il faut comprendre que le film ne s’intéresse pas tant à l’attaque du métro de Tokyo, mais plutôt à l’œuvre de Murakami. Si vous avez envie d’un film qui traite plus spécifiquement de cette attaque, je vous suggère plutôt Me and the Cult leader, d’Atsuki Sakahara. 

En ce qui concerne Haruki Murakami, de Underground à 1Q84, il plaira peut-être plus aux gens du milieu de la littérature étant plus habitué à ces documentaires monocordes. 

Haruki Murakami, de Underground à 1Q84 est présenté au Festival International du Film sur l’Art, le 15 mars 2025.

Bande-annonce